mardi 27 octobre 2009

Au pays des arbres violets

Cela faisait une vingtaine de minutes que nous nous étions réveillés, le bus entrait dans la ville. Le ciel était d'un azuréen limpide, le mur blanc s'orangeait a la lumiere du soleil, et nous vimes, comme dans un reve, une rangée de jacarandas en fleurs, d'un violet intense. Nous arrivions a Córdoba.

A peine sortis du bus, un homme brun, barbu et au sourire jovial, demande si nous sommes bien Magali et Jérémie. C'est Cesar, le pere de Mauricio (un ami parisiano-argentin de Magali), venu nous chercher. La maison est ravissante, de plain-pied et animée par les groupes de musique qui s'y succedent. Dans la famille, tous sont musiciens : Cesar et Pablo sont cornistes, Mauricio trmpettiste, Nicolas saxophoniste et Monica chef de choeur. Quoi de mieux pour une mere de famille et ses quatre hommes ?! Seul Rex, le berger allemand indispensable dans le quartier, ne joue d'aucun instrument, ce qui ne l'empeche pas d'aboyer apres les cavaliers du voisinage.
Córdoba est un centre historique de l'Argentine jésuite, et nous visitons, guidés par nos hotes, oscillant entre français et espagnol (d'ailleurs, nous progressons a grands pas), le lycée de Montserrat ou Cesar a étudié et qui n'est mixte que depuis dix ans, l'église de la Compagnie de Jésus, ou nous assistons a un splendide concert de musique baroque, une crypte redécouverte en 1989 (construite pendant les années 1760, elle devait se trouver sous une église jésuite, jamais batie a cause du bannissement de l'Ordre).

A une centaine de kilometres au nord, nous visitons l'hacienda Caroya de Jésus Maria, qui servit de fabrique d'armes blanches pendant la guerre d'indépendance des années 1820, et celle de Santa Catalina, apres encore 15 kilometres de piste. Un jeune homme nous guide et nous explique qu'un Français dit toujours "Ohlala !", un italien "Mama mia !" et il mime un Japonais empilant les objectifs sur son appareil photo. Tres drole ! Dans l'église, Cesar et Monica chantent en duo, puis Cesar jouera un morceau de cor qui sonne encore a nos oreilles : magique !

D'ailleurs, en parlant de magie, j'ai enfin trouvé mon chapeau. A Córdoba, la troisieme boutique était la bonne, je le sentais en entrant. J'explique que mon chapeau doit faire le tour du monde, rejette de beaux panamas aux bords trop étroits et opte finalement pour un chapeau léger et souple. Il me coute 40 pesos, soit 8 euros, et pour le prix, Magali prend une super photo souvenir ! Ah oui, la boutique méritait bien son nom : El Sombero Magico !

Samedi, Nicolas et son amie Consuelo nous ont emmenés visiter la maison d'enfance d'Ernesto "Che" Guevarra, située a Allia Gracia, jolie station en altitude vantée pour son air pur et ou s'installaient de nombreux asmathiques. On a vu la moto du Che, sur laquelle il a traversé l'Amérique du Sud, par le trajet que nous comptons suivre 60 ans apres ! Dans un parc, nous buvons l'incontournable maté, avec une "paille" en métal dans une petite calebasse. Aussi convivial qu'un pétard, le maté tourne jusqu'a ce que chacun ait dit "Gracias" pour signifier qu'il n'en veut plus.

Dimanche, nous allons marcher avec Cesar et Valeria, l'amie de Mauricio, aux Terrones, un canyon somptueux ou nous voyons des "condors" (pas les géants des Andes, plutot des sortes de vautours) et le "Dedo de Dios", doigt de Dieu pointé vers le ciel. Une jolie marche, malgré l'interdiction d'y aller en sandales, qui m'a contraint a louer des baskets lisses comme une peau de poisson pour remplacer mes Quecha neuves !

Nous partons demain pour une de nos rares virées vers l'est, vers les chutes d'Iguazu. La famille Ahumada nous manque déja...
Merci mille fois !

jeudi 22 octobre 2009

C'est le printemps !


Vue d'avion, Buenos Aires est compacte, rectiligne, impressionnante. Au sol, elle donne la meme impression, le fourmillement en plus. Pour nous mettre directement dans le bain, nous avons pris un bus de ville depuis l'aéroport : les taxis, c'est pour les touristes ! ;-)


Presque deux heures plus tard, nous sonnions chez Agustina, une jeune sociologue qui nous a loué sa chambre dans un bel appartement orienté plein nord, soit l'équivalent de notre plein sud (Jérémie vous expliquerait mieux que moi le pourquoi du comment). D'ailleurs, du nord marseillais au sud argentin, les couleurs ne changent pas : ciel et blanc, toujours, sur les maillots d'irréductibles footeux !

Il y a eu le musée d'histoire nationale, avec la reconstitution improbable de l'appartement d'un homme politique argentin du XVIIIe siecle a Boulogne-sur-Mer.
Il y a eu la visite de la frégate Sarmiento, un fameux trois-mats de 85 metres de long et plus de cent ans d'age. Lui a déja fait plusieurs fois le tour du monde !

Il y a eu le premier coup de soleil pendant la longue balade dans la réserve ornithologique Costanera Sur, au bord de l'immense delta du Rio de la Plata. Nous avons vu un caracara, des perruches, des colibris, un cochon d'Inde sauvage, des papillons monarques, et tout plein de fleurs.

Il y a eu la Boca, avec son légendaire stade de foot, ses rues ultra touristiques a la Montmartre, son joli musée d'art et une dame qui nous a fait monter quasi de force dans un bus parce qu'elle craignait pour notre sécurité.

Il y a eu le Tren de la Costa, qui nous a emmenés nous amuser au Tigre, le Parc Astérix local (eh oui, c'est du sérieux, de faire le tour du monde !)



Il y a eu les visites de librairies avec Heber, éditeur argentin, pour mon projet sur les livres. Et notamment la découverte éblouie de l'Ateneo, une librairie installée dans un ancien théatre style Comédie Française (cf. bientot sur mon blog pro).

Il y a eu le jardin japonais, un des plus grands du monde hors du Japon, ou nous avons observé une aigrette garzette, un cormoran et les incontournables carpes orange, blanches et noires.


Il y a eu le MALBA, musée d'art contemporain qui nous a fait découvrir des artistes sud-américains dont, surtout, Berni et Matta. Le premier a peint une "Manifestacion" poignante de douleur et d'humanité, avec un seul slogan : "Pan y trabajo". Le second, une oeuvre abstraite évoquant le feu et la fumée : "The Disasters of Mysticism".

Il y a eu des graphes urbains, dont un incroyable Bon Dieu barbu lisant le "Paradize Herald".

Il y a eu le cimetiere de la Recoleta, véritable ville dans la ville, avec ses rues, ses ronds-points et ses badauds. Nous avons vu de loin le caveau d'Eva Peron.



Il y a eu la galerie marchande Pacifico, qui n'a rien a envier aux chics passages couverts parisiens, surtout qu'elle a un plafond peint de toute beauté.
Il y a eu la roseraie, un lieu magique découvert par hasard apres un pique-nique. Des dizaines de sortes de roses toutes plus exhubérantes les unes que les autres, avec des parfums délicats, délicieux. Nous nous y sommes promenés un jour idéal, le printemps faisant exploser de fleurs tous les buissons du jardin.

Buenos Aires a des ruelles tranquilles et des avenues de treize voies a sens unique. On y voit des chats errants et des meutes de chiens affamés, mais aussi des doggy-sitters avec vingt laisses (une par chien). On y mange des pieces de boeuf anthologiques, des empanadas a la viande ou aux épinards, et des fraises de saison plutot bonnes.
Le tango, c'est seulement dans les zones touristiques, mais j'aime bien quand meme. Il y a meme une passerelle ultra moderne censée représenter un couple dansant le tango : on vous laisse juger par vous-memes !



Avec ses 10 millions d'habitants et sa circulation ininterrompue, son bruit et sa pollution, Buenos Aires est une ville fatigante. Mais que de belles découvertes déja !

Hier soir, nous avons dit au revoir a Agustina, ainsi qu'a Angela, la Chypriote qui logeait avec nous, au revoir a Buenos Aires, et nous avons pris le bus pour Cordoba, a quelque 700 km de la capitale. Trajet de 22h a 8h, pour retrouver ce matin la famille de mon ami trompettiste Mauricio, que je salue affectueusement ici !

Bref, tout va pour le mieux. Les roles sont bien répartis : Jérémie capitaine avec sa boussole intégrée, moi scribe avec un stylo a la place de la main droite. Le voyage s'annonce bien !

On pense bien a vous, et on vous envoie un grand merci pour les commentaires que vous nous laissez sur ce blog : ils nous vont droit au coeur !

dimanche 18 octobre 2009

Avanti !

5h30, le reveil. A peine le temps d'emerger et deja l'enthousiasme. Douche, petit dejeuner, boucler le sac et monter dans la voiture en route vers de nouvelles... z'aventures ! Joel, le papa de Magali, nous pose a la gare Saint-Charles. La navette, l'enregistrement et nous voila sur le tarmac de Marignane, a monter a bord d'un petit avion a helices pour Rome (petite pensee a Milie dans sa verte vallee).

La montagne Sainte-Victoire est aussi belle vue du ciel et puis voila la mer Mediterranee sur laquelle flotte un porte-avion qui nous parait minuscule. On apercoit le nord de la Corse et meme l'ile d'Elbe perdue dans les eaux et c'est deja la cote italienne et la descente dans les nuages.




Pour patienter dix heures a l'aeroport, mieux vaut d'abord se remplir la panse avec le pique-nique prepare au marche de Bouc Bel Air (oh mon dieu, 14 mois sans fromage de chevre !!!) Puis visite complete des trois terminaux. Boutiques de vetements de luxe, librairies, restaurants, parfumeries, on retrouve les grands classiques, et puis, forza Italia, il y a aussi une epicerie fine, des gantiers, des collections de liqueur de citron, un glacier ou nous nous regalons (premiere glace a l'italienne pour Magali qui choisit creme catalane, mon chocolat poivre noir est succulent !) Il y a aussi la boutique Ferrari officielle ou l'on peut acheter un authentique piston pour 590 euros.

La grisaille se leve en fin d'apres-midi, nous livrant son arc-en-ciel et un somptueux coucher de soleil devant lequel nous pratiquons le Tai Chi.

A peine si l'on se rend compte que notre avion a une heure de retard. Envol de nuit, pour vite survoler la mer puis la Sardaigne, dernieres lumieres d'Europe qui se perdent a l'horizon derriere nous. Nous nous endormirons au dessus de l'Algerie et nous reveillerons a la cote bresilienne !

La suite bientot... en Argentine !

dimanche 11 octobre 2009

Au revoir et à bientôt !

Le premier à qui j’ai dit au revoir, c’était Thomas. Il était 3h du matin, près du chalet de ma moman, au fin fond de l’Ardèche. Tom est un bâtisseur dans l’âme, parti au Canada il y a maintenant un mois.

Ensuite, ce fut Ben, dont la maladresse naturel n’a d’égal que l’enthousiasme sans cesse renouvelé, passionné de tout, surtout de dessin et don Diego Maradona. Nous nous quittâmes place de la Bastille à Paris, moi dans le métro lui dehors, après avoir bu un jus de tomate en terrasse d’un troquet. Je partais pour Kyoto, splendide séjour mathematico-touristico-culinaire.

Retour en France, grande fête d’anniversaire des 25 ans de Magali où je rencontre par ordre d’apparition – et oui, comme au cinéma : Lucie, Laure, Emilie, Héloïse, Paul et Caro. Lise, Circé, Lorenz, Niki et Katja (encore en ordre, mais les deux ordres s’emmêlent, et toi ami matheux, sauras-tu me dire combien d’ordres possibles ?), je les connais déjà. Grande fête, comme un bonjour, comme un au revoir, nous ne les reverrons plus avant d’avoir vécu un jour de moins qu’eux !

Ensuite, je suis monté à Paris, pour les maths encore, repasser dans le grand immeuble de Chevaleret où vivent tant de matheux, où les gens parlent de représentations C* algébriques en déjeunant et d’où la bibliothèque domine tout Paris. L’au revoir à Andrzej, mon directeur de thèse, sonne comme un "à demain" qui chauffe mon coeur de mathématicien.

A Paris, au revoir à beaucoup d’amis. A Bouly, le roi des singes, dans son sous-sol RER Les Ardoines qui donne sur un cube à ciel ouvert de 2m de côté, à Valentin, entre un boulot, un stage et la fac à moins que ce ne soit l’inverse, mais toujours derrière son écran à programmer ses jeux, à Ruchi, demi princesse indienne avec qui je déjeune vietnamien, à mon grand-oncle René, notaire éternel (au moins depuis trois siècles), à ma grande-tante Janine, et à son canard aux figues, à Jean-François bien sûr, frère de mathématiques, qui reste fidèle à sa longue chevelure et dont la petite Margot me montre ses premiers pas.

A Jennifer enfin, ma soeur jumelle, fille de Christine, ma deuxième maman, photographe en forêt de trolls, nains et autres indiens légendaires !!! Jennifer donc, au pied de la petite église magnifique derrière le Panthéon, que je laisse entre les bonnes mains de Seb...

Paris, sorte de lac où viennent se jeter tant de ruisseaux. Je n’ai même pas vu Delphine, petite peintre et violoniste en herbe, avec qui il fut si doux de traverser Paris par un récent soir de juin, ni Stanislas Victor Arthur Roquette Alaflotteetfissa, acteur émérite et footballeur à ses heures...

C’est à Lyon que je retrouve mon Chris, derrière sa console, avec son job à en faire rêver plus d’un : critique de jeux vidéos !!! La vue sur le Vieux Lyon et la cervelle de canuts obligée nous mènent à Jérémie et Stéphanie, juste cools, relax, et qui nous font découvrir LE livre : "La Horde du Contrevent" de Damasio, que vous aimerez peut être autant que nous. A Lyon que nous quittons Pierre et Annie, tante et marraine, cascade de douceur après l’accueil de Ciboulette, joyeuse chienne !

De Lyon en Savoie, avec ma moman, pour voir sa moman, ma grand-mère, qui nous pousse la chansonnette : "Quand on est deux, la vie est plus morose !!!" On rigole beaucoup, et si la fleur en bouquet sur sa table de nuit est l’amarante, ce n’est pas par hasard.

Il y a aussi Pascale, sa voix fluette et son enthousiasme, dans son agence de voyage annecienne, et André, récompensé du prix du meilleur repas de l’été grâce à son divin filet de sabre aux baies roses sur son lit de mangues et d’avocats.

Sur le retour, soirée chez Murièle, la générosité faite femme, où nous découvrons Guitar Hero et la danse du ventre !!! Toujours dans la drome, nous trouvons Aurélien, musicien poète éclairagiste régisseur technicien... bref l’homme à vous organiser un concert avec un simple couteau suisse, avec son inénarrable Sokan dans les pattes. Bises au chapeau, à Jean-Pierre et Viviane et au jardin kachinas. Enfin, il est écrit que l’on ne passe pas dans la Drôme sans faire un barbecue chez Josse, la mère de Benoît, prof d’anglais épanouie, sous son parapluie british et son chapeau introuvable de notre côté de la Manche.

Au revoir à la famille, Sylviane, Sarah, Cecil, Kevin... A mon frère Matthieu, j’ai eu un pincement au coeur. Vogue frangin, sous ton chapeau noir ! Au revoir à mon père, en catastrophe pour une urgence au boulot. Au revoir à ma mère, sur le quai de la gare où nous trouvons Laffay, un pote à Matthieu, Ardéchois typique sous ses dreads locks ! Au revoir aussi à Bonne-maman, dans son petit village provençal. Et pour ce soir, au revoir à la famille de Ma petite Gali : Joël, Cathy, Quentin, Loïc.

Au revoir les amis, et à bientôt. On fait le tour du monde, donc on revient !