Warda, la soeur de Foad, est ravie de nous recevoir. Son mari, Ahmed, est aussi tres accueillant, mais il part faire la sieste, car il travaille de nuit comme cammionneur : il fait la tournee des fermes pour amener les poulets au marche. Leur tresor, c'est Habiba, "petit amour", leur fille d'un an, qui nous adore. On regarde les photos de famille, on fait aussi beaucoup de photos. Magali assiste Warda dans la preparation de poisson et riz pilaf. Le repas est presente sur un grand plateau. On mange le poisson, frit a la poele avec une sauce a l'ail, a la main, ce qui est tres pratique pour enlever les arêtes. On se regale, tandis qu'Habiba gambade. Elle a un deambulateur pour bebe, tres utile car elle peut courir partout sans se faire mal, et sans pouvoir attraper des objets aussi nefastes qu'un cendrier.
Une fois la nuit tombee, vers 17h, Foad nous emmene au bord du lac voisin du canal de Suez. Le lieu est une des sorties habituelles des gens du coin. Il nous fait embarquer sur un bateau "discotheque". Lumieres et projecteurs dasn tous les sens, sono a fond, une dizaines de filles (voiles) dansent pour s'amuser, tandis que le bateau fait des ronds dans l'eau. On n'aurait jamais fait ca tous seuls, mais on en garde un bon souvenir. Foad a flashe sur une des danseuses, que l'on prend en photo. Un bon moment, avant de rentrer.
L'appartement qu'habite Foad avec sa mere est moins chic que chez Warda, mais quand meme spacieux et confortable4. Il n'y a pas le satellite, alors la seule chaine en anglais est Top Movies, qui ne passé que des films d'horreur. On rigole, et Foad ajoute a son vocabulaire d'anglais le slogan de la chaine : Freeze Your Blood ! On opte finalement pour une chaine qui passé des vieux films arabes en noir et blanc. Par chance, l'un d'eux est sous-titre en francais. C'est fantastique de se dire qu'on a passé la journee ensemble, alors que Foad a tout juste une cinquantaine de mots d'anglais, et nous une dizaine en arabe. Pourtant, on se comprend si bien ! Son ami Ima qui nous rejoin en soiree parle mieux l'anglais. Il cherche souvent ses mots, mais comprend bien ce qu'on dit, et on peut vraiment discuter. On se couche a minuit, dans la chambre de Foad, vetus tous deux de galabia (djelaba) pretees. On dort comme des bebes, et on emerge vers 11h le lendemain matin.
Le petit dejeuner, que l'on mange au sol sur un plateau, se compose de ful, de concombres, de fromage frais et de tomates, que l'on deguste a la main avec du pain. C'est bon et sa tient au corps. Puis on part render visite a Ima. En chemin, Foad nous montre l'atelier ou il travaille. Il est ferronier. On rencontre son patron, un homme moustachu sympathique qui nous offer deux Fantas. Ima habite chez ses parents, avec sa grand-mere, au 4eme etage d'un immeuble. Il a un ordinateur, mais internet ne fonctionne pas aujourd'hui. On regarde des clips et on ecoute des chansons, notamment de Mohammed Foad, un chanteur célèbre don’t le nom est devenu le surnom "Foad", car notre ami a la meme voix : c'est fantastique de l'entendre chanter. On prend le the. Amusant de noter qu'ici la question n'est pas "avec ou sans sucre", mais de savoir si l'on veut deux ou trios cuilleres !
Sur le balcon ou Ima et Foad fument leurs cigarettes en cachette seche le maillot fetiche d'Ima. C'est celui de l'equipe de football d'Ismailia, une des fiertes de la ville. Une des trios meilleures equipes d'Egypte, et qui a la gloire d'avoir ete la premiere equipe arabe a remporter la coupe d'Afrique des clubs champions.
Dans l'apres-midi, on quitte la mere et la grand-mere de Ima pour aller au canal de Suez. On part en "Zarlula", c'est a dire dans une Seat brinquebalante d'un age respectable, le mien, puisqu'elle date de 1982. Foad au Volant peine a passer les vitesses. Zarlula cale souvent, et parfois refuse de redemarrer, si bien qu'Ima et moi sortons pousser. Le klaxon ne fonctionne plus. Les feux et clignotants si, mais les manettes sont cassees et il faut pousser les restes du bout des doigts. Beaucoup de defaults contre une veritable qualite : Zarlula roule ! Elle roule, et nous emmene au canal de Suez, que l'on franchit sur une barge. Impressionnant de voir passer un petrolier entre deux bandes de desert. Foad et Ima nous emmenent au memorial des guerres contre Israel. Ima nous raconte son service militaire, effectue dansle Sinai. Comme il etait bon tireur, il avait plus de permissions. Foad n'en a pas fait. Drole de systeme en Egypte, ou seuls les natifs d'un certain mois de l'annee sont tenus au service. On visite une sorte de statue geant en forme de baionnette. A l'interieur, des peintures de guerre devant lesquelles Foad prend des poses heroiques.
Nouveau trajet en Zarlula, et nous voila a la gare routiere, ou l'on apprend que le seul bus pour Nuweiba part a 21h. On hesite a partir le soir meme, mais nous sommes invites chez Warda. Rester un jour de plus ne nous pose problem qu'uniquement parce que nous sommes a la charge totale de Foad. On reste, et on glissera quelques billets sous son matelas, car autant son accueil nous touché, autant nous sommes genes de ne pouvoir participer aux frais.
Donc on profite du poulets et des macaronis de Warda, encore un festin ! Habiba est en pleine forme, trop heureuse de nous retrouveer. Ahmed est reveille. Il me demande combine coute un camion Peugeot en France, et voudrait que je lui en revende un ! Magali et Warda jouent a trois-p'tits-chats. A la tele, Nicolas Cage sauve le monde. Il est plus de minuit quand nous montons nous coucher.
Nous sommes epuises, et nous nous levons a peine a midi. Foad nous emmene en ville. On boit du the et une infusion d'anis dans une boutique de filters a eau, ou travaille un de ses amis, puis onv a sur internet, pour utiliser Google Translator et discuter un peu mieux. Assez vite, Foad demande si on peut lui ecrire une letter d'invitation pour venir en France. Bien sur que l'on peut, mais ons e doute aussi que ce n'est pas si simple. On regarde en ligne, et on est ecoeures. Pour un visa touristqieu, il faut fournir plus de 15 documents different, incluant fiche de paye, releve bancaire et certificate d'assurance. Dans un pays ou la majeure partie de l'economie est informelle, cela se traduit en clair par "pas de bougnoules chez nous !" Nous eprouvons une profonde honte de notre pays.