mercredi 23 décembre 2009

Patraque, pas trek !

Et dire que nous croyions nos malheurs terminés ! Tout d'abord, le trajet en bus : confortable certes, mais sur une route qui tourne affreusement, avec un chauffeur qui va vite dans les virages, tourne brusquement et ressort lentement, le meilleur moyen de donner envie de vomir, parole d'Ardéchois ! Pire, il y a la vidéo : District 9, qui met en scène, sur un mode pseudo documentaire, un groupe d'extraterrestres aux trognes affreuses, échoués en Afrique du Sud où ils sont parqués dans des camps, avant de combattre les humains. Un cauchemar tel que je ne connais pas de torture suffisante au cas où je rencontrerais le réalisateur. Mais les pire moment ont une fin et nous arrivons à Ramal, d'où nous prenons un taxi pour Cachora, point de départ du trek. Encore bien arnaqués : même si nous avons discuté le prix, nous payons 25 soles au lieu des 10 plus normaux.

Notre trek commence enfin, à 10h du matin, par une longue marche à flanc de montagne pour s'éloigner du village. Nous pique-niquons au kilomètre 10, où de jolies petites mouches appelées "granitas" nous dévorent les mollets (oui, les mêmes que nous avions rencontrées à Iguazu). Nous avions été prévenus pour le froid et la pluie, pas pour la chaleur et les moustiques ! Puis nous redescendons 1400 mètres de dénivelé pour rejoindre le rio Apurimac, un torrent impétueux qui a creusé l'immense canyon que nous devons traverser. Nous commençons à remonter les 1500 mètres de dénivelé vers le site archeologique et plantons la tente sur le chemin à la tombée de la nuit. Pique-nique à la lueur magique des fire-flies, des mouches qui brillent dans la nuit, mais je n'ai pas beaucoup d'appétit et j'ai mal au ventre.

C'est là que j'ai compris qu'en tant que Professeur Tournesol (étymologiquement, mon nom signifie "vrille au sol", c'est-à-dire tournesol), les Andes péruviennes me sont un lieu maudit, bien qu'"un peu plus à l'ouest". En effet, la diarrhée m'a pris dans la nuit. Plusieurs fois, je me vide en pleine nature. Au petit matin, je suis exténué et nous manquons déjà d'eau. Magali descend acheter des bananes et à boire à une boutique près du rio (oui oui, on nous avait dit à Cusco qu'il n'y avait rien à acheter en chemin !). En chemin, une mygale plus grande que sa main manque de la faire mourir de peur, mais elle arrive à bon port et la grand-mère qui la sert lui donne aussi du sel et du sucre à diluer dans l'eau, pour que je me réhydrate.

A son retour, nous croisons Roberto, un guide péruvio-québécois avec son groupe, qui me donne des sels réhydratants et nous dit que, 2 km plus haut, il y a un camping confortable où je pourrai me faire cuisiner du riz. La montée est un calvaire ; il faut dire que l'on s'élève de 400 mètres sur 2 km , deux heures ponctuees de nombreuses poses (où je me vide d'un liquide visqueux, nousseux et jaunâtre, voilà voilà, c'est dit, je n'y reviendrai pas, et je ferme cette parenthèse scatologique).

Arrivés, je m'allonge et me repose en compagnie d'un chat noir qui m'a adopté, pendant que Magali plante la tente et fait une petite lessive. Dans l'après-midi arrive un groupe d'archéologues de Cusco, six jeunes femmes et un seul homme. Ils sont assez peu affables. En revanche, leurs arrieros (les types qui s'occupent des mules portant le matériel) sont sympathiques et offrent à Magali les restes du repas chaud des archéologues. Quant à moi, je mange du riz blanc que Magali m'a fait cuisiner plus haut, à Santa Rosa Alta. Nous espérons repartir le lendemain, une fois que je serai guéri, mais malheureusement, je ne me sens pas mieux. Nous montons un kilomètre plus haut, et avons la chance d'apercevoir à flanc de montagne une ourse et son ourson qui dépiautent par gourmandise un aloé véra. Nouveau campement, tenu par Julia, une Péruvienne qui tricote debout devant sa vallée, elle pourrait être notre mère. J'apprécie d'avoir de vraies toilettes, et plus un simple trou dans la terre. Nous décidons de changer nos plans : plus question de six jours de trek, seulement monter a Choquequirao, 4h de marche plus haut, sans nos sacs, que nous ferons porter par une mule au retour. Reveilles tot le lendemain, je ne suis toujours pas en etat. Nous abandonnons et decidons de retourner a Cahora, nos sacs portes par une mule. Petite consolation, Julia nous a cuisine un cuy avec des tiges de yucca. Voici la photo, a vous de deviner ce dont il s'agit, sachant que le nom evoque le cri de l'animal et que meme un cuy cuit n'est pas un oiseau !

Deux demi journee de marche bien difficile, ponctuees de poses toutes les heures pour mes intestins malheureux, puis le long trajet du retour en bus nous ramenent a Cusco, que nous retrouvons sans plaisir apres 4 jours de maladie. Je passerai encore trois jours au lit, le temps de me soigner, pendant lesquels Magali a remis a jour le carnet de voyage et fait progresser les deux blogs. Vu le prix (100 euros par personne pour le trajet et l'entree, sans le logement), nous decidons de ne pas aller au Machu Pichu. Il parait que c'est magnifique, mais avec une vilaine impression d'etre a Disneyland tant il y a du monde, et nous decidons de ne pas sacrifier les prochaines etapes du voyage au profit d'un site bien trop cher (par comparaison, notre sejour au Perou nous coutera environ 1000 euros a deux, incluant les deux grands paquets de Noel pour nos familles !).

Nous partons donc pour Nazca, encore plus a l'Ouest. Un trajet de bus infini, sense terminer a minuit. A l'arrivee, Magali demande pourquoi nous arrivons si tard et le chauffeur dit qu'il est une heure, retard acceptable. Notre montre indique 1h58 !!!En guise de conclusion, vous avez du realiser que nous n'avons pas aime Cusco. Les comportements humains y sont trop souvent choquants, et nous n'avons rencontre personne de sympathique en 12 jours (Julia etait gentille et souriante, mais elle souriait a notre portefeuille). Bien sur, les sommes folles generees par le tourisme explique cette ambiance desagreable, mais a Iguazu (Argentine) par exemple, ou a Uyuni (Bolivie), nous n'avions rien vu d'une telle ampleur.

Une anecdote pour finir, n'impliquant aucun touriste. Peu avant minuit dans le bus pour Nazca, un enfant de 5 ans qui a deja vomi trois fois demande un sac plastique a l'assistant du chauffeur...qui lui claque la porte au nez (le gosse aurait ete 5cm plus avance, il aurait eu le nez casse !) La mere ne bronche pas et laisse son petit aller mendier des sacs au fond du bus. Pour ma part, j'ai vraiment l'impression d'avoir rencontre un peuple culturellement plouc !!! Et je me demande encore si les habitants de Cusco s'appellent les cuscons, ou les cusconnards !

Les mensonges de Cusco

De retour à Copacabana, apràs notre excursion sur l'île du Soleil, à peine le temps de manger une truite que nous prenons le bus pour Puno, au Pérou. Un changement de pays en douceur, le long du lac Titicaca. Le Pérou est plus riche que la Bolivie ; le centre de Puno est beau, aménage de rues piétonnes et il y a même un... supermarché ! (Nous n'en avions pas vu depuis Salta en Argentine !) A peine une nuit et nous repartons, direction Cusco. Nous avons bien profité du lac, autant prendre quelques jours de plus dans la ville aux mille promesses : Cusco, porte du Machu Picchu, vantée par tant de routards croisés en route. Huit heures de trajet un peu longues, dans un bus étouffant, malgré l'avantage de notre "panoramico", devant à l'étage du bus.

A l'arrivée, un groupe de rabatteurs s'abat sur nous, tel une grêle d'août en Lozère. L'un d'eux nous propose un hotel à 25 soles la nuit (6 euros), avec petit déjeuner, télé cablée et salle de bain privée. Nous y allons. A la sortie de la gare routière, un autre rabatteur nous alpague et propose une affaire moins intéressante. Nous lui présentons l'offre que nous avons reçue et il dit que ce n'est pas possible, l'autre rabatteur a menti. C'est l'occasion d'observer le théorème suivant : si quelqu'un dit que quelqu'un ment, alors en effet, quelqu'un ment, duquel on déduit qu'il y a au moins un menteur a Cusco ! En l'occurence, c'était le nouveau rabatteur, et nous avons eu notre bonne chambre pour 25 soles.

Le lendemain, comme à notre habitude, nous allons à l'office du tourisme prendre des informations. Nous souhaitons faire un trek de Cachora jusqu'à Choquequirao (surnommé "le deuxième Machu Picchu") puis au Machu Picchu. Une semaine de marche en perspective. L'employé de l'office du tourisme nous dit que le dernier tronçon du trek est impraticable en cette saison, qu'on risque d'avoir de la boue à mi-cuisse. Il nous conseille un autre trek. Nous découvrirons plus tard que le dernier tronçon, soi-disant impraticable, est commun aux deux treks !

Après l'achat d'une carte détaillée et plusieurs discussions avec des représentants d'agences et d'autres informations touristiques, nous réalisons que le trek que nous voulons faire est bel et bien praticable, même s'il nous faut six jours d'autonomie alimentaire, et que nos pastilles Micropur devront laver l'eau des ruisseaux.

Pour changer un peu d'air, nous décidons d'aller au musée d'art folklorique de Cusco. Là, nous découvrons une autre belle arnaque de la ville : il est impossible de visiter le musée sans acheter un passe de la ville qui coûte 35 euros par personne. Sachant qu'un repas complet coûte 70 centimes d'euros, c'est un peu comme si, pour voir une exposition au musée Pompidou, il fallait prendre un passe à 350 euros permettant de visiter tous les musées de Paris. Comme nous n'avions l'intention de visiter que deux sites couverts par le passe, nous laissons tomber, déçus et frustrés de ce système de vente forcée.

Apres une bonne nuit de sommeil, et avant de commencer les courses pour notre trek, nous déjeunons à l'hôtel. Contrairement à la veille, il n'y a pas de jus d'orange, et nous n'avons que trois petits pains pour deux, contre quatre la veille. Nous demandons un pain de plus et la serveuse nous dit qu'il n'y en a plus. Deux minutes après, sa copine la réceptionniste passe, et elle reçoit un petit pain ! Encore un mensonge ridicule...

Ensuite, beaucoup de préparatifs pour le trek : six grands et bons pains anisés qui se conservent une semaine (là, pas de mensonge !), trois grands paquets de pain de mie, trois grands fromages secs en forme de brique, trois boîtes de thon, trois avocats pour les premiers repas, plein de noix, amandes, fruits secs, des barres de céréales en abondance, un grand panettone pour les petits déjeuners... Bref, de quoi manger pendant six jours, à deux !

Dernier achat, notre billet de bus pour Cachora, que nous achetons à la gare routière. Le vendeur dit qu'il y a deux possibilités : soit un bus à 25 soles, soit un minibus à 15 soles. Nous optons pour le minibus, et bien sûr pour 15 soles seulement, nous avons un grand bus confortable ! Encore un beau mensonge de Cusco, et d'ailleurs nous savons depuis que le billet valait seulement 10 soles.

Enfin, le lendemain, à 6h, nous partons pour notre trek, hors de cette ville que, décidément, nous n'aimons pas, malgré son indéniable beauté architecturale.

mardi 22 décembre 2009

Budget bolivien

Revoila la rubrique budgetaire, pour la Bolivie cette fois. Toujours les sous depenses par nous deux, toujous sans guide, c'est-a-dire seulement en se renseignant quand on arrive a destination.

- Hotel Plaza a Villazon (chambre privee, salle de bain partagee) : 70 bolivianos par nuit.

- Train de Villazon a Uyuni (en classe popular, la troisieme classe peu confortable mais tres ¨roots¨) : 2 x 36 bolivianos.

- Hotel Sajama a Uyuni (chambre privee, salle de bain partagee) : 60 bolivianos par nuit.

- Tour de 4 jours en Jeep autour du Salar de Uyuni (compagnie de l'hotel Sajama) : 2 x 780 bolivianos (ajouter 2 x 15 et 2 x 30 pour visiter certains sites, et compter des depenses supplementaires de boisson et les toilettes payantes, jusqu'a 3 bolivianos s'il y a des touristes ages qui ont l'air d'avoir des sous et de pas pisser dehors !)

- Hotel Avenida a Uyuni (chambre privee, salle de bain partagee, plus sympa que le Sajama) : 60 bolivianos par nuit.

- Bus de Uyuni a Potosi (peu confortable) : 2 x 30 bolivianos.

- Hotel Sumaj a Potosi (chambre privee, salle de bain partagee) : 60 bolivianos par nuit.

- Tour de Cerro Rico, la mine de Potosi (compagnie Claudia Tour) : 2 x 60 bolivianos.

- Bus Potosi-La Paz (compagnie Transporte de Sucre) : 2 x 50 bolivianos. Ce bus etait un ¨cama¨sense etre confortable, mais seulement pour les taille de boliviens (1m60 grand max !) et en plus il est tombe en panne !

- Bus de Ventilla (l'endroit ou on est tombe en panne !) a Oruro : 2 x 20 bolivianos.

- Bus de Oruro a La Paz : 2 x 15 bolivianos.

- Hotel Topaz a La Paz (chambre privee, salle de bain privee) : 70 bolivianos par nuit.

- Minibus de La Paz a Tiwanaku : 2 x 10 bolivianos a l'aller (prix touriste) et 2 x 5.50 bolivianos au retour (prix autochtone)

.- Visite du site de Tiwanaku : 2 x 80 bolivianos.- Minibus de La Paz a Ventilla (depart du trek pour Takesi) : 2 x 8 bolivianos.

- Nuit dans une grange a Takesi (sur la paille et sous un toit de taule) : 20 bolivianos par nuit.

- Hotel a Yanacachi, a l'arrivee du trek de Takesi (chambre privee, salle de bain privee) : 100 bolivianos par nuit.

- Bus de Yanacachi a La Paz (peu confortable sur une piste vertigineuse a flanc de montagne) : 2 x 16 bolivianos.

- Les minibus pour circuler au coeur de La Paz coutent entre 1 et 2.50 bolivianos par trajet et par personne suivant la distance parcourue.

- Bus de La Paz a Copacabana (peu confortable car il pue l'essence) : 2 x 15 bolivianos.

- Hotel Plaza a Copacabana (chambre privee, salle de bain privee, mais le tout tres sale) : 40 bolivianos par nuit.

- On nous a conseille plusieurs fois l'Hotel Wendy Mar a Copacabana, beaucoup plus classe avec vue sur le lac Titicaca, pour 70 a 80 bolivianos par nuit.

- Bateau pour aller a l'Isla del Sol depuis Copacabana : 2 x 10 bolivianos a l'aller et 2 x 20 bolivianosau retour.

- Camping sauvage gratuit sur l'Isla del Sol, par contre il faut compter 2 x 25 bolivianos pour circuler sur l'ile, preleves au titre d'acces (libre de fait) aux sites archeologiques.

- Bus de Copacabana a Puno au Perou : 2 x 25 bolivianos.

- Taux de change lors de notre sejour (novembre decembre 2009) : 1 euro = 10.30 bolivianos.

- Depenses totals en Bolivie pour nous deux en 25 jours : 7100 bolivianos = 710 euros.

dimanche 20 décembre 2009

Les charades à tiroirs de la Bolivie

Voila donc ce que vous attendiez tous avec impatience : les charades a tiroir d'un nouveau pays ! On a poste les reponses aux charades d'Argentine en commentaires. On vous remet un bel exemple (toujours copyright Jean-Claude Reynaud) avec la solution en bas de texte.


Charade exemple :


Mon premier fait l'amour.
Mon deuxieme a ce qu'il faut pour faire l'amour.
Mon troisieme est pret a faire l'amour.

Mon tout est un os du dos.


Charade 1 :

Mon premier a vu la belle (attention, tiroir double, c'est moins commode !).
Mon deuxieme ne m'aime pas.
Mon troisieme se marre.

Mon tout est une ville bolivienne a la frontiere argentine (attention, prononcer comme un argentin, en particulier "lla" s'entend "cha").



Charade 2 :

Mon premier n'est pas content.
Mon deuxieme fait parfois des ravages.
Mon troisieme raye ce qui est ecrit.

Le salar de mon tout est le plus grand du monde.


Charade 3 :

Mon premier salit.
Mon deuxieme ne te hait pas.
Mon troisieme decoupe la femme de l'empereur.

Mon tout a longtemps ete la plus grande ville d'Ameriaue du Sud du fait de ses mines d'argent.


Charade 4 :

Mon premier ne vend pas d'aujourd'hui.
Mon deuxieme n'est pas d'accord quand il est couche.

Mon tout est la capitale de Bolivie.


Charade 5 :

Mon premier raconte.
Mon deuxieme ne rate pas la cible.
Mon troisieme est un sein.
Mon quatrieme est plonge dans "Le Tour du Monde en 80 jours".
Mon cinquieme raconte.

Mon tout est une ville de Bolivie qui porte le nom d'une plage bresilienne.



Solution de la charade exemple :

Mon premier fait l'amour, c'est "o", parce que "obese".
Mon deuxieme a ce qu'il faut pour faire l'amour, c'est "mo", parce que "Mohabit".
Mon troisieme est pret a faire l'amour, c'est "plate", parce que "plate-bande".

Mon tout, "omoplate" est un os du dos.

samedi 19 décembre 2009

Sur l'île du Soleil

Une fois arrivés à Copacabana, au bord du lac Titicaca, nous avons été frappés par la richesse de la ville, tout entière tournée vers le tourisme. Mais à vrai dire, manger une truite frite (ah, du poisson !) sous le parasol d'une terrasse, ça changeait fort agréablement de Takesi !

A 13h30, nous avons grimpé sur le bateau qui nous emmènerait à l'Isla del Sol, la bien-nommée île du Soleil. Super trajet pendant lequel on a chauffé au soleil comme des lézards bienheureux. L'arrivée a été rafraîchie par un vent insistant, mais le bon air faisant un bien fou. On se serait crus au bord de la mer, avec ces mouettes et ce vent ! Difficile de réaliser que c'est un lac, car on n'en voit pas le bout. Pour vous donner une idée, il fait une superficie de 8500 km2, soit grosso modo autant que la Corse ! Avec ça, rien que de l'eau douce et une altitude de 3800 mètres au-dessus du niveau de la mer. C'est dire si l'endroit est extraordinaire...



La marche pour nous éloigner du port a été un peu rude car bien raide, mais une fois sur le chemin menant vers le nord de l'île, quel bonheur ! Nous étions seuls sur un beau sentier de crête d'où l'on voyait le bleu du lac à droite ou à gauche selon les moments, et les drôles d'îles et presqu'îles, souvent barrées jusqu'au sommet de vieilles terrasses construites à l'époque de l'empire tiwanaku, qui a longuement précédé l'empire inca. Nous n'avons croisé quasi personne jusqu'au coucher du soleil, hormis les percepteurs des péages, trois gamins un peu pirates qui nous ont réclamé des bonbons, quelques randonneurs et trois hippies méditant en face du coucher du soleil, il est vrai magnifique. Nous avons planté la tente à l'abri d'un grand rocher, puis pique-niqué dans un vent froid mais une lumière chaude. Le vent est tombé avec la nuit, et nous avons bien dormi.

Le lendemain, dimanche 6 décembre, grand jour pour la Bolivie, appelée aux urnes pour réélire franchement Evo Morales à la présidence : 67 % pour lui ! Il a même obtenu la majorité des deux tiers dont il avait besoin pour modifier la Constitution. Nous, sur notre île loin de tout, nous nous sentions seuls au monde. Grand soleil et légère brise pour commencer la journée. Une fois la tente repliée, nous avons monté une colline dominant le lac pour faire du tai-chi et petit-déjeuner. Une mini tornade a emporté un instant la polair de Jérémie, à trois ou quatre mètres au-dessus de nous : rouge vif sur ciel bleu, instant magique. Puis, nous nous sommes amusés comme des petits fous en se poursuivant dans le beau labyrinthe en ruines près duquel nous avions campé. On a bien ri ! Et puis on est descendus au lac pour se baigner. Malgré le soleil, l'eau était très froide ; mais au bout d'un moment, le corps s'acclimate et ça revigore du tonnerre ! En revanche, l'eau douce et l'altitude rendent les efforts démesurés, et je n'ai pas nagé autant que j'aurais voulu.

En remontant, nous avons pris le chemin du sud, toujours autant émerveillés par la couleur de l'eau et la blancheur des neiges sur les montagnes, au loin. En ce dimanche d'élections, il n'a pas été facile de trouver un restaurant, mais nous avons finalement pu manger une soupe de quinoa et de la truite, servies par une drôle de jeune fille en jogging coiffée d'un chapeau à rubans. Quand nous nous sommes remis en marche, nous avons cheminé un moment avec un couple de jeunes Australiens qui demandaient leur chemin à chaque personne qu'ils croisaient. Ils ont fini par nous semer. J'ai eu un coup de pompe et je suis restée avec les sacs pendant que Captain Jérémie allait chercher de quoi compléter le pique-nique du soir. Quand j'ai vu une petite fille sortir du terrain de foot, je l'ai taquinée en lui demandant si elle pratiquait ce sport. Elle a souri timidement et est restée un moment à discuter avec moi. Elle s'appelait Aurora, et c'était le jour de ses 12 ans. Quand Jérémie est revenu, nous lui avons donné des bonbons pour son anniversaire, puis avons remis nos sacs sur le dos. Nous avons encore bien marché, jusqu'à arriver à une plage où nous avons planté la tente.

Au réveil, le lendemain, nous nous sommes jetés à l'eau, toujours aussi froide, pour nous débarbouiller malgré les algues. Peu après, pendant que nous déjeunions, un homme emmitouflé est venu libérer trois cochons enfermés dans une cabane de pierres, et s'occuper de ses barques. Il a fallu bien marcher avant de retrouver l'embarcadère de retour vers Copacabana.

Cette fois, sur le bateau, nous avons eu presque trop chaud. Nous avons quitté la ville après le déjeuner, direction le Pérou !



Pas de taxi à Takesi !

Sacs bien chargés sur le dos (15 kg pour moi, 20 pour Jérémie), nous avons quitté l'hôtel vers 6h45. La Paz était déjà bien animée, avec les écoliers en uniforme, les vendeurs de fruits et légumes s'installant sur les trottoirs, les cireurs de chaussures cagoulés. Nous avons pris un minibus qui a fait un très beau trajet dans les montagnes arides, avec quelques pauses forcées pour permettre aux bulldozers de terrasser la route avant notre passage. Arrivés au hameau de Ventilla, nous arnachons nos sacs et partons d'un bon pas sur le chemin qui rejoint le début du Takesi Treck, une randonnée de deux jours sur un chemin précolombien. Nous croisons parfois des gens, seuls avec des bêtes, ou en petits groupes. Dans les collines, marquées par d'anciens champs et des terrasses abandonnées, des ânes, des lamas, des moutons. La végétation est rase, on sent que le climat et les vents ne sont guère cléments par ici. Un torrent se fraye avec force son lit de pierraille. Et, autour, des montagnes hautes, sèches, coiffées de nuages aux configurations sans cesse mouvantes. La pause déjeuner, à l'entrée du chemin inca, est plus que bienvenue : nous sommes crevés par la montée et les sacs, et un vent froid titille nos nuques couvertes de sueur.

Le chemin grimpe raide ensuite, et il faut lever haut les pieds pour se hisser, pierre après pierre, sur la montagne d'où nous dominons peu à peu toute la vallée. Le souffle nous manque et nous devons nous arrêter toutes les trente minutes pour rassembler les forces nécessaires pour la suite. Plus haut, sur la montagne, on entend un étrange bruit de moteur, qui vient probablement de la mine San Francisco, toujours en activité. La dernière pause se prolonge et nous sommes rejoints par un jeune homme de notre âge. Il est en sandales et avance à un bon rythme, petit sac sur le dos et radio sous le bras. Sans faire de manières, il s'assoit avec nous et se présente. C'est Max, il habite à Takesi, le village que nous voulons atteindre pour l'étape du soir, mais s'est rendu dans la vallée voisine pour essayer de récupérer un taureau évadé, sans succès ; il devra revenir avec son frère. Nous lui montrons le prospectus qui nous sert de carte/guide pour la randonnée, et il s'étonne de reconnaître sa maison sur la photo principale. Il a l'air enchanté ! Il nous raconte que, pour se ravitailler, les gens de son village vont à cheval tous les deux ou trois mois au village voisin. Hormis sa radio, sur laquelle il écoute les informations et le foot, il semble ainsi complètement coupé du monde. Nous montons tous les trois jusqu'à la croix qui marque le point culminant du chemin. La vallée de Takesi est pour l'instant masquée par les nuages, mais ça se dégage un peu quand nous entamons la descente, après avoir laissé Max s'éloigner pour s'occuper de ses huit autres bêtes, dociles celles-là.


Nous passons par de très beaux endroits, surplombons plusieurs lacs. Le chemin inca est impressionnant, pavé à la perfection et barré par endroits de rigoles en pierres, qui évitent que le chemin ne s'inonde en cas de pluie. Plus nous descendons et plus le jour baisse, avec un brouillard de plus en plus épais qui nous mouille presque comme un crachin breton quand nous atteignons Takesi. Un panneau nous apprend que le nom du village signifie, en aymara, "lieu où les gens souffrent"... L'arrivée fige un peu le sourire qu'a fait naître cette explication : le village se réduit à quelques huttes en pierres brutes couvertes de chaume. Un ruisseau traverse le village de part en part et, pour le reste du terrain, c'est de l'herbe couverte de crottes de lamas et de moutons, voire de boue piétinée par lesdites bêtes. Le camping s'avère être un terrain plus ou moins abandonné, entourant une maisonnette à fenêtres (oui, avec de vraies vitres !), mais à la porte cassée. Une plaque indique que le refuge a été mis en place en 1998 par une association d'alpinistes allemands de Tübingen !!! Une femme, qui s'avère être la tante de Max, nous aborde pour nous dire qu'il va pleuvoir et que nous devrions dormir à l'abri. Elle nous emmène dans la baraque en pierres et tôle où elle nous propose de passer la nuit. On se regarde, indécis : l'endroit se résume à un mur avec des jours, un toit troué et de la paille au sol. La porte est en mauvaise ferraille et ferme à peine. Inutile de préciser qu'il n'y a ni eau ni électricité, comme ailleurs dans le village. On finit par se décider, et quand on installe les duvets à même la paille, la pluie se met effectivement à tambouriner sur la tôle. La nuit est presque noire et nous mangeons à la lampe de poche. Pour aller aux toilettes, c'est où on veut dehors... Au final, on se couche, n'ayant rien de mieux à faire que bavarder et se tenir chaud. Il est 19 heures...


C'est un bêlement rauque, à la limite du grognement de cochon, qui me réveille un peu avant 6 heures. Il faut dire que notre "chambre" est attenante à l'enclos des moutons ! Dehors, la brume s'est levée et ne coiffe plus que le sommet des montagnes. Cela dit, l'air ambiant n'est guère plus rieur qu'hier : du gris, de l'humide, et personne en vue. Sitôt les affaires rangées et Max salué, nous quittons le village. Nous commençons d'un bon pas, autant ragaillardis par cette nuit de sommeil finalement pas si mauvaise, que ravis de quitter cet endroit tout de même un peu lugubre.

Au bout d'un quart d'heure à peine, la pluie se remet à tomber et les nuages se font plus bas sur le paysage. Mon pas ralentit, hésitant sur les pierres du chemin inca, qui se font glissantes. En plus, il faut éviter les flaques et l'eau qui ruisselle, parfois sur toute la largeur du chemin. La végétation devient plus dense au fur et à mesure que nous descendons, mais en ce qui concerne la faune, seuls quelques petits papillons blancs malingres se font voir, comme les fantômes animaux de l'espèce de lichen blanchâtre qui pend bizarrement des branches des arbres. Le paysage, quant à lui, dévoile parfois sa majesté, toute en montagnes boisées, aux versants parfois striés d'une cascade. En bas, dans la vallée, un torrent bouillonne. La marche est difficile et mon pantalon, mes chaussettes et mes chaussures sont trempés. On se demande si la pluie va s'arrêter un jour. A un moment, un panneau explique que le lieu-dit a pour nom, en aymara, "endroit où les gens se roulent par terre en criant de douleur". Ironie du sort, je glisse et tombe quelques mètres plus loin et, incapable de trouver une prise pour me rattraper, je fais un roulé-boulé, jambes en soleil (un comble !), avant de pouvoir m'immobiliser sur le dos comme une tortue désemparée. Plus de peur que de mal, mais je suis dégoulinante de pluie et de larmes. Cela va faire deux heures que nous marchons, et je me sens à bout de forces. Alors tant pis pour la pluie, nous faisons la pause petit dèj debout sous un arbre qui s'égoutte sur nos biscuits secs (enfin, "secs"...).


Finalement, la pluie se tarit peu après que nous soyons repartis, mais les montagnes continuent de suinter par toutes les rigoles qu'elles peuvent. Le sol glissant me fait encore tomber deux fois, j'ai l'impression que mes jambes ne me porteront pas jusqu'à la fin de ce dénivelé infernal : 2500 mètres de descente, à peine entamés hier. Heureusement, l'éclairicie nous permet de faire enfin une vraie pause, assis cette fois, et de nous émerveiller enfin du paysage, des grappes d'orchidées sauvages et des perles de pluie dans les toiles d'araignées. Vers 13 heures, le moral est bien remonté, même si nous sommes inquiets d'être si lents par rapport au temps indiqué sur notre prospectus. Quand nous passons à côté d'un champ de maïs, nous devinons que nous ne sommes plus loin du premier village après Takesi. En fait, il s'agit d'un simple hameau ; mais quel contraste avec Takesi ! Les maisons ont un étage, de vrais toits, des fenêtres vitrées, des portes en beau bois simple. Une superbe haie de rosiers mêlés marque l'entrée du hameau désert. Nous pique-niquons sur une table en bois, dans un jardin luxuriant : hortensias bleus, fushias éclatants, lys blancs et roses, genêts en fleurs, roses de toutes les couleurs, bananiers... L'endroit nous fait l'effet d'un éden miraculeux, d'autant que la vue sur la vallée et ses montagnes est époustouflante.

Nous repartons d'un pas plus ferme, avant de tomber sur l'épreuve suivante, annoncée par un grand panneau de danger : "Attention ! Torrent violent. Traversez avec prudence !". Le pont qui servait autrefois à passer est complètement hors d'usage. Nous nous approchons du rivage avec circonspection : effectivement, ça a l'air bien dangereux. Le torrent se fracasse sur les pierres, le courant est rapide et par endroits profond. Jérémie, en bon capitaine qu'il est, part inspecter la rive sur une bonne trentaine de mètres, pour conclure que, de toute façon, il y a toujours un passage délicat à prévoir. La seule solution, c'est de se jeter à l'eau, dans les deux sens du terme : puisque nous ne voulons pas retourner à Takesi ! Le passage qu'il a trouvé est facile, jusqu'aux trois derniers pas où, pas le choix, il faut enlever chaussures et pantalon et entrer dans l'eau glacée. Quand elle m'arrive au bas du dos, j'ai l'impression que la partie inférieure de mon corps se transforme en glace. On ne peut pas aller vite, il faut prendre les appuis les moins douloureux possible sur les pierres et, surtout, rester stable. Heureusement, la traversée n'aura duré qu'une minute ou deux. Mais nous n'en menions pas large, dans ce fracas d'eau froide ! Quelle fierté d'arriver de l'autre côté ! En plus, une sensation de propreté bienvenue succède à la baignade forcée.

Nous repartons, croisons un hameau tranquille et fleuri. Nous nous faisons doubler par une jeune femme au pas alerte, chargée d'un ballot plein de glaïeuls. Nous marchons maintenant dans une chaude forêt tropicale qui rend Takesi presque abstrait... Après avoir traversé un torrent, cette fois sur un pont digne de ce nom, nous quittons le chemin inca et retrouvons le plat. Les jambes soulagées de n'avoir plus à descendre, nous ressentons désormais dos, épaules et pieds, qui n'ont guères été ménagés. Atteindre Yanakachi ("Y'en a qu'en chient" ???) nous semble un calvaire infini. Les quelques personnes que nous croisons, à pied ou en voiture, nous adressent des sourires chaleureux qui nous encouragent et nous rendent fiers : ils ne peuvent pas ignorer ce qu'est le Takesi Treck ! Comme toujours, c'est la dernière ligne droite la plus dure, et je tiens à peine sur mes jambes quand nous arrivons. Trouver un hôtel est un soulagement, dîner aussi. A 21 heures, nous dormons à poings fermés. Nous avons marché pendant douze heures et demain, nous prenons le bus pour La Paz : départ unique à 5 heures du matin...

Alors vous direz aux enfants pas sages qui n'ont plus peur du Père Fouettard qu'ils feraient bien de se tenir à carreau : sinon, TAKESI !!!

vendredi 11 décembre 2009

Jouons a La Paz a dix

A La Paz, "take (1) warm clothes" pourrait dire le Lonely Planet. A 3800m d'altitude, plongee dans une vallee magnifique, la ville est la proie des elements : vents, pluie, froid... En arrivant apres nos joyeuses mesaventures (cf episode precedent), il nous a fallu recuperer; aussi a La Paz, au lit, ni (2) Magali ni moi ne nous levions et nous avons fait plusieurs grasses matinees reparatrices.

Une de nos premieres activites fut de monter sur un mirador (lieu d'ou l'on paut mirer) pour admirer les lieux. Au dessus de la valle, au bord du plateau, il y a le boulevard Periferico, pour qu'autour de La Paz passent (3) les voitures. Nous l'avons emprunte pour aller a Tiwanaku, petit village le nom duquel a ete donne a la civilisation dont il fut la capitale. On y trouve un site archeologique de toute beaute...deseserement mal entretenu. En depit d'un prix d'entree exorbitant, il n'y a aucune explication sur le site principal, compose de plusieurs temples, dont deux magnifiquement restaures par des archeologues francais, d'un vague schema d'une partie ede la ville et d'une colline qui fut une pyramide et en train de le redevenir. L'un des deux musees tombe en ruines, et la grand-mere qui tient le restaurant ou nous mangeons (un petit boui-boui pas touristique pour deux sous)se plaint en demandant ou va tout cet argent. Apparement, depuis que la communaute locale est en charge du site, tout va de mal en pis.

Cela n'entache pas notre bonne humeur car a La Paz partout (4) il y a des vendeurs de jus d'orange, c'est trop bon ! Autre proffession repandue, les cireurs de chaussures, qui me proposent regulierement de s'occuper de mes chaussures de randonnee ! Fait etrange, ils portent des cagoules, peut-etre parce qu'a La Paz, montagne (5) est synonyme de frooid. Peut-etre aussi par honte de pratiquer un metier aussi peu reluisant.Un autre jour, nous descendons a la partie sud de la ville. On y visite la vallee de la lune, un site ou l'eau a creuse la roche friable en des formes etranges. Pas forcement vilain, mais un bel attrape touriste quand meme. Ensuite, nous voila au zoo, et la c'est un vrai regal : ours, singes, paon qu fait la roue, perroquets de toutes les couleurs, jaguars, condors, pumas, tortues... Il y en a pour tous les gouts, et beaucoup d'animaux sont actifs, peut-etre grace a l'orage qui nous a pris sur la fin.


Comme toujours, nous visitons le cimetiere de la ville, ici mmense, et nous rencontrons de jeunes gardiens qui prennent les fleurs de militaires pour decorer les tombes des enfants orphelins. Ca fait chaud au coeur. A l'autre bout de la ville, il y a aussi un cimetiere juif, qui donne un peu l'impression que de La Paz a Sion (6) il n'y a qu'un pas. Pour le blog pro de Magali, nous rencontrons aussi un editeur bolivien, qui nous envoie ensuite dans une bedetheque sympatique ou nous rencontrons Francisco, un jeune bolivien qui a grandi en France et qui nous raconte comment les dessinateurs de BD de La Paz tissent (7) leur toile sur le continent (plus d'info a venir sur www.frankfurter-buchmesse.eu/magali).



Dimanche, j'ai traine Magali voir un match de foot au stade. Elle a ete enthousiasmee. Il faut dire que la partie a ete magnifique : les visiteurs, Oriente, ont reussi a mener 2-0 contre le cours du jeu jusqu'a 20 minutes de la fin. Les locaux, Bolivar, ont finalement reussi a egaliser a 2-2. Le score en est malheureusement reste la, mais le spectacle et surtout l'ambiance etaient supers, d'autant plus qu'en bons footballeurs bolivens, les joueurs n'ont pas oublier de faire La Paz a leur Potosi (8).Autre lieu qu nous a ravi : le musee d'art de la ville, tout simplement somptueux. Un premier niveau renaissance en trois salles : les archanges, les trinites et les saintes vierges nous fait decouvrir la penture sud-americaine de l'epoque : religieuse certes, mais bardee de references locales. Plus haut, les peintres recents en reconcilieraient plus d'un avec l'art contemporain.

Mais plus que des lieux specifiques, c'est l'ambiance de la ville, et surtout son cadre qui nous ont emballe. Et pour repondre a ce que je disais au debut, a savoir qu'a La Paz n'aille (9, la "passenaille" est l'argot savoyard pour "carotte") que celu qui s'est repare, nous laissons La Paz de (10) a Christian et Marie-Tau, un couple de retraites venant d'Eguilles, Bouches du Rhone : "La Paz est la plus belle ville d'Amerique du Sud". Balle au centre.

La panne pour La Paz

Mardi soir, 19h, nous voila a la gare routiere de Potosi. Nos sacs sont charges dans le bus pour La Paz, juste devant le portail de sortie de la gare routiere, meme pas a un quai officiel. On aurait du sentir venir le coup foireux... Deja que pour charier Magali, je lui demande : "t'es sure qu'il y a des toilettes dans le bus ?" Il y a 11h de trajet prevu pour la nuit ! Mais quand je demande au chauffeur, il me dit que non. Magali par donc en quete de toilettes 20 minutes avant le depart :

"Seance pipi surrealiste. L'entree coute 1 boliviano, soit 10 cents d'euros, et la dame pipi me donne une facturette attestant que je me suis bien aquittee de cette somme. Puis dedans, c'est la foire d'empoigne. Que des bonnes femmes pressees et aucune ne respecte l'ordre d'arrivee. Au bout de la troisieme qui me grille la priorite, je roteste, me colle a une porte. Quand elle s'ouvre enfin, je laisse a peine ma predecesseuse sortir, m'empare du bidon chasse d'eau, vais le remplir a la citerne, et enfin entre dans la cabine. Que de tapage pour une petite pissouille !"
Au depart, nous payons une taxe de 2 bolivianos par personne (20 cents) pour l'usage de la gare routiere. Le bus fanchit le portail et s'arrete de nouveau, pour faire monter les passagers qui ne veulent pas payer la taxe. Ca parait un peu absurde, mais ca a l'air d'arranger tout le monde, sauf nous et nos 40 cents ! Enfin partis. Mon siege est un peu etroit pour moi, il faut dire que les boliviens ne sont pas bien grands. Nous avalons notre pique-nique et baissons nos sieges pour dormir. Celui de Magali ne se bloque pas une fois incline, et elle rebondit a chaque cahot de la route jusqu'a finalement echanger avec moi, plus lurd et qui donc rebondis moins. Ensuite, le bus s'arrete longuement pres d'un peage. Sana doute quelques complications administratives...

Le bus repart pour s'arreter plus loin. Longtemps. Les passagers et nous descendons pour un pipi et patienter en regardant les etoiles. A l'etage du bus (ou nous etions places), un des chauffeurs a ouvert une trappe. Ils sont trois affaires autour et un dedans. Je m'approche pour voir et en deux minutes, le moteur redemarre, le bus va repartir. Ma bonne etoile a tout change...jusqu'a une demi heure plus tard.

Il est une heure du matin, il fait nuit noire et le bus est a l'arret. Au bout d'une demi heure de plus, une commercante commence a crier : elle doit etre a La Paz demain matin, sinon sa journee est perdue. De plus, en cas de retard elle ne pourra pas se payer un logement dans la capitale. Assez vite, le bus se vide et nous voila 50 dehors, sous les etoiles, par un froid glaciale (deux canadiennes pensent qu'il fait zero !) A 2h du matin, un autre bus s'arrete la, au milieu de nulle part en voyant tout ce monde. Il est pris d'assaut, chaque soute est peuplee ! Les deux canadiennes, une vieille mamita gentille, un travailleur argentin et nous restons au bord de la route, un peu inquiets malgre les belles etoiles filantes.Il est pres de 3h du matin quand passe un autre bus. Nous pouvons monter a bord pour 20 bolivianos chacun (notre billet d'origine coutait 50 bolivianos), mais le bus ne va que jusqu'a Oruro. Trop heureux d'etre assis au chaud, nous montons a bord et nous endormons. A Oruro, le reveil est dur et la compagnie qu nous a vendu les billets n'a pas de bureau. Tant pis pour nous. Nous paierons encore 15 bolivianos chacun et ferons encore 4h de bus pour finalement arriver a La Paz a 11h au lieu des 6h prevues. Pas si mal apres une belle frayeur, et la vue sur la ville nous a bien recompense !
Les photos ont ete prises a Potosi avant notre depart. Noter le type qui repare une fenetre. Il s'agit du batiment des impots, brule l'an passe par des mineurs qui contestaient leurs taxes !

mercredi 2 décembre 2009

Me voy a Potosi

Encore bien affaiblis par notre turista carabinee, nous avons malgre tout pu partir pour Potosi. 6h de trajet pour 250km, cela vous donne une petite idee de l'etat des routes. Mais on est passe par une ville miniere, on a vu de splendides paysages de montagne, et surtout ecoute de la super pop latino qui nous a mis le smile !

A Potosi, on s'est refait une sante. Deja parce que le plat national incontournable est un poulet-riz-frites-spaghettis bien requinquant, souvent servi apres un bouillon de legumes agremente de quelques frites flottantes (ca ne s'invente pas !). Ensuite parce que le centre ville n'etant pas immense, nous avons pu rentrer a l'auberge quasiment tous les apres-midi pour faire la sieste.

Mais ne vous meprenez pas ! Si nous y sommes restes une semaine, c'est parce que la ville en elle-meme nous a beaucoup plu, notament parce que la proportion touristes/bolivien y est beaucoup plus normale qu'a Uyuni, ou on avait l'impression que la ville ne survivrait pas sans ses grouillements de gringos. On en est, mais ce n'est pas une raison ! A Potosi donc, des ecoliers en uniforme, des mamitas qui, avec leurs grandes jupes, leur longues nattes reliees dans le dos par de la laine ou des perles, et leurs drole de chapeaux melons trop petits poses en equilibre sur le crane, ressemblent a des poupees, des cireurs de chaussures, des presseurs de jus d'orange, des vendeurs de glaces a klaxon (les vendeurs, pas les glaces !), des crieurs de journaux... Bref, une ville animee et pas le moins du monde focalisee sur le touriste. Ouf !

Cela nous a permis de nous balader tranquillement dans les rues "a theme" : chaque corps de metier, ou presque a sa rue. Avocats, bijoutiers, tours operateurs, et bien sur libraires, dont je vous parlerai plus en detail sur mon blog pro. Nous nous sommes fait un devoir de gouter les saltenas, empenadas delicieux qui, au lieu d'etre remplis de viande, sont plein d'une sauce succulente aux legumes, aromates, viande. Encore plus difficiles a manger qu'un kebab, mais quel regal ! Et puis nous sommes alle voir un film bolivien qui, s'il passe pres de chezvous, nous vous recommandons chaleureusement (c'est possible, c'est une co-produtction autrichienne). Il s'intitule "Escribime, postales de Copacabana" et se passe au bord du lac Titicaca ou nous irons bientot. Une belle histoire sur trois generations de femmes, ou l'on voit bien la Bolivie. Ca va vous donner envie d'y aller !

Mais les clous de notre visite a Potosi, ca a ete la Casa de la Moneda et les mines. La ville s'est en effet developpee des le XVIIeme siecle car la montagne, surnommee "eclair d'argent" en quechua, ce qui deforme donne Potosi en espagnol, recele de l'argent. La lgende raconte que c'est l'indien Diego Huallpa qui, perdu dans la montagne a la recherche d'un lama egare, aurait decouvert les mines. Inutile de preciser que les Espagnols ont aussitot suivi le filon ! Toute une industrie miniere et metallurgique s'est donc mise en place et cela a permis a Potosi d'etre la premiere ville de Bolivie a etre dotee, au XIXeme siecle, d'une ligne de chemin de fer. Tout cela, et bien d'autres anecdotes, nous l'avons appris a la Casa de la Moneda, batiment impressionnant ou etait autrefois frappee la monnaie de la couronne d'Espagne, et qui sert aujourd'hui de musee, avec de belles collections de peintures, des pieces, des mineraux, d'objets anciens en argent... Car comme nous fait remarquer notre guide, si autrefois la Bolivie fabriquait la monnaie pour le monde, aujourd'hui c'est le monde qui fabrique la monnaie pour la Bolivie (par exemple, les billets de banque sont made in France !) Une ironie qu'illustre bien le visage dual qui surplombe le porche du batiment : a droite, il rit de la richesse apportee par les mines d'argent, tandis qu'a gauche, il grimace sa peine de ne pas voir les populations locales en profiter.

Nous sommes donc alles visiter les mines, d'ou sont extraits divers materiaux, dont encore de l'argent. Equipes d'impermeables integraux, de casques, de bottes en caoutchouc et de lampes frontales, nous y avons passe pres de 4 heures, avec un groupe international. Notre guide etait une bolivienne bien trempee; elle nous a raconte que son pere, decede il y a 3 ans, a travaille toute sa vie a la mine. D'apres elle, n'importe qui peut venir y travailler, et c'est ce que font professeurs et ingenieurs au chomage. Legalement, il est obligatoire de s'affilier a une cooperative mais dans les faits chacun travaille pour soi, parfois en petits groupes. Ce n'etait pas le cas quand la mine appartenanit encore a l'etat, jusque dans les annees 1980.

Ce fut une experience impressionnante, presque eprouvante pour moi. Nous marchions en file indienne, dans des boyaux ou il fallait parfois rester accroupis sur plusieurs metres, parfois patauger dans l'eau jusqu'a mi bottes, et toujours faire attention a la tete, avec les etais en bois, les tuyaux amenant l'air, les decrochements de roche. Il faisait parfois froid (15 degres), parfois chaud (jusqu'a 40 degres car la montagne est un volcan endormi) et l'air, combinant altitude et enfermement, etait difficile a respirer. Nos nez ont aspire de la poussiere, des odeurs d'eau croupie, des particules d'amiante (d'ailleurs, ca fait des crystaux stupefiants), des fragrances minerales... Macher des feuilles de coca aide sa ne pas avoir la gorge trop seche. Mais au dela de notre ressenti physique, nous avons ete marques, et pour longtemps, par les conditions de travail des mineurs : 10 a 12h par jour, jusqu'a 6 jours par semaine (au temps des colonies, certains indiens restaient meme 6 mois au fond !). Les chariots, d'une a deux tonnes, sont pousses a la force de l'homme. Les nouveaux boyaux sont creuses a la dynamite. Notre guide nous a raconte que les accidents les plus frequents etaient causes par des gaz toxiques. D'ailleurs, les mineurs ne vivent pas vieux. L'un de ceux que nous avons rencontres sur notre chemin travaillait a la mine depuis l'age de 12 ans, et a 47 ans, souffrait d'une maladie des poumons. Dans ces conditions, on comprend que les mineurs vouent un culte sincere a Tio Jorge, le dieu de la montagne, assimile a un diable. C'est entre ses mains qu'est leur sort, et non entre celles, genereuses, de Pacha Mama, la terre nourriciere.Un sejour tres riche donc, qui s'est termine par la rencontre de Fidel, un petit garcon de 9 ans qui va a l'ecole le matin et vend des jus de fruit dans la rue l'apres-midi. Il nous a montre sa collection de pieces, et pose des questions sur le fonctionnement des cartes bancaires. On a bien ri quand on l'a vu refaire le meme numero, quelques metres plus loin, a d'autres touristes.

Nous passons finalement une apres-midi tele a l'hotel, ou nous decouvrons le fabuleux clip de Julieta Venegas : Me Voy. On vous laisse regarder. Quand a nous, nous partons le soir en bus, direction La Paz. Arrivee initialement prevue a 6h du matin...