lundi 24 janvier 2011

...la Venise sur le gâteau

Nous sortons les derniers du ferry et prenons une navette pour nous rapprocher de la gare, et donc du centre-ville. L’occupante d’un minuscule kiosque d’information nous réserve deux chambres dans hôtel proche de la place San Marco. Le vaporetto coûte cher, mais nous sommes crevés, frigorifiés et chargés, alors nous nous offrons le trajet sur le Grand Canal. Autant dire que nous ne le regrettons pas ! Pour finir ce tour du monde, Venise est un cadeau magnifique. Je crois n’avoir jamais vu de ville aussi belle. Chaque façade présente sa mosaïque dorée, sa sculpture en marbre ou son balcon ouvragé. L’eau omniprésente donne une impression étrange d’inondation permanente, ou de cité hissée des fonds sous-marins. L’arrondi des ponts a la grâce d’un point d’orgue à la fin d’une symphonie. Arrivés à l’hôtel, l’émerveillement continue : pour le même prix que la chambre neutre et fonctionnelle que nous avions à côté de la gare d’Athènes (50 euros), nous nous retrouvons ici dans un écrin rose tendre et vert tilleul, rehaussé par les verroteries vénitiennes qui étincellent discrètement autour du miroir et du plafonnier. Le lit est moelleux, la douche brûlante.


Affamés, nous ne nous attardons cependant pas à l’intérieur, et filons dans le petit restaurant conseillé par la réceptionniste. Nous déjeunons avec Marie et Fanfan, qui sont de fort agréable compagnie. Spaghetti en entrée, saumon ensuite, tiramisu en dessert. Ah, la douceur de vivre à l’italienne ! C’est d’autant plus agréable après deux jours de casse-croûtes froids. Nous nous séparons pour la balade de l’après-midi, chaque couple de son côté, flânant en amoureux. Malgré le vent glacial et chargé de pluie, Jérémie et moi restons dehors, happés par la magie des lieux. Les précipitations trop abondantes ont fait déborder les canaux et, quand il n’y a pas les astucieuses passerelles, on se mouille un peu les pieds. Mais, sans se laisser distraire par le manque de confort, nous crapahutons tout l’après-midi, le nez en l’air et le cœur en fête. On a l’impression de découvrir un trésor à chaque coin de rue : placette, statue, église, canal… On peine à imaginer l’opulence extravagante des hommes qui ont érigé cette ville. En fin de journée, transis de froid, nous rentrons enfiler des vêtements secs, avant de retrouver Marie et Fanfan pour le dîner. Ce soir, c’est pizza pour eux, lasagnes pour moi et, en guise de marche digestive, nous cherchons un glacier, duquel nous ressortons avec chacun un cornet à trois boules à la main !

Le lendemain matin, Jérémie et moi partons tôt, sacs au dos, pour prendre le train pour Milan. Nous traversons la plane campagne italienne, éblouissante de neige. De Milan, le trajet sera rapide pour atteindre Monaco, puis Nice. Ce tour du monde en (presque) 420 jours boucle sa boucle…

La cerise sur le bateau...

Avec le retard qu’a pris le train à la frontière gréco-turque dans la nuit, nous ratons de peu la correspondance pour Athènes. Il nous faudra attendre la journée entière à Thessalonique avant de pouvoir continuer jusqu’à la capitale grecque. Par chance, il fait beau, ce qui rend le front de mer plutôt agréable, même si nous ne sommes enchantés ni par la corniche encombrée de voitures, ni par les hauts immeubles qui la bordent. D’ailleurs, nous leur tournons le dos pour nous perdre dans la contemplation des changements de lumière sur l’eau. Des Africains essaient de nous vendre des bracelets brésiliens.

Plus tard, après un pique-nique frugal, nous marchons vers une librairie que nous venons de repérer. Toute à la joie d’entrer dans la boutique, je franchis sans m’en rendre compte une piste cyclable sur laquelle, malheureusement, arrive un vélo. Perdu dans ses pensées, le cycliste ne me voit qu’à la dernière minute et freine au moment où sa roue me heurte la jambe. Plus de peur que de mal, mais je suis stupéfaite que, face à mes excuses, l’homme ne trouve rien de mieux à faire que vociférer ! Certes, j’étais dans mon tort, mais l’ayant reconnu par des excuses et étant dans l’affaire la seule personne lésée (oh, un bleu, tout au plus), je m’attendais à finir sur un sourire, fût-il contrit. Bienvenue en Europe, c’est ça ? L’Eldorado où les gens ne se parlent qu’à travers la loi ? Je me console dans la librairie, où nous finissons tout de même par entrer. Ce beau lieu, impeccablement rangé, avec des livres bien mis en valeur, et une adorable vendeuse, me rappelle qu’il existe encore des îlots protégés de la bêtise. Quoique… N’est-ce pas là où je surprends une vieille mémère en train de replier discrètement la carte routière qu’elle venait de déchirer, pour la remettre en rayon comme si de rien n’était ? Bienvenue en Europe…

Nous prenons le train pour Athènes en fin d’après-midi, heureux de nous rapprocher peu à peu de notre point d’arrivée (ou de départ, selon comme on envisage les choses). Le train est confortable, bien éclairé, propre et, devant nous, un couple d’adolescents s’embrasse à pleine langue. A Athènes, nous aurions voulu continuer notre route directement jusqu’à Patras, mais nous arrivons encore une demi-heure trop tard. Dommage, cette succession de petits loupés, car nous aurions pu être dans le ferry pour l’Italie ce soir, mais il nous faudra à la place dormir à côté de la gare. Le lendemain matin, nous profitons d’un buffet petit-déjeuner qui, enfin, nous réconcilie avec l’Europe, même si la télé et l’indifférence presque impolie de la serveuse pourraient encore nous donner matière à râler.

Faute d’explications, nous ratons presque notre train pour Patras ! Le guichetier ne nous avait pas précisé qu’il y avait une correspondance… Les gens ne communiquent donc pas, ici ? Ah, si, ils se donnent des coups de coude quand ils voient un papa asiatique jouer avec son petit garçon : « Tching tchang, Jacky Chang ! », gloussent deux hommes derrière son dos. Pas besoin de parler grec pour comprendre…

Bref, nous essayons de ne pas déprimer et de profiter de la vue sur la mer, que le train longe de près. Il faut ensuite prendre un bus, car la voie de chemin de fer est en réfection. Le chauffeur conduit comme un dingue, ce qui ne choque personne. En fait, sur une route à double sens, les gens conduisent sur la bande d’arrêt d’urgence, pour laisser les plus rapides doubler. Du coup, la voie principale est réduite, et le bus n’hésite pas à doubler même si un autre véhicule se profile en face. Ça me donne un peu mal au cœur, mais heureusement, le conducteur a choisi une radio de chansons folkloriques délicieusement kitsch. A Patras, il fait froid, et de nombreux zonards errent à proximité des quais d’embarquement. Un Irakien nous aborde pour savoir si un ferry part pour l’Italie ce soir. Nous blaguons deux minutes avec un Sénégalais qui vend des parapluies. Ici, on est aux portes de l’Europe qui fait rêver l’Afrique… Nous restons au bord de l’eau un moment puis, quand nous commençons à avoir trop froid, nous entrons dans un petit restaurant familial où nous nous délectons de soupe de poisson et de pommes de terre. Les nappes à carreaux, la décoration vieillotte mais colorée et le large sourire de la patronne, nous remontent un peu le moral.

Notre ferry pour Venise part à minuit, alors il faut encore tuer un peu de temps, dans le hall d’embarquement et la boutique duty-free pleine de cigarettes, chocolats et parfums. Quand, enfin, nous montons à bord, les camionneurs sont loin d’avoir fini d’embarquer. Nous partons finalement vers 1h. En cette saison (nous sommes fin novembre), le ferry est presque vide. On ne croise que les camionneurs esseulés et quelques voyageurs. Les rangées de sièges vides, les buvettes fermées et le bruit de nos pas sur les moquettes bleues et violettes, donnent une impression bizarre, comme si on avait embarqué sur un vaisseau fantôme. Et puis, il ne fait pas chaud. Pourtant, je suis émerveillée : un si beau gros bateau, je n’avais encore jamais vu ça ! Nous explorons chaque pont de fond en comble, pour finalement conclure qu’il n’y a pas grand-chose à faire, à part dormir, lire et regarder le temps qui file dans l’écume, à l’arrière du bateau. Heureusement, nous faisons la connaissance de Marie et Fanfan, qui rentrent d’un tour d’Europe en stop. Avec eux, on ne s’ennuie pas ! Nous regardons ensemble le paquebot larguer ses amarres et s’éloigner de Patras qui, éclairé dans la nuit, semble presque beau. Au loin, un incroyable pont suspendu se bombe au-dessus de l’eau. Et puis il fait trop froid et trop humide, alors on rentre dormir. Jérémie et moi installons nos duvets par terre, dans un coin ; les cabines étaient bien sûr trop chères. De toute façon, il n’y a personne à la ronde. Seule la lumière trop vive nous gêne un peu.

Au petit matin, à l’escale sur l’île de Corfou, quelques passagers supplémentaires montent à bord. Alors qu’il reste plein de places ailleurs, deux Allemands s’installent juste en face de nous, probablement parce que ces sièges correspondent aux numéros de leurs billets. Ils sont discrets, mais l’odeur de leurs sandwiches au saucisson à l’ail, elle, ne l’est pas, et signe la fin de cette nuit trop courte. Jusqu’à l’arrivée à Venise, ils ne bougeront pas de leurs sièges, les bougres ! Quant à nous, nous refaisons le tour du bateau, Jérémie s’octroie un entraînement complet de karaté tandis que je bouquine, nous profitons d’une belle éclaircie pour admirer en plein air les côtes de la mer Adriatique. Nous passons aussi un bon moment avec Marie et Fanfan, qui nous montrent leur carnet de voyage bourré de photos et de collages. Comme ils ont un ordinateur et des films, nous improvisons un cinéma en posant l’ordinateur sur une poubelle, et on rigole bien en regardant L’Italien. La journée passe finalement plus vite que nous l’avions craint. Les camionneurs, quant à eux, se désennuient en jouant aux machines à sous.

Pour cette deuxième nuit à bord, Jérémie et moi avons repéré l’espace de la classe affaires, complètement inoccupé et, surtout, plongé dans l’obscurité. Ici, nous sommes sûrs de n’être dérangés ni par la lumière, ni par des Allemands mangeurs de saucisson à l’ail ! Quand je me lave le lendemain à l’aube, dans la cabine de WC équipée d’un pommeau de douche, je me dis que je commençais à m’habituer à la vie à bord. Pour autant, plus la côte approche, plus je me sens surexcitée. Il faut dire que ça tient chaud, de sauter partout comme une puce. Parce que Venise fin novembre, c’est humide et froid ! Nous avons beau empiler nos tee-shirts, polairs et cirés, nous réalisons que nous ne sommes vraiment pas équipés pour l’hiver européen. Marie et Fanfan qui, eux, avaient d’abord prévu d’aller en Norvège, nous font envie avec leurs énormes anoraks qui leur donnent des airs de scaphandriers. On a les joues fouettées par le froid, et il nous faut régulièrement nous abriter à l’intérieur pour nous protéger des bourrasques. Mais, peu à peu, Venise émerge de la brume, d’abord grise et informe, puis de plus en plus précise et polychrome. C’est un petit matin de dimanche, et la ville semble morte, immobile dans sa profonde hibernation. Mais j’aperçois soudain un parapluie qui, bien ouvert, trotte menu sur un pont arqué comme un sourcil surpris. Et puis les toits et les clochers finissent par prendre forme, à quelques encablures de notre paquebot pesant qui longe les rives à un rythme lent, comme pour signifier sa majesté face aux vaporetti et, à la fois, son respect pour la ville...

lundi 10 janvier 2011

Le Grand Contournement - Episode 3

Nous passons une journée entière dans la gare routière d’Antakya, à tourner en rond autour du temps trop lent, puis toute une nuit dans un bus qui file vers Istanbul, qui sera notre seule vraie étape en Turquie pour cette fois. Ces derniers moments de voyage ressemblent davantage à un transit immense, ce qui ne nous empêche pas, à l’arrivée, d’être impatients comme des diablotins qui guettent l’ouverture de leur boîte. C’est avec émotion que nous passons l’immense pont suspendu au-dessus du Bosphore, où un large panneau proclame « Welcome in Europe ». Puis, il faut se farcir une heure d’embouteillages avant d’entrer dans une gare routière engorgée, débordant de toutes part de véhicules trop nombreux. Les passagers de notre bus, qui rapportent de leur week-end prolongé des paquets et colis à n’en plus finir, se pressent autour des soutes pour récupérer leurs provisions. Un bidon d’huile d’olives tombe et répand son contenu sombre et visqueux sur le macadam. Pagaille…

Une jeune femme, Funda, avec qui nous avions échangé quelques mots la veille au soir, comprend que nous nous sentons un peu perdus, et se propose de nous accompagner jusqu’au centre. De fil en aiguille, elle décide de nous inviter à prendre le petit-déjeuner chez elle. Un de ses amis, Nejat, est venu la chercher, et se joint à nous. Je réalise avec stupeur que je suis étonnée de retrouver l’amitié hommes-femmes, qui avait totalement disparu dans le monde arabe. Ici, ce n’est ni rare ni mal vu que deux célibataires, amis depuis la fac, se fréquentent hors de toute relation maritale, en tout bien tout honneur. Psychiatre, Funda porte sous les yeux de lourds cernes – elle n’a pas le temps de se reposer, entre sa thèse, les cours qu’elle donne à l’université et, déjà, les quelques patients qu’elle suit, dont une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer et qui parle espagnol et français dans son sommeil. Nejat, quant à lui, faute de pouvoir faire valoir son diplôme de physique, s’est engagé dans la police turque.

Quand nous arrivons à l’appartement de Funda, nous y sommes accueillis par Yasemine, sa petite sœur, qui exerce quant à elle le métier d’institutrice. Alors qu’elle ne parle pas anglais, nous la comprenons bien, grâce à ses amples gesticulations et ses grands éclats de rire. Elle explique que travailler avec des enfants l’aide à se montrer explicite face à n’importe quel interlocuteur. Peu à peu, la table se couvre de plats sucrés et salés. Fromage aux herbes et aux épices, œufs brouillés, baguette fraîche, confitures, Nutella, tomates, concombres… De quoi nous remettre du manque de sommeil qui nous assomme ! L’appartement rappelle incroyablement les studios étudiants que nous avons pu connaître chez des amis parisiens ou lyonnais : poster de Charlie Chaplin, photos sur le frigo, bibliothèque pleine à craquer… Pas de doute, nous sommes bien de retour en Europe. Nous passons une bonne partie de la journée à bavarder avec le joyeux trio, qui nous montre des photos et nous parle d’Istanbul. Avant de nous accompagner au centre, Yasemine se fait un honneur de lire l’avenir de Jérémie dans le marc de son café. Elle lui promet des moments radieux et nous la croyons bien volontiers. Nous ne savons pas quand nous les reverrons, les amis d’Istanbul, mais savoir qu’ils sont là, ça fait chaud au cœur.

Nous trouvons un petit hôtel dans une rue tranquille non loin du quartier touristique. La pizza que nous mangeons pour terminer la journée est garnie de trois sortes de saucisses différentes, et servie par un jeune qui, comme Nejat, se revendique kurde. Funda et Yasemine, quant à elles, mettaient en avant leur appartenance au groupe arabophone. En une journée à peine, je réalise la richesse et la complexité de l’identité turque. Le soir, nous sommes contents que le radiateur fonctionne. C’est la mi-novembre, nous entrons à petits pas dans l’hiver européen.

Pour Jérémie qui la connaissait déjà, comme pour moi qui la découvre, Istanbul est fascinante, avec ses bras de Bosphore et de Corne d’Or chargés de bateaux en mouvement permanent, ses innombrables mosquées comme autant de phares trapus au-dessus de la mer urbaine, ses vendeurs d’anneaux au sésame, dont nous ferons notre régal pour les prochains petits-déjeuners…

Sainte-Sophie, église monumentale bâtie par les Romains, transformée en mosquée par la suite, et en musée aujourd’hui afin de couper court aux éventuelles revendications cultuelles, nous laisse béats d’admiration, tant la vieille pierre grise respire l’orgueil de la bâtisse qui a duré et durera plus que n’importe quel être humain ici-bas. En photo, ça ne rend pas grand-chose, les jeux de lumière sont trop fugaces, les mosaïques dorées accrochées trop haut, les espaces trop volumineux. Mais à voir, on se sent tout petit ! Quant aux mosquées, nous visitons la fameuse Mosquée Bleue, qui porte bien son nom mais nous émeut moins qu’une autre (dont on a oublié le nom), plus loin du centre. Nous arrivons juste à l’heure de la prière du midi, alors nous patientons dans les jardins que le froid rend immobiles et nus. Des chats traversent silencieusement les pelouses endormies. La pierre se fait froide sous nos fesses. Puis, la mosquée se vide et nous pouvons nous asseoir, pieds nus, sur les tapis multicolores, la nuque pliée en arrière à force de détailler les coupoles ouvragées des plafonds, les arches ciselées, les faïences peintes. On entend à peine les marmonnements d’un vieux qui prie. Les bruits de la rue sont dilués dans de l’encre invisible.

Sur les conseils de Funda, nous entrons aussi dans les citernes de la basilique, un imposant espace souterrain presque vidé de son eau pour permettre aux visiteurs de circuler sur des passerelles. Les colonnes, délicatement éclairées à leur base, se reflètent dans le bassin, dans un jeu tremblotant d’ombres et de lumières. Un soir, nous nous baladons sur l’avenue piétonne qui mène à la fameuse place Taksim. Entre les boutiques de fringues clonées sur les tristes modèles européens et américains, s’impose un nombre épatant de librairies. Ça fait plaisir à voir ! Et puis nous visitons le musée d’art moderne, comme partout inégal, entre d’une part des délires d’artistes mégalomanes et/ou dépressifs, et d’autre part de petites merveilles de fantaisie poétique, comme cette sphère décomposée en miroirs et vitres éclairés de l’intérieur, devant laquelle nous restons hypnotisés, retenant presque notre souffle. En sortant, la magie se prolonge d’une autre manière, avec une moussaka fondante servie par un papi en tablier de cuisine dans son minuscule restaurant non loin du musée. Et puis comme il fait doux, nous prenons le temps de contempler le détroit du Bosphore, où les bateaux semblent suivre la course erratique d’auto-tamponneuses, sans bien sûr aller jusqu’à se heurter. Des mouettes profiteuses suivent leur sillage.

On se sent bien, ici. Mais nous reviendrons. Après trois jours, il est temps de repartir, et nous prenons le train de nuit pour Thessalonique, en Grèce. Vers minuit, des douaniers nous tirent du sommeil dans lequel le doux rythme des rails nous a fait basculer. Pour la première fois depuis plus d’un an, nous passons une frontière sans recevoir de tampon sur nos passeports. Nous voici en Union Européenne.