vendredi 29 janvier 2010

Le Bidochon (Bidochonus Vulgarius) au Costa Rica

Les blagues du blog reviennent, sans les charades a tiroirs cette fois (on a poste les reponses aux charades du Perou en commentaire). Comme le Costa Rica est une terre benie de la vie sauvage, nous vous proposons la fiche technique resummant nos observations d'un espece en voie d'expansion : le Bidochonus Vulgarius, communement appelle le Bidochon.

Habitat. Provenant de territoires nordiques (Europe, USA, Canada), le Bidochon migre vers le Costa Rica de preference en hiver, pour y trouver la chaleur. Il niche dans des hotels repertories dans le Lonely Planet, si possible aux murs colores, et ou l'on entend de la musique rock ou reggae. Il aime etre pres de la plage, principalement pour y louer du materiel de surf, planche a voile ou plongee. A defaut, il se contentera d'une piscine.

Nutrition. La journee type du Bidochon commence, tard, par un chocolat chaud constitue de cacao en poudre et de lait chauffe a la casserole et dont il enleve soigneusement la peau avant de l'ingerer. Cette habitude, qui peut surprendre sous de telles latitudes, peut s'expliquer par le sentiment de securite que le Bidochon ressentait au berceau quand il tetait le biberon prepare par sa maman. Plus inexplicable est son incapacite a se passer de repas carne, d'ou son nom de Bidochon, c'est-a-dire le mangeur de bidoche. A la question "on fait des pates ce soir ?", il repondra "mais voyons ma cherie, tu sais bien qu'il me faut quelque chose de solide : de la viande ou du poisson". Ces derniers devant imperativement etre cuisines au beurre, malgre la rarete de cette denree dans les supemarches costaricains. Par mesure de precaution, il ne laissera personne d'autre se mettre aux fourneaux. Pour autant, il ne finira jamais son assiette. Entre les repas en revanche, il aime a grignoter des cacahuetes qu'il designe par le grognement de "snack". Chaque soir que Dieu fait, a la tombee de la nuit, le Bidochon ne peut resister a une pulsion irresistible : l'apero ! Un mode de nutrition tres complexe donc, que vous ne pourrez malheureusement pas imiter, car quand sa partenaire lui suggere de mettre ses recettes sur internet, le Bidochon lui repond : "moi je partage pas; la cuisine, c'est chacun pour soi" !

Predateurs. Par opposition a l'araignee qui tisse une toile pour capturer ses proies, le Bidochon en tend une pour eloigner ses predateurs, les moustiques. Si pendant la journee les reppellants chimiques le protegent suffisement, la nuit en revanche, il se sent sans defense face a ces horribles suceurs de sang. C'est pourquoi son instinct de survie le pousse a inspecter a la lampe de poche les moindres recoins de sa moustiquaire. Si par malheur il en apercoit un, ses cris et ses gesticulations font comprendre a sa partenaire qu'elle doit, de toute urgence, ecraser le dit moustique. Heureusement que le Lonely Planet indique que le Costa Rica n'est pas une zone a risque pour le paludisme !

Mode de deplacement. Pour se rendre d'un hotel touristique labellise le Lonely Planet au suivant, le Bidochon ne saurait se contenter de prendre le bus. Il lui faut son vehicule personnel, meme si les 700$ de location representent pres de dix fois le prix du bus. Ses multiples egarements en chemin lui importent peu, tant qu'il peut exercer son mode de conduite favori, "sport" evidemment. Tant pis pour le confort des passagers, ballotes par les brusquea ecarts destines a eviter les trous dans les routes.

Vie de couple. La partenaire du Bidochon est douce, aimable et attentionnee. Elle va jusqu'a lui ddonner ses cacahuetes quand il conduit. Quand le Bidochon a retrouve sa route, elle pose la carte pour reperer les prochaines activites recommandees par leur bible commune : le Lonely Planet. Malgre toutes ces attentions, il arrive que le Bidochon se montre agressif envers sa partenaire, il est vrai pour des questions aussi primordiales que le poids du steak du midi. En pareille circonstance, le Bidochon ignore sa partenaire pendant toute la journee, meme lorsque celle-ci manifeste son desarroi en pleurant.

Socialisation. Au Costa Rica, le Bidochon aime a rencontrer des francais ou, a defaut, des Quebecois. Il se mefie du Costaricain en partant du principe que ce dernier cherche a lui soutirer de l'argent. Quand il entre en communication avec un Costaricain, il est stupefait que ce dernier lui fournisse des indications gratuites, et vraies, qui ne figurent pas dans le Lonely Planet. Sa pire hantise est de laisser sa voiture de location sans surveillance. Si, par malheur, le cas se produit, il emportera avec lui les objets encombrants (chapeau, hamac achete dans la boutique de souvenir...) et cachera sous les sieges le reste (chaussettes, tuba, biscuits...). Il s'assure ainsi qu'aucun Costaricain ne brisera les vitres de la voiture pour lui voler ses chaussettes. En revanche, il n'hesite pas a laisser son ordinateur portable et son appareil photo dans la chambre d'hotel dont plusieurs fammes de menage possedent les cles et devant laquelle passe une soixantaine de touristes tous les jours.

Conception du monde. Le Lonely Planet dit la verite, rien que la verite, toute la verite. Pour voyager, il suffit donc de lire le guide, sortir les billets, et appuyer sur le declencheur. Le reve de l'homme, en somme ! En parlant de reve, la partenaire du bidochon en exprime parfois, comme celui de vivre de ses passions. Mais il repond chiffre d'affaire : la passion ne durera jamais qu'un temps, restera l'essentiel - le business. N'essayez pas de lui aancer des contre-exemples, il dira que ce n'est "pas pareil".

Trait caracteristique. Un Bidochon vanier en etre un, mais vous le reconnaitrez a sa formule favorite : "je fais ce que je veux, parce que je peux payer" !

Costa Rica !!!

On devait retrouver un couple d'amis a Dominical, sur la cote Pacifique du Costa Rica. Une journee de retard suite a notre mesaventure au volcan Baru, la suivante nous verra dans quatre bus differents : de Boquete a David, de David a la frontiere, de la frontiere a Neilly, de Neilly a Dominical. Tout se passe bien, donc nous arrivons a 19h, nuit tombee, alors que nous etions partis a 8h le matin. Meme avec l'habitude, ca fait long, d'autant plus que le dernier trajet s'est fait sous une chaleur etouffante.

Contents de trouver les amis donc, qui nous avaient prepare pommes de terre sautees et oeufs au plat : un regal ! Soiree sympa avec d'autres francais, dont Martin, un moniteur de plongee qui vit d'ile en ile depuis deux ans, et qui profite de ses vacances pour visiter le coin (il bosse sur une ile au Honduras). Magali et moi dedaignons le rhum pour du Fanta. Bien m'en a pris, car le lendemain matin a la fraiche, je m'offre un combo footing, karate, baignade sur une plage immense. Apres le petit dejeuner, les trois autres viennent me rejoindre a l'eau.

Nous prenons ensuite la voiture de location pour aller a Montezuma, un petit village retire selon le Lonely Planet. On est franchement a l'etroit dans le petit 4x4 Suzuki, mais on profite de la clim. Pour nous rendre sur la presqu'ile de Nicoya, il nous faut prendre le ferry, auquel nous arrivons pour le coucher du soleil. L'ambiance est douce, a regarder les pelicans planer et le soleil decliner au loin. On a bien fait d'en profiter, car le soi-disant village perdu etait en fait une veritable plate-forme touristique, ou le troisieme hotel seulement n'etait pas plein. Les WC sont corrects, les douches quasi sales, et les chambres sont delimitees par des parois qui ne vont pas jusqu'au plafond. On etend les ebas des voisins. Pire, nous realisons en nous couchant que l'un des ressorts du matelas (pourri !) depasse tel un clou dans le dos de Magali. La receptionniste n'est plus la. Nous en prenons notre parti et retournons le matelas pour dormir sans danger. Le pire hotel depuis que nous sommes partis !

Le lendemain par contre, nous trouvons une splendide cabine pour quatre personnes dans la foret. Tenue par un authentique rastaman qui nous vendra un peu d'herbe, nous sommes entoures de grands papillons bleus, d'iguanes et de singes, qui d'ailleurs piqueront nos biscuits quand nous aurons eu le dos tourne ! Une base ideale pour profiter des lieux, et tout d'abord par une veritable journee plage. Des vagues, du snorkle (un peu perilleux car les vagues poussent sur les rochers), un petit bain a l'abris des rochers ou les vagues apportent de l'eau fraiche, un oiseau bleu a hupette punk qui tente de nous voler le pique-nique, et meme une seance de Tai Chi face a le mer rosie par le couchant. On pense a vous, les parisiens !

Le lendemain, on remet ca a une cascade. Une premiere chute ou l'on peut nager sous la cascade, grimper au rocher et plonger a travers la douche. C'est literalement sensationel ! Plus haut, deux autres chutes, accessibles par un sentier vertigineux ou des racines d'arbres servent de barreaux d'echelle. Dans l'une d'elles, on peut faire un saut de 11m. Les hommes sautent, les filles regardent ! Derniere matinee a Montezuma, nous allons a la ville voisine de Cabuya. Le cimetiere se trouve sur une ile accessible a pied a maree basse. Tout simplement un lieu magique.

A l'interieur des terres, nous allons au lac Arenal et au volcan du meme nom. Nous faisons de jolies balades, notament sur les flancs du volcan, ou la vegetation repousse tout doucement par dessus les coulees de lave. Au dessus de cette foret de roseaux, Magali me montre meme un toucan en plein vol. De nuit, nous nous baignons dans une riviere d'eau chaude : les fire-flies dansent autour de nous.

Nous quittons les amis a San Jose, heureux de retrouver notre rythme et de quitter le circuit Lonely Planet. Dans cette petite ville a la tranquilite quasi provinciale, on decouvrirait presque qu'il n'y a pas que des gringos dans ce pays, et la magie du voyage reprend ses droits : en nous renseignant sur une affiche, nous nous retrouvons a la repetition generale d'une piece de theatre Costaricaine : la Llorona (la pleureuse). Representation rien que pour nous donc, somptueuse, ou trois moines discutent du sexe de Dieu, tandis que la femme, Veronica, pleure. Les activites culturelles nous manquaient un peu, ca nous a fait trop plaisir.

La visite d'une serre a papillon et la journee du dimanche au parc nous changent agreablement d'un marche un peu trop glauque et des junkies de la rue, qui fument je ne sais quoi (du crack ?), et nous rappellent que le Costa Rica n'est pas qu'un paradis touristique.

mardi 26 janvier 2010

Le volcan Baru d'heure en heurt

Il parait qu'il y a un volcan d'ou l'on peut voir les deux oceans a la fois, ce serait genial d'y aller ! En route ! Et nous voila a Boquete, deja 1200m d'altitude. Il fait frais, et il y a un bon vent qui passe la crete panameene toute proche, en portant un crachin breton (la preuve qu'il est breton, c'est que ca vient du cote Atlantique !) La fille de l'hotel nous a dit de nous enregistrer chez les pompiers;il parait qu'il y a des gens qui se sont perdus, il y a meme eu un reportage au 20h. Depart demain, 5h30 !

Sous ces latitudes ou d'ordinaire le soleil se leve plus tot que nous, ca me fait bizarre de me preparer sans la lumiere du jour. Bon, OK, je l'avoue, l'idee de ce trek ne m'emballe guere. J'aime marcher, mais je ne suis pas une fille de la montagne. Et quand Jeremie me dit que le denivele va etre plus important qu'au Semnoz, j'anticipe ma douleur. En plus de tout, un vilain vent decoiffe les arbres et ne me dit rien qui vaille.

Deja, ce n'est pas une question de latitude, mais de longitude. Ensuite, c'est clair et net, il va faire beau des qu'on sera passe au dessus des nuages. Ca fait deux jours que j'observe le volcan : les nuages s'accumulent sur la face Nord, provenant de la cote caribeene, mais le sommet reste degage. La dame de l'hotel l'a dit : "c'est l'ete, il va faire beau". Et puis la marche d'approche n'a pas l'air bien longue. On devrait bientot arriver au sentier.

A l'instar de l'intuition feminine, la mauvaise foi masculine ne connait pas de bornes. Quoique quand meme, je reconnais que dans le cas de Jeremie il s'agit plutot d'espoir enthousiaste. Enfin, toujours est il qu'au bout de deux heures de marche, nous sommes toujours en impermeables, et toujours pas au debut du sentier. A en croire notre mauvais plan, nous sommes en train de faire un gros detour. Nous croisons un vieil anglais qui cherche a nous dissuader d'aller au volcan : " des randonneurs ont disparu, et puis ca grouille de serpents ! Si vous voulez, j'ai des pilules qui vont vous faire passer votre envie d'aller la-haut". Eh bien nous, on prefere oublier les pilules !

C'est vrai qu'on a mis deux heures et demi pour trouver l'entree du parc, mais on a deja fait 700m de denivelle. C'est super, la pente sera douce. Et puis on a de la chance, il n'y a personne a l'entree du par pour percevoir les 5 $us dus. En plus, grace a cette pluie et au soleil tout proche, on a vu des arc-en-ciel magnifiques !

C'est vrai que l'entree sur le sentier nous redonne de l'allant. Du coup, je commence a aprecier la rando. On trouve des chenilles, on regarde les oiseaux, on s'etonne des plantes... Si je commence a etre bien trempee, j'aprecie quand meme le fait que Jeremie porte le sac. Au moins, ca ne sera pas pire qu'a Takesi !

Ca mouille, mais on grimpe bien. Le seul probleme avec la pluie, c'est que c'est penible de faire des pauses; du coup, on fatigue un peu plus. Enfin, j'ai eu la chiasse la derniere fois au Perou, et la balade suivante a ete annulee a cause de cette fichue morsure d'araignee. Alors aujourd'hui, on va en haut. Je me sens l'ame de Golgoth qui traine sa horde, a pieds au moins, pas comme ces fichus touristes en 4x4 qui nous doublent, ou ces lopettes de quebecois qui rebroussent chemin. La malediction des treks, on va la vaincre !

Pour les non-inities, Jeremie vient la d'ecrire un superbe pastiche de la Horde du Contrevent, de Damasio, ou le personnage de Golgoth est un fieffe gredin, macho et vulgaire. Mais passons. C'est vrai que la fierte et l'envie d'en decoudre avec le sommet nous donnent des ailes. On fait la pause suivante avec deux panameens, qui nous disent qu'il y a encore 6km pour atteindre le cratere. On espere donc arriver pour 14h et s'offrir enfin le pique-nique. Mais pour la vue sur les deux oceans, ca semble un peu compromis...

Il pleut, il pleut, il pleut. Tres dur de redescendre avantun peu, avant de remonter. Fichu chemin pour 4x4. Enfin le sommet est proche. On est a pus de 3000m. On le sent en respirant.

Ca y est, je n'en peux plus. Mes jambes reclament une pause, mon estomac un morceau de pain. Je suis trempee jusqu'aux os, jusqu'au coxis. Grande lassitude. J'essaie de ne plus penser a rien. Ca marche un temps, je ne sens plus le froid. Les flaques prennent de plus en plus de place sur le chemin. Celle-la est trop grande, tant pis, je marche en plein dedans. De toute facon, j'ai deja les pieds mouilles. Mauvaise idee, l'eau est glaciale.

T'inquietes pas Magali, on y est presque. Moins d'un kilometre. A partir des prochains metres, on ne sera plus a l'abri du vent. Nous voila sur la crete presque en haut. Il ne faut pas que tu t'arretes. En haut, il y aura des cabines au sec, et sans vent. Tu vas t'y reposer. Il faut juste tenir pour les atteindre. D'accord, on s'arrete une minute, pour souffler. Mais courage, il faut repartir. On y est presque, on pourra se reposer, peut etre passer la nuit. Ca n'a pas d'importance, il faut aller en haut. Tiens, voila des baraques. Tu m'attends la, a l'abri du vent; je cherche quelqu'un. J'ai trouve. Rentre ici. Il y a le bruit du moteur, mais c'est pas grave : il fait sec, chaud, et il n'y a pas de vent.

Depuis que j'ai vu le sommet, j'ai tout relache et je me suis mise a trembler tellement fort, de peur et de froid. Je ne pense qu'a une chose en arrivant : oter tous mes vetements groges d'eau et me mettre au sec. Jeremie m'aide a defaire fermetures et boutons, j'ai les doigts trop gourds et agites. L'homme qui nous a ouvert la porte ne nous pose aucune question. Il va chercher des couvertures et m'enveloppe dedans. Il fait de la place sur son lit, arrange l'oreiller, et quand je m'assois, il souleve mes jambes pour les allonger. Je n'ai plus aucune force, ni physique, ni morale. Pendant une demi heure, j'essaye de me rechauffer, d'arreter ces convulsions qui m'epuisent. Une camomille bien chaude m'aide a recuperer. Quand j'arrete de trembler, j'ai encore des fourmis dans les jambes a cause du froid. Mais enfin, je m'endors.

Magali est emmitoufflee sur le lit, mais elle ne cesse de grelotter. Je la frotte tant que je peux, alors que la tele diffuse des episodes de Dragon Ball. L'homme qui nous a accueilli, Daniel, et qui garde les installations telephoniques et televisuelles, est un grand gaillard, au chaud dans son anorak. La ligne electrique qui alimente les antennes a ete coupee par les arbres, alors le moteur a essence tourne a la place. Il fait un raffut du diable, mais au moins nos affaires sechent tres vite. Ca tombe bien, je dois remonter pour aller au poste de police, a 100m d'ici, pour appeller les pompiers et l'hotel, afin qu'ils ne s'inquietent pas.

J'ai retrouve le sourire et l'usage de la parole. Pendant que Jeremie est parti, courageux contre le vent qui a encore forci, je bavarde avec Daniel. Il me parle de sa femme, de leur fillette. Il me montre des photos de nuages, de couchers de soleil et d'antennes, prises pendant ses gardes ici, une semaine sur deux. J'ai l'impression d'etre dans un phare, rescapee d'un naufrage. Un sourire dans les yeux, Daniel me dit d'ailleurs : " je t'ai sauvee, pas vrai ?" Oui, la lumiere dans la tempete.

Daniel m'a prete son immense cape impermeable. Je sors au crepuscule. Le vent est incoryablement fort, il me pousse de cote, et je dois baisser mon centre de gravite pour lui resister. Je ne trouve pas la porte que Daniel m'a indiquee. Il fait super froid, et je me demande si ce n'est pas plus loin. Je m'aventure un peu : un sentier assez etroit sur une crete vertigineuse. Le Nord a ma droite : le vent vient de la, le long de la pente douce. Enfin douce par opposition a la falaise de l'autre cote. Incroyable : la pluie tombe de bas en haut. Du coup, le verbe "tomber" ne convient pas, mais le mot adequat n'existe pas. Je repasse par lka case Daniel, puis je trouve enfin. Le policier telephone. Dans sa cabine : quatre autres touristes, transis de froid, dans un etat pire que celui de Magali. Tout est regle, je rentre.

On reste un moment a regarder la tele tous les trois dans la minuscule chambre de Daniel. Aux infos, on voit des gens faire du patin a glace sur les canaux d'Amsterdam, et on apprend qu'on a ete pris par une tempete surprise qui frappe une bonne partie de l'Amerique Centrale. Encore une malediction ma parole ! Finalement, nous grignotons un peu de pain de mie. L'en-cas pris a 16h ne nous a pas suffi, mais les provisions doivent encore tenir demian pour la redescente. Et dire que ca devait etre une belle rando d'une journee !

Magali va dormir sur la couchette superposee, au dessus du lit de Daniel. Moi, j'ai un matelas dans le couloir, car la chambre est trop petite. Le moteur au bruit assourdissant va tourner toute la nuit. Dur pour les oreilles, mais la chaleur est salvatrice. Au matin, nous laissons a Daniel un petit mot avec 20$us et quelques bonbons. Une sacree rencontre !!! Nous le quittons vers 9h, toujours sous la pluie, mais de nouveau fringants !

Deux films sur canal, plus...

Comme promis, voila les "videos" du canal de Panama a l'ecluse de Miraflores et le premier passage du Troitsky Bridge. D'accord, le terme de video est un peu exagere, vu que j'ai tourne le premier "film" en 0.002 images (pluriel ou pas ?) par seconde. Enfin, voici les images !







Et voila le deuxieme film, tourne cette fois a environ 0.02 images par secondes !

















Et en plus, voici le bonus, depuis l'un des ponts qui relient deux continents !!!

dimanche 24 janvier 2010

L'hymne a l'isthme

Panama, langue de terre scindant deux oceans;
Isthme etroit, passerelle joignant le Sud au Nord;
Sur tes rivages toujours se voit le monde tournant.
Roi des canaux, ton etendard est plus qu'un port.

Et si les dieux me gardent une ile pour mes vieux jours
Les oceans me porteront de tes nouvelles.
Et si du monde je dois encore en faire le tour,
C'est que matin, soir et au lit, tu m'ensorcelles.

Ta capitale en trois moities brille dans la nuit,
Hier, maintennt et demain, meme sous la pluie
Tu resplendis a tout jmais de mille couleurs.

Et dans tes rues les gens qui dansent, fous bigarres,
Sous tes arbres et sur tes ploaces; le sort est jete.
Je pense a toi, voila, le monde est dans mon coeur.

Vous devez comprendre ce que nous avons pense de Panama : on kiffe grave ! A peine sortis de l'aeroport, des le premier bus, j'ai su que j'allais adorer. Le bus etait presque plein, il restait juste deux places :une a l'avant pour Magali, et un tabouret place tout au fond du couloir du bus. La musique etait resolument caribeenne, legere et dansante a souhait. Les gens autour de moi etaient beaux, metisses, bigarres; ils sentaient bon. Apres nos mesaventures peruviennes et le trajet en avion, nous nous sentions comme sur un nuage.

La cite de Panama, situee sur la cote Pacifique, capitale du pays, ressemble a New York de loin : d'immenses building de partout, souvent avec des noms de banques. Encore plus sont en construction. Le quartier d'affaires est gigantesque. Par opposition, le centre historique est minuscule, mais tres charmant. Des maisons au style "colonial" (comme ils disent dans les guides touristiques), un bord de mer bien amenage, extremement agreable dans la lumiere du couchant, et de nombreux anciens immeubles en ruines, parfois condamnes, parfois accessibles; l'un d'eux est devenu le point de rendez vous des skateurs. Dans les rues, de nombreuses femmes portent un costumje traditionnel. Anneau d'or dans le nez, tissu rouge sur la tete, haut et jupe courte, et surtout des bracelets de perles incroyables sur les avants-bras et les mollets. Tres seillant.

Plus a l'Est, Panama la vieille, les ruines de la cite originale, construite par les espagnols au XVIeme siecle. Elle a ete le point de depart de la conquete du Perou, et un lieu strategique du transit de l'or et l'argent andins. Les marchandises venaient en bateau depuis Lima, passaient l'isthme a dos d'ane, puis partaient vers l'Europe. On a du mal a croire qu'une ville si importante a ete mise a sac par des pirates, menes par le fameux Henry Morgan, en 1671 !

Il y a aussi le canal bien sur, une des merveilles du monde. On a ete vister une ecluse et on a vu passer un petrolier. On vous promet un "film" dans un prochain article.

De Panama City, nous sommes partis a l'Ouest du pays, vers l'ocean Atlantique, ou plus preciesment la mer des Caraibes. Une journee de trajet en bus nous a mene a Almirante, ou nous avons dormi a l'hotel "Dos Gringos Locos", tenu par deux americains loufoques dont Magli parlera sur son blog pro. La douceh ne fonctionnait pas, mais ils ont fait passer le tuyau d'arrosage par la fenetre. Sympa, marrant et bon marche !

De la, nous avons pris le bateau pour Bocas del Toro, une station balneaire sur une ile. On a fait du snorkeling (masque et tuba en francais) magique : de nombreux poissons multicolors, des etoiles de mer, des eponges, des coraux, des spirographes... Bref tout pleinde choses merveilleuses que Magali connait tres bien. On a aussi ete sur les plages donnant su le large, battues par des vagues splendides. Il ne manquait que les planches de surf ! Comme quoi malgre un hotel miteux plein de cafards, on peut passer deux journees memorables !

lundi 18 janvier 2010

Vol 2588 pour Panama, ou le voyage comme source d’imprevus

Après un dernier déjeuner avec Alvaro, un jeune éditeur que Magali a rencontré pour son blog pro, nous prenons le taxi pour l´aéroport. Notre chauffeur conduit comme un bolide sur la voie express qui longe la plage, musique dansante. Nous allons faire le premier changement de continent de notre voyage en allant à Panama.

Enregistrement des sacs à dos comme sur des roulettes, puis la première surprise, mauvaise : nous devons payer une taxe d’aéroport de 30 $US chacun. Nous nous exécutons, quelque peu dépités. Devant la porte d’embarquement, deuxième surprise, bonne : je reconnais Agustina, la jeune Argentine chez qui nous avions logé à Buenos Aires, notre première semaine en Amérique du Sud., Elle et son copain se rendent à Quito en Equateur pour passer un mois de vacances. Comme un drôle de signe des dieux, la boucle sud-américaine est bouclée !

Notre premier avion se rend à Cali, en Colombie, après une escale à Quito. Nous y rencontrons Rafael, un jeune Allemand de… Frankfurt, enthousiaste, qui participe à un programme germano-équatorien cette année. Plusieurs kilomètres dessous, une lune presque pleine se
reflète dans les méandres d’un fleuve, comme une tresse d’argent dans la forêt noire.

Nous atterrissons à Cali à près d’une heure du matin. Notre troisième surprise, mauvaise, c’est qu’il nous est impossible de rester dans la zone internationale pour passer la nuit. Nous devons entrer sur le territoire colombien, et cela impliquera de payer une taxe d’aéroport. De plus, nos bagages que nous avions fait enregistrer pour Panama arrivent sur le tapis roulant. Cette quatrième surprise est une sacrée frayeur (et si nous n’avions pas vérifié ?!), mais s’avère plutôt bonne : nous pourrons utiliser nos carrémats pour dormir sur le sol de l’aéroport, dans un coin tranquille, et en sûreté, car une demi-douzaine de militaires gardent les lieux.

Après quatre petites heures de sommeil sous les projecteurs et sur le carrelage, nous nous réveillons difficilement pour enregsitrer nos sacs à dos. Un douanier colombien est dubitatif devant le petit sac de sable que je prévois d’envoyer à mon père, qui les collectionne, mais nous pouvons passer. La cinquième surprise, mauvaise et de taille, c’est que pour entrer au Panama, nous devons disposer par avance d’un billet de sortie, et aussi posséder 1000$US en liquide. Retirer et changer de l’argent, nous pouvons le faire, mais cela commence a ressembler à une mauvaise blague quand la guichetière, par ailleurs charmante, nous propose un vol Panama-San José pour 214 $US chacun !

Hors de question de payer 430 $US et de changer nos plans de trajet, nous qui pensions nous rendre au Costa Rica voisin en bus pour moins de 40 $US chacun ! La guichetière appelle le bureau d’immigration, mais rien à faire. Il n’y a pas d’accès Internet. Nous cherchons une agence de voyage pour essayer d’acheter des billets de bus, mais elles sont toutes fermées, ce qui n’a rien de surprenant un dimanche matin à 6h !

La guichetière nous propose une solution : comme le vol est surbooké, elle a besoin de volontaires pour se désister et partir le lendemain. L’hôtel, petit-déjeuner, déjeuner et dîner sont offerts, et nous bénéficions de 250 $US chacun de bon d’achat chez Copa Airlines, avec
lesquels nous pourrons payer le billet Panama-San José. Faute de mieux, nous acceptons. La sixième surprise, petite mais très bonne, c’est de voir un jeune homme nous embrasser chaleureusement : grâce à notre désistement, il peut voler le jour même.

Nous nous attendions à une sorte d’hôtel Formule 1 près de l’aéroport, et la septième surprise, excellente, c'est de voir que notre chambre est à l’Intercontinental, l’hôtel le plus luxueux de la région ! Une petite douche pour être enfin propres, puis une sieste sur un lit encombré de pas moins de six oreillers, et tellement gigantesque et moelleux que nous nous amusons à sauter dessus comme des gosses !

Plus sérieusement, nous nous rendons sur Internet pour essayer d’acheter des billets de bus. Nous y passons près d’une heure. On trouve bien les horaires et les prix (30 $US l’aller simple), mais huitième surprise, mauvaise : il est impossible de les acheter en ligne. Nous décidons d’appeler le bureau d’immigration nous-mêmes, pour voir s’il n’y a pas une possibilité de s’arranger ; peut-être peuvent-ils nous fournir un moyen d’acheter des billets de bus. Problème : le locutorio est fermé le dimanche matin. Il devrait ouvrir l’après-midi.

Pour nous changer les idées, nous prenons le repas : un buffet phénoménal, où nous goûtons de tout : trois salades en entrées, avec aussi avocats, melons, papayes… Comme plat : un peu de riz, des haricots noirs, des patates sous diverses formes, du poulet, plusieurs morceaux de porc, saucisses, et de fines lamelles de bœuf en sauce ! On a fini par sept desserts colombiens, tous délicieux mais dont je ne saurais nommer que le riz au lait. Le meilleur festin du voyage jusqu'à maintenant !

Puis une sieste où je ne dors pas, mais où Magali s’effondre. A son réveil, la neuvième surprise, très drôle, c’est qu’elle ne sait plus où elle est. Elle mettra une minute à remettre les pendules à l’heure ! Il nous faut toujours trouver un téléphone, mais le locutorio (lieu d’où l’on peut téléphoner à l’international) est toujours fermé. On se dit qu’on peut sans doute appeler de l’hôtel. La dixième surprise est mauvaise : cela coute 5 $US par minute d’appeler au Panama. Nous partons donc à travers la ville, à la recherche d’un locutorio ouvert. C’est le bon moment pour réaliser que nous sommes en Colombie, et que les gens sont extrêmement sympathiques. Cela nous fait un plaisir fou de les voir répondre avec le sourire, nous suggérer plein de possibilités, même si malheureusement elles ne fonctionnent pas. Il faut nous rendre à l’évidence : il n’y a pas de locutorio ouvert le dimanche à Cali.

Au retour à l’hôtel, la réceptionniste nous prend en pitié et appelle elle-même le service d'immigration de l’aéroport de Panama. Après deux minutes, elle me passe le téléphone. Nous avions préparé un petit speech, mais j’espérais avoir un interlocuteur qui parle anglais. Je dois expliquer la situation en espagnol. Mon interlocutrice n’a pas de solution, mais me passe son superviseur. Je réexplique en espagnol, et la responsable me dit qu’avec notre billet Mexico-Los Angeles (que nous utiliserons dans deux mois), il ne devrait pas y avoir de problème, et que s’il y en a, il suffit de rappeller. Magali et moi sautons de joie dans le hall de l’hôtel.

C’est le moment de profiter des lieux : piscine gigantesque, jacuzzi, bains turcs, sauna, nous profitons de tout !!! A 19h, nous rentrons dans notre chambre, au bout d’un couloir long comme un terrain de foot, et la onzième surprise est exécrable : Magali a la diarrhée. Elle a très mal au ventre et se vide d’autant plus abondemment que nous avions mangé comme des goinfres à midi. Elle ne mange que quelques bouchées de pizza, alors que pour ma part, je commande la plus grande taille, au "queso de buffalo", fromage de buffle, et tomates sechées : un délice tellement immense que je n’arriverai pas à finir (je n’ai laissé que de la croûte, mais c’est assez rare pour le mentionner). Jusqu'à près de minuit, Magali se tord de douleur et court aux toilettes toutes les demi-heures. C’est seulement après avoir en plus vomi qu’elle réussit enfin à s’endormir.

Réveillés à 4h30, nous partons avec le chauffeur à 5h et dès 5h30, nous sommes à l’aéroport. La file pour l’enregistrement est déjà immense. Magali, qui va déjà beaucoup mieux malgré une fatigue chronique, s’y installe pendant que je m’occupe des démarches. Je dois d’abord aller à un bureau (longue file d’attente) pour modifier les dates de nos tampons d’exemption de taxe, qui nous permettent de n’en payer que la moitié, soit quand même 2 x 30 $US. Ensuite, je dois m’occuper de me procurer les 1000 $US en liquide. Nous disposons déjà de fonds de secours bien cachés (on racontera notre equipement en détails à la fin du voyage) et je dois obtenir seulement 500 $US supplémentaires. Pour cela, je retire par trois fois des pesos colombiens, car les retraits sont plafonnés. Ensuite, je cherche la maison de change. En fait, personne n’est ouvert si tôt, mais je peux changer de l’argent à une petite caféteria.

La boutique est très drôle : des bonbons, des sandwiches, des bouteilles, la machine à café. Les clients défilent et prennent leur petit déjeuner. J’explique à la vendeuse que je dois changer de l’argent. Elle dit qu’il n’y a pas de problème, même pour 500 $US. Je réunis mes pesos colombiens et, pour la premiere fois de ma vie, je pose sur la table une liasse de billets en disant : "Il y a un million" ! J’aurai été millionnaire, au moins dix minutes de ma vie, et c’est la classe, même si ce sont des pesos colombiens ! Ensuite, il est très drôle de la voir fouiller à divers endroits de sa boutique pour sortir des billets en vrac. Des coupures de tout type, depuis le billet de 100$US jusqu'à des piles de quarters (les pièces de 25 cents) pour les quatre derniers dollars. Je ne suis pas sûr que j’aurais pu changer 10 $ de plus !

Je retrouve Magali, et après une très longue attente, nous obtenons, enfin !!!, nos cartes d’embarquement. Reste à payer la demi taxe d’aéroport, passer la douane pour sortir de Colombie, passer sous le portique qui contrôle les vêtements, et enfin arriver à la porte. Le
vol partira avec une heure et demie de retard ! Il est toutefois magnifique : nous franchissons un dernier contrefort andin, puis c’est l’océan Pacifique. Nous apercevons l’archipel de Las Perlas, puis déjà la cité panaméenne, et voilà l’atterrissage, après avoir survolé l’immense ville moderne.

Nous passons la douane sans qu’on nous demande de billets de sortie, ni d’argent liquide. Ca peut paraître frustrant, mais ça nous a fait plutôt plaisir, d’autant plus que la première chose que nous ayons faite au Panama, c’est d’utiliser nos 2 x 250 $US de bons d’achat pour des billets San José (Costa Rica) - Guatemala City, en business class, valant chacun 248,53 $US !!!