L'arrivee a lieu dans une immense gare routiere hyper moderne. A la descente du bus qui mene au centre ville, une vieille dame nous alpague et nous propose de dormir chez elle moyennant 30 ringgit malaisiens la nuit. On va voir, mais c'est excentre, pas tres joli, et elle est vraiment pas aimable. D'autant plus dommage qu'il; s'agit d'un week-end prolonge a Singapour et que nous mettrons plus d'une heure a tourner en ville avec nos sac-a-dos pour trouver un hotel a prix decent. C'est samedi soir, il y a des touristes de partout, heureusement locaux et pas "gringos". L'arrivee est loin de nous emballer.
Dimanche, la ville est plus tranquille, et on va decouvrir les musees. D'abord celui de la litterature malaisienne, pour le blog pro de Magali. Elle ecrira peut-etre un article dessus, mais on a surtout ete tres decus. Construit pour renforcer l'identite nationale (un musee de l'armee a ete bati au meme moment), il ne presente presque rien d'autre qu'une liste de Cv d'auteurs du XXeme siecle. On ne s'est meme pas fait une idee des themes abordes par la litterature. Plus interessant : le musee d'histoire. En effet, l'histoire de la ville est intimement liee a celle de la peninsule. Fondee par un prince hindou au XIVeme siecle au lieu ou il a vu une petite biche mettre en retraite ses chiens, la ville s'est convertie a l'islam au siecle suivant, puis a ete occupee successivement par les portugais, les hollandais et les anglais.
Il faut dire que le lieu est strategique : a mi distance de l'Inde et la Chine, c'est l'endroit ou s'inversent les moussons de l'Est et de l'Ouest, donc un havre pour les nombreux navires marchands. Les portugais disaient que "celui qui tient Malacca a la main posee sur la gorge de Venise. Cela explique pourquoi ils on pris la ville aussi vite apres l'avoir decouverte. Des leur premiere visite, ils ont ete mal vus, car le capitaine de la flotte a offert un collier au premier ministre, et lui a noue autour du cou de la main gauche, montrant par ce geste que le ministre est de rang inferieur. Quelques mois apres, les portugais revinrent pour envahir la ville mais furent repousses. C'est a leur troisieme tentative qu'ils ont pris possession de la cite, avec l'aide de marchands chinois qui leur ont prete des jonks pour faire une attaque surprise. Mais autant la ville etait un port incontournable avant leur arrivee, celebre notament pour son code de lois maritimes clair et son cosmopolitisme, autant l'obsession de sportugais a maltraiter les autres religions a fait decliner son importance, au profit notament des royaumes de Sumatra, de l'autre cote du detroit. La position strategique du pays nous avait marque de visu a notre arrivee a Singapour, carrefour essentiel des mers asiatiques
.Autre visite passionnante : le palais du sultan, une grande batisse en bois sur trois etages. Les jardins sont reposants, avec des fontaines et des arbres en fleurs. A l'interieur, la cour a ete reconstituee, et on decouvre des costumes splendides, notament la tunique jaune portee par le sultan le jour de son couronnement. Aussi de belles histoires racontees en tableaux, par exemple celle des deux amis Hang Tuah et Hang Jebat. Le premier, en raison de son succes grandissant a la cour, fut accuse a tort de tromper son epouse avec une servante du sultan. Malgre l'intervention du premier ministre qui ne croit pas ces ragots, le sultan le condamne a mort et confie son execution au premier ministre, qui cache Hang Tuah plutot que de le tuer. Apprenant la decision du sultan, Hang Jebat decide de venger son ami et attaque le palais. Nul ne parvient a l'arreter. Quand le sultan apprend de son premier ministre que Hang Tuah est toujours en vie, il le fait amener pour calmer la fureur de Hang Jebat. Lors de leurs retrouvailles, Hang Jebat est heureux de retrouver son ami, mais celui-ci lui reproche d'avoir amnque de respect au sultan en attaquant le palais pour venger sa mort. Hang Tuah provoque Hang Jebat en duel et le vainc apres un long combat. A la fin, il prend son ami mourrant dans ses bras, et Hang Jebat lui confie l'education de son fils. Presque une legende, mais c'est une histoire vraie...
Pour le reste, le centre ville est assez joli, avec son quartier chinois sur une rive et les restes historiques du fort et le quartier de l'eglise de l'autre. Pour autant, on n'a pas aime plus que ca parce que c'est trop touristique. Par exemple, il y a des ribambelles de velo-taxis decores de fleurs et guirlandes electriques. Jolis et amusants, on comprend que les grands-parents malaisiens y emmenent leurs petits-enfants pour leur montrer la vie d'avant, mais on en a utilise des "vrais", pas touristiques, a Java il y a trois semaines. C'est en nous eloignant du centre qu'on a repris du plaisir, a traverser un quartier residentiel joli et paisible, pour arriver au cimetiere chinois. Le lieu est serein, juste trouble par les joggers (preuve que la Malaisie est un pays riche) et les moustiques. Plus bas, un cimetiere musulman, tres different, avec des tombes rectangulaires avec deux steles se faisant face, l'une aux pieds, l'autre a la tete. On aprecie ces lieux tranquilles, car la prochaine etape, Kuala Lumpur, s'annonce agitee !