jeudi 28 octobre 2010

Car tout m'enchante a Khartoum

On sort de l'aeroport de Khartoum avec nos gros sacs. Il fait chaud, tres chaud. On prend un minibus pour le souq Al Arabi, c'est a dire le centre ville. On descend du bus, et immediatement deux hommes qui marchaient dans la rue decident de nous accompagner a l'hotel Khalil que nous leur demandons. On marche un quart d'heure avec eux pour y aller. Les deux portent un turban blanc sur la tete et sont vetus d'une grande djelabah. Arrives a l'hotel, ils nous font asseoir a la terrasse du restaurant et commandent 4 jus de pamplemousse. Leurs sourires s'etalent sur leurs visages, larges jusqu'aux oreilles : "Welcome to Sudan" ! Le plus age nous considere comme ses enfants.Une fois rafarichis et reposes, ils nous accompagnent a l'hotel et nous font visiter la chambre ou nous nous installons. Une photo soouvenir, et les voila repartis. Notre premiere belle rencontre "a la soudanaise".

L'hotel ou nous logeons est bas de gamme. Seuls des hommes y dorment, et pour avoir un espace prive, nous prenons une chambre a trois lits (on paye les 3 pour 3*12 = 36 LS). Assis a l'interieur, on se croirait dans un four. Tout va mieux quandon allume le ventilateur du plafond, on se croirait alors sous un seche-cheveux geant. Pour vous dire la chaleur, on a realise depuis que la cire d'epilation de Magali a fondue a Khartoum ! La nuit, on ouvre toutes les fenetres, qui donnent sur la terrasse et sur le couloir de l'hotel, pour laisser circuler l'air moins chaud. L'intimite n'est pas lepoint fort des lieux, et d'ailleurs, c'est juste devant notre porte que spont installes les tapis pour que les locataires fassent leur priere.

Notre premiere impression, c'est d'arriver dansune ville magnifique (facile apres les murs en tole ondulee de Juba). On note qu'il y a beaucoup de voitures particulieres, d'immeubles de plusieurs etages. On loge au coeur du souq Al Arabi, c'est a dire au centre ville. Comme a Kampala, il regne une sorte d'effervescence tranquille, qui n'est pas sans rappeller le calme des bulles d'un cachet d'aspirine se diluant dans son verre d'eau. D'ailleurs, on peut prendre un verre a tous les coins de rue. A l'abri d'un arbre, ou sous les arcades ombragees qui longent un batiment, on trouve toujours une dame entouree de petits tabourets. Devant elle une rangee de pots contenant les herbes et les epices, un petit feu, et une bouilloire. Elle sert le the,m le cafe ou le karkade (ou hibiscus, l'infusion fetiche de Magali, au gout rappellant les fruits rouges).

Plusieurs fois, nous sommes invites, et c'est toujours unplaisir de papoter avec les soudanais. On connait une dizaine de mots d'arabe, eux souvent un peu plus d'anglais, et il y a les noms propres, a commencer par "Zidane" ! On doit bien dire qu'apres un an de voyage, on est epates par la bonte et le sens de l'accueil des soudanais. Deja a Juba, on nous avait offert plusieurs fois de l'eau minerale, ou paye le trajet en minibus.

A Khartoum, on commence par aller faire notre permi photo. Cela se fait au ministere du tourisme, un batiment delabre ou quelques personnes sont assises a des bureaux trop vides. Ils sont tellement sympathiques, que c'est un plaisir de faire une demarche administrative. Puison se rend au musee national, ou on commence par...dejeuner. Le ful est un plat typique soudanais : des haricots noirs asperges d'huile que l'on mange a la main avec du pain. Tel quel, c'est un peu ettouffe-chretien, mais il est souvent servi avec du fromage, et parfois avec quelques legumes. On se regale, meme si on doit avouer qu'apres deux semaines de ce regime, nos intestins ne se rejouissent plus autant.Le musee present de belles pieces, datant des differentes periodes ou la Nubie a ete incorporee a l'Egyptre, ou au contraire a regne tout le long du Nil. A l'exterieur, quelques temples reconstruits proviennent des rives du Nil qui ont ete submergees quand les egyptiens ont bati le barage d'Assouan, qui a cree le lac Nasser. Mais ce qu'on a prefere, ce sont les peintures des eglisesd du 6-7eme siecles,maintenant englouties sous le meme lac. On decouvre des archanges ailes, des saints grecs et byzantins. Cela fait drole de penser qu'a une epoque, toute l'Afrique du Nord Est etait chretienne. L'islam a pris la suite, et le christianisme local a recule du fait de son isolement vis-a-vis de l'Europe. Reste une minorite copte, et bien sur l'Ethiopie.

En fin d'apres-midi, apres une sieste ecourtee, car la coupure d'electricite a arrete le ventilateur, mais compensee par deux nouveaux jus de pamplemousse, que l'on a elu "meilleure boisson de la terre", pas moins, on se rend au confluent des deux Nil : le Bleu et le Blanc. On y accede par un parc d'attraction un peu morne, en semaine, ecrase par la chaleur. Assis a l'ombre d'un arbre, on regarde les pecheurs et les eaux du Nil en sirotant un Fanta.

L'autre belle balade a Khartoum a ete le souq d'Omdurman. Un peu galere de trouver le minibus pour y aller, mais le lieu est magnifique. C'est juste un grand marche, ou l'on vend de tout : vetements, ustensiles de cuisine, fruits, viandes, epices, tapis, tissus... On s'y promene, saluant les gens, prenant quelques photos. Rien de special, si ce n'est la chaleur etla gentillesse des soudanais. Un epicier que je prend enphoto me remercie en nous offrantun sac de dates. Plus loin, on est invite a boire un soda par un grand-pere. On repond a quelques unes de ses questions : "Franca", "Jeremie", "Magali", on montre nos (fausses) alliances pour dire qu'on est maries, "non, on n'a pas encore d'enfants, mais on voyage d'abord, puis on en aura quand on sera revenus au calme a la maison !" On note aussi l'adresse (en arabe) de notre interlocuteur, ppour lui envoyer les photos a notre retour. Souvent, les soudanais nous ont invite a prendre un verre, une maniere pour eux, qui ne peuvent generalementpas voyager, de decouvrir untant soit peu le reste du monde.

Le retour en minibus a ete asses aventureux. Il faut traverserle Nil, et a cette heure de la journee, 3 des 4 voies du pont circulent en sens oppose au notre. Cela ennuie notre chauffeur, qui se lance en sens inverse sur une deux voies opposee. Les vehicules arrivant en face se serrent peniblement, si bien qu'on avance peu a peu, suivis par une file d'opportunistes. A mi-pont, un motard de la police nous rattrappe, dit quelques mots au conducteur et finit de traverser. Pour nepas avoir affaire a lui, notre chauffeur fait demi-tour, comme bientot tous les vehicules qui nous suivaient. Pour ne pas coriser les policiers, on doit faire un grand detour pour traverser sur le pont suivant, mais tout est bien qui finit bien, on rentre a l'hotel.

Jeudi matin a 6h, on se rend a la "gare routiere" de Sajana, qu'on avait reperee la veille. Il s'agit en fait d'une boutiqueau bord de l'avenue, ou on trouve un grandbus, et deux dames qui servent du the. Magali boit un karkade, moi un cafe aux epices, puison embarque dans un magnifique bus climatise, d'un confoirt que nous n'avions pas connu depuis la Thailande, pour 6h de route jusqu'a Karima.

samedi 23 octobre 2010

Dans le Far West du Sud Soudan

Un bus est cense arriver de Kampala, stopper ici a Gulu puis continuer jusqu'a Juba, premiere ville du Sud Soudan, a 200km de la frontiere ougandaise. Nous sommes arrives a 5h30 le matin, pour etre surs, l'attente se fait longue comme une nuit sans sommeil. On entend des grenouilles croasser dans les flaques de pluie, un pretre precher la bonne parole dans une radio trimballee par un homme enveloppe dans un large anorak. Puis les coqs chantent, et la station-service devant laquelle nou attendons, en compagnie de gens du coin, finit par s'eteindre. Il commence a faire bon, on cesse de frissoner. On voit passer les premiers ecoliers en uniforme, des agents de securite a velo avec leur fusil a pompe, puis tout une foule de gens a pied, a bicyclette, a moto, en Jeep. Mais toujours pas de grand bus. A 9h, un dala-dala s'arrete devant nous pour annoncer qu'il va jusqu'a la ville frontiere de Nimule. On est une dizaine a epousseter nos sacs et a monter, mais comme, en tassant bien, le chauffeur peut faire entrer presque le double de passagers, il faut encore attendre une heure avant de demarrer. Cela laisse le temps a moult vendeurs ambulants de venir nous faire l'article de leurs bananes, cravates, dvd, savons dermatologiques. "Mais je n'ai pas de problemes avecma peau !" proteste une femme en riant.

On finit donc par partir. La poussiere de la piste semble rouiller au soleil, tant son rouge eclate le long du paysage vert. Quand la guerre crachait son feu sur le Sud Soudan, la region autour de Gulu a accueilli de nombreux refugies. Cinq ans apres la signature de la paix, les ONG occidentales pour l'education, contre la faim, pour la sante, contre l'exclusion, y restent encore tres actives. Ca nous fait drole de traverrser pareille zone. La piste s'avere mauvaise, on progresse a 20km/h. Et puis on s'arrete : un camion enlise dans des ornieres bloque la circulation, pourtant maigre. Au moment ou, dans un fracas de moteurs et d'eclaboussures boueuses, il se degage enfin, nous ne parvenons plus a rentrer dans le minibus : la portiere s'est bloquee !

Enfin, malgre tout, on arrive au poste frontiere. Passeports tamponnes et argent change, Jeremie et moi pouvons monter dans le grand bus venu de Kampala. Il nous a enfin rattrapes, et il reste juste 3 places ! Je me retrouve assise a cote du copilote, qui me paterne en reglant l'inclinaison de mon siege selon si je dors ou non, et en veillant a ce que j'attache ma ceinture. Cote soudanais, la piste, excellente, traverse une savane vallonnee ou Jeremie apercoit des singes. Moins rigolo, tous les hommes arborent une kalachnikov. Sur un bas cote, un char d'assaut abandonne pointe son canon rouille vers le ciel. Le chauffeur peste contre les types un peu louches qui arretent le bus pour reclamer une "taxe de passage". On n'est pas mecontents de tracer notre route...

Arrivee de nuit a Juba. Seuls quelques hotels luxueux, des epiceries et une fontaine a l'absurde exuberance sont eclaires. On va voir un premier hotel, mais les prix s'affichent en dollar, et a trois chiffres sans virgule ! Dans nos prix, c'est a dire quand meme 25 livres soudanaises (8 euros), on atterrit dans des baraquements en tole, sans electricite (seulement un generateur) ni eau courante. Il est difficile d'appeler "chambre" la cellule dans laquelle nous nous installons : a peine 3m de longueur, guere plus de 1,5m de largeur, un lit une place ou les puces reactiveront mon allergie developpee a Calcutta, sans parler du sol en beton poussiereux impossible a debarrasser de ses fourmis. La nuit, des rats cavalent sous le toit dans un rafus du diable. Le soir, on les voit meme passer sous notre lit et grimper le long du poteau qui soutient le plafond. Ajoutons a cela un vilain neon et un ventilateur poussif qui, de toute facon, ne fonctionne pas la nuit parce que le generateur est eteint, et une moustiquaire trop courte. C'est plus qu'assez pour elire cette chambre la pire du voyage. Et encore, je ne ferai qu'evoquer les toilettes a la turque collectifs rarement nettoyes, la pissotierejaunatre et les cabines de douche ou l'on se lave au baquet avec une eau opaque, tiree du Nil, en essayant de ne pas repenser au type qu'on a surpris en train de pisser dans cette meme cabine de douche.

Le lendemain de notre arrivee, nous allons nous enregistrer a la police comme stipule par la loi soudanaise. En fait, ca ressemble plus au versement d'un dessous-de-table, car ils ne notent nos noms nulle part. Mais au moins, ils tamponnent notre passeport et nous sommes en regle. De retour a l'hotel, nous apprenons qu'en cette saison, la route vers Khartoum est fermee car inondee. En revanche, un des occupants de l'hotel affirme qu'il y a des peniches tous les jours. Il se propose de nous accompagner au port dans l'apres-midi. Nous attendons donc quelques heures. Quand il revient nous voir, il affiche un air mysterieux. "I have mercury to sell" Incredule, je me demande ce que le chanteur de Queen vient faire la, avant de comprendre qu'il pense pouvoir nous refourguer du mercure de contrebande. On rit un peu nerveusement, on dit qu'on n'est pas du tout des businessmen, et on decline prudemment son invitation insistante a aller au port ensemble. Nous nous sentons soudain tres mefiants, a raison d'ailleurs, puisque Jeremie le verra le soir meme glisser un revolver sous son oreiller.

Il regne a Juba une ambiance de Far West, ou des businessmen autoproclames (traduisez des truyands) qui trafiquent du mercure par exemple, des agents de change informel, des employes de l'ONU et de multiples ONG creent un paysage humain des plus etranges. Hormis les hotels de bon standing et quelques boutiques, aucun batiment n'est construit en dur. C'est une ville basse, de toles et de planches, verolee par de grises friches poussiereuses et jonchee de sacs et bouteilles plastiques. En fait, cela ressemble a un vaste camp de refugies qui s'est perennise. D'ailleurs, on n'a jamais vu autant de vendeurs de tentes qu'ici ! Autant dire que nous n'avons guere envie d'y rester, independamment du trou a rats ou nous avons poses nos sacs.

Apres avoir poliment econduit Mister Mercury, nous filons donc au port tous seuls comme des grands. Le bord du Nil est investi par de nombreux campeurs, dont on ne sait pas trop s'ils attendent un prochaind epart de peniche, ou si tout simplement ils vivent la, a proximite de l'eau utile pour se laver, faire la cuisine et la lessive. L'endroit grouille egalement de militaires. On apprend qu'une barge s'apprete a partir pour Kosti le jour meme ! A bord, il y a deja des monceaux de marchandises, des gens, des chevres, des lits de camp. Nous trouvons un responsable qui nous dit que le depart est imminent. Comme on ne sait jamis bien ce que ca veut dire, imminent, dans ces cas la, surtout en Afrique, Jeremie veut foncer, tenter le coup. Seulement, nous ne trouvons pas le militaire cense delivrer les autorisations et il nous faut compter presque une heure pour rentrer au trou a rats recuperer les sacs et revenir. Deja, ca me stresse. Et puis surtout, ce qui m'angoisse, c'est l'idee de monter sur cette barge pour n'enredescendre qu'au bout de 8 jours, alors que nous n'avons aucune provision de nourriture. Car sur ce genre de bateau, le transport de passagers se fait de maniere totalement informelle, chacun devant s'occuper de son propre ravitaillement. Tout ca pour dire que je panique et que nous decidons de ne pas partir dans la precipitation. Nous nous renseignons de nouveau, pour apprendre qu'une autre barge doit partir le surlendemaion, ce qui nous laisse le temps de nous preparer.

Nous passons donc la journee suivante a faire des courses : 5kg de riz, une douzaine de boites de conserves, quelques pommes et oranges, 6 litres d'eau qu'on reremplira ensuite au Nil en traitant avec des micropurs, des biscuits, et meme une tente, car c'est le seul moyen de se proteger du soleil sur la peniche, dont les cabines sont reservees a l'equipage. Pour la derniere nuit avant la semaine sans confort qui nous attend, nous changeons d'hotel et dormons dans un bon lit pour "seulement" 50$.

Le jour J, charges comme des mules, nous debarquons avant 9h au port. Quelqu'un nous dit que finalement, la barge ne partira que le lendemain. Nous ne sommes guere enchantes de passer une journee de plus a Juba, d'autant que notre visa de deux semaines seulement ne nous permettra pas de prendre notre temps dans le Nord du Soudan (5 jours a Juba + 8 jours de descente du Nil = deja 13 jours !) Cela dit, ca reste encore jouable, surtout qu'il est possible de demander a Khartoum au moins une semaine de prolongation de visa. Seulement, au bout d'un moment, quelqu'un vient nous informer que le depart est repousse au surlendemain, autant dire qux callendes pharaoniques. Le seul bateau qui part demain est un petrolier affrete par l'ONU, qui ne prend pas de passagers. Nous essayons de ne pas perdre espoir, et demandons a d'autres barges. Mais les unes sont vides, les autres en reparation.

Il faut se rendre a l'evidence : notre reve est tombe a l'eau. Profonde deception. N'ayant plus rien a faire a Juba, nous filons a l'aeroport, dans l'espoir de prendre le jour meme un avion pour Khartoum, la capitale. Mais le dernier vol est en train d'embarquer. Nous sommes submerges par l'amertume, avec nos sacs lourds comme des montagnes, pleins de provisions desormais absurdes. Il ne nous reste plus qu'a acheter nos billets pour le vol de 7h le lendemain et a rentrer a l'hotel (le bon) popur nous reposer, et essayer de digerer cette deconvenue affreusement difficile a avaler. Heureusement que le personnel de l'hotel aux 3/4 vide est adorable. Et puis il y a un salon ou l'on peut regarder des DVD. Les films disponibles sont au cinema ce que les romans de gare sont a la litterature, mais au moins on se change les idees.

Le lendemain, depart sans histoires mais en retard, comme si Juba se plaisait a jouer les pots de colle. C'est un vol magnifique, et meme si c'est frustrant d'apercevoir de si loin ses courbes lassives, le Nil nous offre al vision fantastique d'un echeveau bleu qui parfois s'effiloche, pour se tresser avecune verdure d'autant plus folle qu'elle emerge du desert. Deux heures plus tard, alors que nous ne nous sommes toujours pas vraiment faits a l'idee, nous atterrissons a Khartoum, qui affiche un petit 37 degres a l'ombre.

vendredi 22 octobre 2010

Le budget en Ouganda

Commencons par une remarque importante : la carte Mastercard est utilisable en Ouganda. La Stanbic bank a des distributeurs qui l'acceptent dans toutes les villes du pays. On le dit, parce que c'est une info qu'on n'a pas reussi a trouver en ligne. Meme le site de Mastercard ne le mentionne pas. Pour Visa, il y a des distributeurs partout. Pour Mastercard, c'est Stanbic Bank.

Le tourisme en Ouganda est bien moins developpe qu'en Tanzanie. Il y a bien quelques parcs naturels, mais bien moins developpes que Kilimanjaro et Serengeti. Il y a la fameuse balade avec des gorilles, ou pour la modique somme de 750$us vous pouvez passer 1h pres des singes. Genial, de depenser cette somme pour passer 60 minutes avec des animaux, alors que les gens au bord de la route mettent 2 ans a la gagner. Donc cet horrible tourisme existe bel et bien, mais heureusement pour nous, ce n'est pas massif. Mis a part Jinja, ou se trouvent les sources du Nil Blanc, l'Ouganda n'est pas un pays touristique, pas du tout, et c'est ce qui fait son charme.

Les logements sont bon marche : 30000 Ush par nuit a l'hotel Astoria de Kampala (Ush pour Ugandan Shilling). La chambre est immense, avec belle salle de bain et eau chaude. Le personnel est adorable. A Jinja, on a paye 20000 Ush pour des chambres miteuses et bruyantes, car il y avait un bar a cote dans la rue. A Mbale, on a paye 18000 Ush pour une chambre tres correcte. Le Green Top de Kumi est magnifique pour 26000Ush la nuit, le KSB a Gulu aussi, pour 22000 Ush. Seuls les deux derniers incluaient le petit dejeuner.

Les transports aussi sont bon marche, meme si les chauffeurs de bus sont les seuls ougandais a chercher l'arnaque. Les 10000 Ush par personne du depart a la frontiere tanzanienne sont devenus 13000 a l'arrivee a Kampala. Les 4000 Ush affiches pour Kampala-Jinja se transforment en 5000 sous pretexte qu'on a des sac a dos. Entre Jinja et Mbale, on paie 8000 Ush, mais ils font tout un baratin pour nos sacs (ils demandent qu'on paie des places pour eux ! On a fini par poser les sacs a nos places et s'asseoir dessus) et puis ils nous ont change de bus. Plus tranquille apres Mbale (la ou il n'y a plus aucun touriste), d'ou on depense 4000 pour rejoindre Kumi, puis 15000 pour Lira et enfin 10000Ush pour Gulu.

Les boda-boda (moto taxi) sont un moyen agreable de circuler, mais pas tres rassurant, surtout a trois sur la moto, sans casque evidement, et le long d'une piste poussiereuse pleine de trous. On a evite autant que possible, mais c'etait la seule solution pour aller voir Kakoro et Nyero, ou se trouvent les rock paintings. On a paye 3000 Ush a 2 a chaque fois, depuis Mbale pour Kakoro, et depuis Kumi pour Nyero.

On mange souvent tres copieusement pour un prix entre 10000 et 15000 Ush a deux, boissons incluses. Quelques visites, comme les tombes de Kasubi, pour 10000 Ush par personne. La visite guidee (5000 Ush de pourboire pour le guide) est interessante, mais on ne savait pas que ca avait brule. 6000 Ush par personne pour le musee national pas incontournable. On a ete au theatre a Kampala, voir Blissfull Hell, pour 30000 Ush a deux, et au cinema a Mbale, voir Chelsea Arsenal pour 1000 Ush chacun. Les guides des rock paintings etaient adorables. On les a rencontres sur place a chaque fois. Laurence a Kakoro etait tres informel, mais attentionne. Okume a Nyero etait plus professionnel. Dans les deux cas, on a laisse 6000 Ush de pourboire.

On a depense un total de 600 euros en deux semaines, dans un pays qui nous a beaucoup plu, et ou on a envie de revenir. En octobre 2010, un euro donnait 3000 Ush.

Le budget en Tanzanie

Il aura fallu un moment avant que nous nous decidions a presenter le budget tanzanien. Le temps pour nous de decouvrir l'Ouganda et le Soudan, ce qui permet de faire quelques comparaisons. Il est important de distinguer les zones touristiques, pour nous Zanzibar, mais il y a aussi Arusha et Moshi, des zones non touristiques, pour nous Mwanza, mais il y a aussi tout le Sud et l'Ouest du pays. La capitale DarEs Salaam est en quelque sorte entre les deux.
Pour les repas, on a depense entre 4000 et 8000 Tsh (shilling tanzanien) par personne avec une boisson a Dar Es Salaam et Mwanza. A Stone Town, c'etait plutot 8000-10000 Tsh et chez Mohammed a Matemwe entre 12000 et 16000 Tsh, meme si la bas, les portions gigantesques permettent de se contenter d'un plat pour deux quand on n'a pas trop faim.

Pour le logement, on a depense 50000Tsh par nuit chez Mohammed. IL faut dire que le bungalow a cote de la plage, c'est chouette. Quand meme 35000 Tsh a Stone Town pour l'Annex of Abdalla Guesthouse, vraiment moche, mais la ville etait envahie pour la fin de l'Eid. Encore 35000Tsh a Dar Es Salaam, mais pour le Aroche Grand Hotel, tres spatieux et confortable. On a choisi le YWCA la deuxieme fois. Meilleur marche a 8000Tsh, mais c'est vraiment moche, avec salle de bain et WC partages, et le bruit et l'odeur de la station de dala-dala. A Mwanza, le Lake View Hotel a 15000 Tsh la nuit presente un excellent rapport qualite prix (un ton au dessus de l'Annex Abdalla par exemple). Le petit dejeuner etait toujours inclu, et la salle de bain propre, privee suaf au YWCA.

Pour les transports, les taxis a Dar EsSalaam sont chers. 25000 Tsh pour le centre ville depuis l'aeroport, 10000 Tsh pour aller dans un quartier un peu excentre. Mieux vaut prendre le dala-dala (petit bus) qui coute 500 Tsh par personne. Le ferry pour Zanzibar est un vol pur et simple. C'est le premier transport du tour du monde ou on decouvre des prix speciaux pour les etrangers. Pour le ferry lent (3h de traversee) a l'aller, on a paye 20$us par personne, ou plutot une somme en shilling calculee avec un taux de change bien desavantageux. Au retour, le ferry lent voyage d enuit. On a prixs un ferry rapide (2h) pour 35 $us par personne. A deux, ca fait 110$ pour un aller retour ou les tanzaniens paient 5 fois moins !

Sur l'ile de Zanzibar, on a utilise le dala-dala pour aller de Stone Town a Matemwe. Les locaux paient 1000 Tsh pour 50km, les etrangers 2000Tsh, sans moyens de discuter. A Mwanza, on payait le meme prix que les gens du coin, sans question. Sur les grands trajets, on a paye 45000 Tsh pour un bus de Dar Es Salaam a Mwanza. On s'est fait arnquer (comme les gens du coin), car le bus etait annonce direct en 15h, alors qu'il y a eu un changement ou l'on a passe la nuit en attendant dans le nouveau bus, heureusement loin d'etre plein. On a mis 28h ! Le ferry entre Mwanza et Bukoba est bon marche. On a paye 30000 Tsh par personne pour la nuit de traversee, avec une cabine 1ere classe. A quoi il faut ajouter 3000Tsh par personne pour le dala-dala qui mene a la frontiere ougandaise.

Pour ce qui est des visites, on a vu le musee national a Dar Es Salaam, un peu court pour 6500 Tsh par personne. Celui de Zanzibar, le "house of wonders" est bien plus fourni, et coute seulement 3500Tsh. A Bujora pres de Mwanza, on a vu le musee Sukuma. 8000 Tsh pour la visite guidee, un bon moment. A Matemwe, on a aussi fait un tour en bateau pour faire du snorkle. 30000 Tsh par personne pour une matinee bien decevante.
Avant d'arriver en Tanzanie, on avait envie de grimper le Kilimanjaro, ou de faire un safari. Les prix sont redhibitoires. Les parcs naturels ont un cout exhorbitant : 60 $us par personne par jour. Bien sur, il faut aussi payer les guides, vehicules, cuisiniers etc, pour des tarifs a l'avenant.

Soyons clairs, ces prix nous ont choques profondement. D'une part intrinsequement. Jens, un allemand que nous avons rencontre a paye 700$us pour 5 jours de safari, de loin le meilleur tarif dont nous ayons entendu parler, alors que nous avons fait 4 jours en Jeep a Uyuni (Bolivie) pour 300$us a deux l'an passe. C'est aussi choquant car le revenu moyen en Tanzanie est de 400$us par an (contre 15000 euros en France). Vous imaginez un couple qui depense 60000euros pour 5 jours dans les Alpes ? Enfin, la consequence de ces sommes folles, c'est l'horreur humaine. Les gens voient le blanc comme une pompe a fric. On s'est renseigne pour louer une voiture a la journee pour un safari. Un vendeur a ose nous dire 700$ par jour !

Aussi, la Tanzanie est le seul pays que nous ayons vu ou les gens demandent de l'argent. En Inde, en Bolivie, en Ouganda, on a bien rencontre quelques personnes qui mendiaient, mais en Tanzanie, les gesn demandent sans hesiter apres 2 minutes de conversation qu'on leur paye le billet d'avion pour la France, ou bien une annee d'etude. D'une maniere generale, les tanzaniens ont ete chaleureux, souriant et accueillant, mais cette question d'argent pose un veritable probleme de relation.

On a depense un total de 1000euros en 19 jours, ce qui en fait un des lieux couteux du tour du monde. Ah oui, vous nous en voudriez si on ne donne pas le taux de change : 1 euro = 2000 Tsh en septembre 2010.

mercredi 6 octobre 2010

Jinja Mbale Kumi Gulu

La sortie de Kampala en minibus semble infinie. Le long de l'axe routier, il y a des boutiques, des marches a n'en plus finir. Puis quand meme c'est la campagne, avecses plantations de bananiers ici et la, les cases avec le toit en chaume, et sur une portion du trajet, des plantations de the a perte de vue, puis de cannes a sucre.Plus loin des marais, envahis de papyrus. Juste avant d'arriver a Jinja, on traverse le Nil sur un barage. C'est le Nil Blanc, mais il est bleu et deja immense.

La ville de Jinja, que tout le monde nous presentait comme magnifique, ne nous emballe pas. A la rigueur, le cote FarWest, avec les rues bien larges, peu peuplees aux heures de la sieste, bordees de maisons au style colonial, n'est pas deplaisant. Mais les gens y sont moins chics qu'a Kampala, sans doute car c'est l'un des rares lieux touristiques ougandais. On voulait s'y reposer quelques jours avant de reprendre la route, et mettre a jour les blogs. Pas de bol, notre hotel fait face a un bar-billard ouvert la nuit : musique et soulards jusqu'a 5h du matin, comme si on y etait. Autre bemol, des connexions internet vraiment pourries. Un peu mieux quand on a realise qu'il vallait mieux y aller aux heures creuses le matin ou en debut d'apres-midi.

Vous allez encore croire qu'on dit du mal, mais une des choses qui nous a marques a Jinja, ce sont les gringos. Surtout des americains, et j'ose dire parmi les plus laids : en surpoids, puant le fric et le Christ a plein nez. Je n'ai rien contre les obeses, les riches ou les chretiens, mais le touriste blanc en Afrique de l'Est appartient souvent a plusieurs de ces categories, roule generalement en 4x4 et dort dans des hotels hauts de gamme. Pas (peu) de traces a nos yeux de ces touristes "routards" qui sillonaient l'Amerique Latine, l'Australie et l'Asie.

Autre reproche a cette ville : son tresor, les sources du Nil. Bien sur, le lieu est magnifique. Le lac Victoria n'en finit pas de se vider et s'enfuir en devenant l'un des plus beaux fleuves du monde. Comme pour marquer son point de depart, on trouve une ile peuplee d'oiseaux. On passe une heure a regarder le soleil se coucher. Plusieurs fois, on voit des envols massifs depuis l'ile, qui viennent peupler le ciel dont le bleu s'assombrit. On comprend que Speke, le premier europeen a decouvrir les lieux y ait passe 6h a les contempler.

Alors de quoi se plaint on ? De l'amenagement. Passe de payer 10000 shillings ougandais (3.50 euros) pour y acceder. Acceptons les boutiques de souvenirs sur le chemin qui permettent a bien des habitants de vivoter. Par contre, les panneaux publicitaires pour biere, ce n'est pas genial, encore moins quand on arrive en bas et que le muret est surmointe d'une grille (inutile), le tout peint en rouge et jaune, les couleurs de la Nile Beer. Et puis surtout, la rangee de bars miteux, avec musique boum-boum ignoble (on adore la musique africaine mais la c'est du boum-boum infame) et billards. Pour aprecier les lieux tranquillement, on est oblige de s'eloigner au maximum, et bien sur il est impossible d'eteindre le boum-boum de base des basses. D'un des points geographiques les plus mythioques d'Afrique, ils ont reussi a faire un endroit aussi sympathique qu'un bar de passes de la banlieu de Newcastle. Bravo !A contrario, la ville de Mbale est tres agreable. On retrouve un anonymat du a l'absence de tourisme de masse. La ville est charmante, sans doute car les larges rues sont peuplees de marchands. Et puis les contreforts du rift africain sont visibles depuis le balcon, avec 3 cascades au loin. On rencontre Edma a la terasse d'un restaurant, ou l'on se regale d'un plat d'epinards a la cacahuete. Elle est revenue dans sa region natale pour enterrer sa mere morte recemment. Elle habite maintenant a Mombasa, sur la cote kenyane, ou elle a ete tailleur avant de prendre sa retraite. Elle se plait au Kenya, un pays nettement plus riche que l'Ouganda. Encore un bon moment, a bavasser et rigoler.

Mbale a ete notre base pour aller decouvrir les peintures prehistoriques de Kakoro. Comme souvent pendant le voyage, c'est surtout un pretexte pour decouvrir un endroit recule. Pour aller a Kakoro, on prend un minibus qui nous pose au croisement de la route principale avec la piste, puis un boda-boda (moto) pour acceder au village. La bas, on est un peu perdus, car personne ne semble connaitre. On nous indique meme le vendeur de peintures et ciment quand on demande les "rock paintings" ! Mais on avait repere une colline avecdes rochers, donc on s'y dirige.

En chemin, on rencontre Laurence, qui va nous guider. Il est etudiant en geographie, reve de devenir journalsite, et circule sur un joli velo. Grace a lui, on peut vraiment decouvrir les champs, les cours de maisons, rigoler avec les gosses qui jouent au foot avec un ballon fait de sacs plastique amasses. On rencontre sa grand-mere, qui nous salue en se mettant a genou, c'est la tradition ici. On fait une photo de famille chez les cousins, puis nous voila a crapahuter dans les rochers, ou sous les fourres. Arrives en haut, la vue est magnifique, sur les champs de mais, pommes de terre, cassava, coton, et sur les maisons, ces petites cases rondes au toits de chaume. Le rocher dresse est spectaculaire, mais les peintures ne sont pas tres impressionantes, en grande partie effacees. Mais ce n'est pas grave, ce n'etait qu'un pretexte, et on se rejouit de faire de la musique en dansant sur un rocher en desequilibre.Sur une plaque de pierre, Laurence nous montre une cereale en train de secher. On dirait des grains de moutarde germes (sorgho ?) Les gens du coin l'utilisent pour faire une biere qu'ils degustent le dimanche dans un grand bidon avecdes pailles. On retrouve la route en faisant un detour. On fait coucou a tout le monde, et on a presque mal aux joues a force de sourire. Ca et les coups de soleil sont les deux taxes d'une journee fabuleuse.
Journee qui n'est pas finie, car une fois rentres et apres une petite sieste, on va au cinema pour voir l'affiche Chelsea-Arsenal, football anglais. La salle est comble, les bancs rajoutes devant sont pleins, et nous sommes assis dans une travee. Le match est bon, et l'ambiance incroyable. Tout le monde crie, applaudit, s'ebahit. Decidement, la ville de Mbale ne nous laisse pas indifferents. Je ne dirai donc pas que je Mbale c...

L'etape suivante, c'est la ville de Kumi, ou l'on s'installe dans le tres chic Green Top Hotel. On prend un boda-boda pour le village de Nyero, ou se trouvent d'autres peintures prehistoriques. Le lieu est moins sauvage qu'a Kakoro. C'est fleche, et on est accueillis par quelques personnes. Pas tres agreable de negocier de maniere informelle le prix d'une visite guidee. On accepte a 6000 shillings. Une fois la question reglee par contre, c'est genial et on rigole beaucoup. La tribu qui vit ici est originaire d'Ethiopie. Apres avoir descendu le Nil Bleu jusqu'a l'actuel Khartoum et remonte le Nil BLanc, ce peuple s'est installe sur des plateaux au Nord de Nyero. Une partie a decide d'aller vivre pres des rochers, une autre de rester sur le plateau. Dispute, dont il reste de nos jours une animosite certaine et de droles de noms : les Vieux Hommes Fatigues au Nord, et Ceux qui sont deja Morts pres des rochers.

Les peintures se trouvent sur 3 sites rapproches. On voit des dieu soleil (cercles concentriques), des canoes, un squelette de crocodile, des echelles, un homme, une femme. Le troisieme site est a l'abri au frais sous un gros rocher. On admire la vue et on bavarde de choses et d'autres. Comme souvent en Afrique, ils demandent de l'aide, mais cette fois ci pas seulement de l'argent. Ils sont contents de savoir qu'on va parler d'eux sur le blog. Ils aimeraient aussi que des investisseurs europeens montent un hotel, et alors ils pourraient officialiser les visites guidees. Il faut dire que l'etat a confisque leurs terres pour proteger les lieux, mais sans payer de compensation, ni amenager le site. Ils n'aiment pas non plus les coreens et les indiens, deja implantes dans la region, avec qui les relations humaines sont difficiles. Ils moquent les musulmans, qu'ils appellent zinga-zinga, c'est a dire "barbus-barbus".

En repartant, l'un d'eux, Otim, nous montre son ecole. Il l'a fondee il y a 4 ans, et elle dispose deja de 4 classes. Elle est construite juste a cote de l'universite que des coreens ont financee. La encore, il demande de l'aide. Quand on lui dit qu'il doit trouver les moyens d'y arriver, il dit que le seul probleme, c'est la construction des batiments, le reste, il le finance. Petite visite des lieux, puis on s'enregistre dans le livre des visiteurs. On rentre en partie avec le "school truck", car ce n'est pas un bus, mais un camion qui transporte les ecoliers, puis en boda-boda. Nouvelle journee magique.Puis on fait le trajet pour venir a Gulu, ou nous voila, a nous reposer une derniere journee en Ouganda, avant de partir a Juba, Soudan, demain matinb. Gulu est un peu une ville frontiere, bien qu'encore a 100km du Soudan. Surtout des commerces, et p[as grand chose de notable. On met les bouts demain, et on ne sait pas trop comment va fonctionner internet au Soudan, alors ne vous inquietez pas si on met un moment a poster le prochain texte.