mercredi 17 novembre 2010

A Ismailia, il y a...

Apres notre coup de fil, Foad arrive en 20 minutes. Les retrouvailles sont chaleureuses. Comme nous n'avons pas pu consulter internet, nous n'avons aucune idee du programme qu'il nous a concocte. On part, puis on revient 5 minutes apres pour reprendre nos sacs et quitter l'hotel. On dormira chez lui. Il nous emmene d'abord chez sa soeur, ou on arrive apres 15 minutes de trajet en minibus. L'appartement au rez-de-chausse est spacieux et magnifique : une double piece a vivre, couverte de tapis au sol, et dont les murs sont longes par des fauteuils et canapés. La tele est allumee en permanence. Heureuse presence qui evite les "blancs dans la conversation. Foad choisit des chaines en anglais, avec sous-titres en arabe. On voit surtout des nanards, mais aussi quelques bons films.

Warda, la soeur de Foad, est ravie de nous recevoir. Son mari, Ahmed, est aussi tres accueillant, mais il part faire la sieste, car il travaille de nuit comme cammionneur : il fait la tournee des fermes pour amener les poulets au marche. Leur tresor, c'est Habiba, "petit amour", leur fille d'un an, qui nous adore. On regarde les photos de famille, on fait aussi beaucoup de photos. Magali assiste Warda dans la preparation de poisson et riz pilaf. Le repas est presente sur un grand plateau. On mange le poisson, frit a la poele avec une sauce a l'ail, a la main, ce qui est tres pratique pour enlever les arêtes. On se regale, tandis qu'Habiba gambade. Elle a un deambulateur pour bebe, tres utile car elle peut courir partout sans se faire mal, et sans pouvoir attraper des objets aussi nefastes qu'un cendrier.

Une fois la nuit tombee, vers 17h, Foad nous emmene au bord du lac voisin du canal de Suez. Le lieu est une des sorties habituelles des gens du coin. Il nous fait embarquer sur un bateau "discotheque". Lumieres et projecteurs dasn tous les sens, sono a fond, une dizaines de filles (voiles) dansent pour s'amuser, tandis que le bateau fait des ronds dans l'eau. On n'aurait jamais fait ca tous seuls, mais on en garde un bon souvenir. Foad a flashe sur une des danseuses, que l'on prend en photo. Un bon moment, avant de rentrer.

L'appartement qu'habite Foad avec sa mere est moins chic que chez Warda, mais quand meme spacieux et confortable4. Il n'y a pas le satellite, alors la seule chaine en anglais est Top Movies, qui ne passé que des films d'horreur. On rigole, et Foad ajoute a son vocabulaire d'anglais le slogan de la chaine : Freeze Your Blood ! On opte finalement pour une chaine qui passé des vieux films arabes en noir et blanc. Par chance, l'un d'eux est sous-titre en francais. C'est fantastique de se dire qu'on a passé la journee ensemble, alors que Foad a tout juste une cinquantaine de mots d'anglais, et nous une dizaine en arabe. Pourtant, on se comprend si bien ! Son ami Ima qui nous rejoin en soiree parle mieux l'anglais. Il cherche souvent ses mots, mais comprend bien ce qu'on dit, et on peut vraiment discuter. On se couche a minuit, dans la chambre de Foad, vetus tous deux de galabia (djelaba) pretees. On dort comme des bebes, et on emerge vers 11h le lendemain matin.

Le petit dejeuner, que l'on mange au sol sur un plateau, se compose de ful, de concombres, de fromage frais et de tomates, que l'on deguste a la main avec du pain. C'est bon et sa tient au corps. Puis on part render visite a Ima. En chemin, Foad nous montre l'atelier ou il travaille. Il est ferronier. On rencontre son patron, un homme moustachu sympathique qui nous offer deux Fantas. Ima habite chez ses parents, avec sa grand-mere, au 4eme etage d'un immeuble. Il a un ordinateur, mais internet ne fonctionne pas aujourd'hui. On regarde des clips et on ecoute des chansons, notamment de Mohammed Foad, un chanteur célèbre don’t le nom est devenu le surnom "Foad", car notre ami a la meme voix : c'est fantastique de l'entendre chanter. On prend le the. Amusant de noter qu'ici la question n'est pas "avec ou sans sucre", mais de savoir si l'on veut deux ou trios cuilleres !

Sur le balcon ou Ima et Foad fument leurs cigarettes en cachette seche le maillot fetiche d'Ima. C'est celui de l'equipe de football d'Ismailia, une des fiertes de la ville. Une des trios meilleures equipes d'Egypte, et qui a la gloire d'avoir ete la premiere equipe arabe a remporter la coupe d'Afrique des clubs champions.

Dans l'apres-midi, on quitte la mere et la grand-mere de Ima pour aller au canal de Suez. On part en "Zarlula", c'est a dire dans une Seat brinquebalante d'un age respectable, le mien, puisqu'elle date de 1982. Foad au Volant peine a passer les vitesses. Zarlula cale souvent, et parfois refuse de redemarrer, si bien qu'Ima et moi sortons pousser. Le klaxon ne fonctionne plus. Les feux et clignotants si, mais les manettes sont cassees et il faut pousser les restes du bout des doigts. Beaucoup de defaults contre une veritable qualite : Zarlula roule ! Elle roule, et nous emmene au canal de Suez, que l'on franchit sur une barge. Impressionnant de voir passer un petrolier entre deux bandes de desert. Foad et Ima nous emmenent au memorial des guerres contre Israel. Ima nous raconte son service militaire, effectue dansle Sinai. Comme il etait bon tireur, il avait plus de permissions. Foad n'en a pas fait. Drole de systeme en Egypte, ou seuls les natifs d'un certain mois de l'annee sont tenus au service. On visite une sorte de statue geant en forme de baionnette. A l'interieur, des peintures de guerre devant lesquelles Foad prend des poses heroiques.

Nouveau trajet en Zarlula, et nous voila a la gare routiere, ou l'on apprend que le seul bus pour Nuweiba part a 21h. On hesite a partir le soir meme, mais nous sommes invites chez Warda. Rester un jour de plus ne nous pose problem qu'uniquement parce que nous sommes a la charge totale de Foad. On reste, et on glissera quelques billets sous son matelas, car autant son accueil nous touché, autant nous sommes genes de ne pouvoir participer aux frais.


Donc on profite du poulets et des macaronis de Warda, encore un festin ! Habiba est en pleine forme, trop heureuse de nous retrouveer. Ahmed est reveille. Il me demande combine coute un camion Peugeot en France, et voudrait que je lui en revende un ! Magali et Warda jouent a trois-p'tits-chats. A la tele, Nicolas Cage sauve le monde. Il est plus de minuit quand nous montons nous coucher.


Nous sommes epuises, et nous nous levons a peine a midi. Foad nous emmene en ville. On boit du the et une infusion d'anis dans une boutique de filters a eau, ou travaille un de ses amis, puis onv a sur internet, pour utiliser Google Translator et discuter un peu mieux. Assez vite, Foad demande si on peut lui ecrire une letter d'invitation pour venir en France. Bien sur que l'on peut, mais ons e doute aussi que ce n'est pas si simple. On regarde en ligne, et on est ecoeures. Pour un visa touristqieu, il faut fournir plus de 15 documents different, incluant fiche de paye, releve bancaire et certificate d'assurance. Dans un pays ou la majeure partie de l'economie est informelle, cela se traduit en clair par "pas de bougnoules chez nous !" Nous eprouvons une profonde honte de notre pays.

On repasse chez Ima. Sa mere nous accueille avec un sourire radieux; celui de la grand-mere a moitie aveugle, mais ravie de nous savoir ici, nous rechauffe le Coeur. Par chance, internet fonctionne, si bien qu'on peut prolonger la discussion, et surtout montrer notre blog, que Foad lit en arabe grace a Google Translator. La traduction doit etre souvent incomprehensible, mais d'autre part elle doit donner une idée de ce qu'on raconte. L'apres-midi s'ecoule doucement. On passe la soiree dans l'atelier ou Foad et Ima bossent avec des copains. Ils fabriquent des souvenirs pour tourists qui sont vendus a Sharm-el-Sheikh. Drole de voir cet entre-sols poussiereux, avec un amas de cornes de moutons. Mohammed et Slam nous oofrent des colliers et un petit tambourin, don’t nous avons la chance de voir la fabrication, avec un morceau de tube en PVC pour faire la caisse de resonance, et des perles de chapelet au bout d'une ficelle. Dernier trajet en Zarlula, et nous voila au bus, prevu a 21h, qui partira a minuit. Drole d'impression de nous retrouver seuls, après trios journees fantastiques et inoubliables. On ne sait pas quand, mais on reviendra voir les amis d'Ismailia !

vendredi 12 novembre 2010

Alexandrie, la cite des alexandrins

Confortable et rapide, le train entre le Caire et Alexandrie est un des meilleurs moyens de transport que nous ayons connu pendant le voyage. On file comme le vent a travers le delta du Nil. Tout est vert, tout est cultive. L'arrivee a Alexandrie est impressionnante. Au bout d'une succession de champs se trouve une rangee d'immeubles qui marquent le debut de la ville. En 20m, on passe d'une campagne agricole a un urbanisme total. Arrives a Alexandrie, on se croirait a Marseille. Les immeubles sont cossus. La ville est bien plus "bourgeoise" que Le Caire. Il y a des boutiques modernes tout le long des rues : telephonie, photographie, cuir, vetements, chaussures, sacs, restaurants... On se croirait dans un centre commecial, et d'ailleurs, on n'a jamais reussi a se reperer dans ce dedale de rues commercantes.

On dejeune chez Mohamed Ahmed, un restaurant toujours bonde, qui sert un ful fantastique, accompagne de falafels, salade, betteraves, humus et navets au vinaigre. C'est le ventre plein et les papilles ravies que nous apercevons enfin la mer Mediterranee. Drole d'impression que le voyage est fini, meme si le retour va prendre quelques semaines. On s'assied sur la corniche, a regarder la mer bleue.

Le bord de mer est magnifique, meme si on regrette un peu qu'il soit longe de si pres par une 2x5 voies qui fait un rafus du diable. Un apres-midi, on a longe la cote sur 8km pour rejoindreun drole de pont, tendu au dessus d'une petite baie avec une plage. Le lieu est etrange, et on se demande qui a finance un tel ouvrage qui permet seulement de ne pas faire un detour de 400m le long de la cote !En passant devant l'opera, on decouvre qu'on a la chance d'etre present sle jour de la comedie musicale Toutankamon. On se fait une fete d'y aller le soir meme. On a pris des places au balcon, presque plein axe, et il y aura orchestre et ballet. Mais a notre arrivee, on dechante tres vite. Le videur nous arrete d'un agrressif "formal dress", qui signifie que nos fringues de bourlingueurs ne sont pas adaptees. Merci de ne pas avoir prevenu a l'achat des billets. On a pourtant un peu de chance, car un vieux monsieur elegant (dont on apprendra peu apres qu'il ets l'un des hommes d'affaire les plus importants d'Alexandrie) s'assure que nous puissions entrer quand meme. On est traites comme des parias. On nous fait entrer quand le spectacle est deja commence, pour ne pas choquer les bourgeois endimanches, et on nous place dans une loge vide, completemetn excentree, d'ou on ne voit pas toute la scene.

Le pire, c'est qu'en fait le spectacle est pitoyable. Il y a bien ballet et orchestre, mais le fond musical est un rock basic dans des amplis bien trop forts. Les choregraphies sont caricaturales de l'Egypte des pharaons, avec des poses de profil a n'en plus finir. Le scenario est affligeant, les blagues eculees. Les musiciens de l'orchestre s'ennuient tellement qu'ils manquent parfois leur temps, ce qui ne derange meme pas le chef d'orchestre, qui lui aussi n'est present que pour toucher sa paye. On realise a quel point la situation est ridicule, avec cette bourgeoisie qui applaudit a tout rompre un spectacle de si mauvais gout. C'est la sortie officielle, ou tout le monde est habille tres chic, dans ce club ferme, qui se veut aristocratique, mais qui s'ebahit devant du sous-Disney. On part a l'entracte, sans regrets.Plus enrichissante aura ete la visite de la grande bibliotheque d'Alexandrie. Le site est magnifique, sur la corniche longeant le bord de mer. Le batiment principal est a plan circulaire, et en grande partie entoure d'eau. Sur l'esplanade, une boule noir striee renferme le planetarium. Symboliquement, c'est la terre qui tourne autour du soleil. Comme Magali a fait un sujet pour son blog pro, on a pu vraiment profiter des lieux. D'abord, une visite guidee rien que pour nous, puis on a rencontre la responsable de la bibliotheque proprement dite, et celle du service francophonie. Les musees au sous-sol sont assez beaux, mais ce qui est fantastique, c'est la salle de lecture grande comme un hall de gare. L'eclairage naturel est concu de telle sorte que la lumiere du soleil n'atteint jamais les ouvrages directement. Il y a 7 niveaux differents, qui decoupent l'espace en parties a taille humaine. Le lieu donne vraiment envie de lire et d'etudier. On y passe la journee, il est presque 16h quand on a fini les entretiens et qu'on s'installe a la cafeteria, profiter de salades, et d'un plateau fromage ! On vous dit qu'on a l'impression de rentrer en France ! On repasse meme le lendemain pour faire des photos de l'exterieur avec une belle lumiere.

Le samedi, on aurait aime partir dans la matinee, mais il n'y a que deux trains pour Ismailia : un a 4h30 (plus de plce en seconde classe), et un a 16h. On arrive donc de nuit a destination, ou Internet est en panne. On n'a donc pas de nouvelles de notre ami Foad, rencontre sur le bateau entre le Soudan et l'Egypte, et qui nous a invites a lui rendre visite. On prevoit de l'appeller le lendemain matin.

Take Caire

La ville du Caire est une des plus vieilles du monde, mais ce qui nous frappe en arrivant, c'est l'impression de richesse, et de retour sinon en Europe, du moins au monde mediterraneen. Elle est tres dense, pleine d'immeubles qui ont souvent une dizaine d'etages, et peuplee de voitures particulieres engendrant des bouchons infinis (sauf peut-etre entre 2 et 4h le matin). L'animation y est incessante, et se deplacer s'avere un plaisir si l'on veut flaner, une corvee quand la fatigue nous pousse a rentrer. Autre impression de retour en France : le metro. Nous n'en avions pas utilise depuis Calcutta. On s'est cru a Paris a peine arrives dans le couloir, et pour cause : il a ete bati par une compagnie francaise. Tout est construit sur le modele RATP : les guichets, les barrieres, les rames de metro, jusqu'aux carreaux des couloirs et aux escaliers qui n'en finissent pas de monter et descendre.

On s'installe juste au Nord de la gare, dans un hotel au nom prometteur : Happy Dreams. On s'y sent tres bien, dans son charme desuet, son mobilier des annees 60, sa terrasse avec vue sur la ville. Emil et Edouard se relayent a l'accueil, assistes d'un manchot sympathique et d'un veritable personnage de dessin anime : un petit gros au visage rond et jovial. Dommage qu'il y ait tant de cafards. Tout se trouve dans le quartier, alors on y prend nos petites habitudes : falafels et sandwiches de chips dans un boui-boui, patisserie au coin de la rue, internet pas loin derriere.Au Caire, les gens sont toujours pres a nous renseigner, on n'a jamais vraiment le temps de sortir la carte si on est perdus. Ils aiment discuter un brin, ou seulement nous souhaiter la bienvenue. En une balade de 3h, on a compte 30 personnes qui nous ont dit "welcome", toujours avec un sourire ravi.

Une de nos priorites dans la capitale egyptienne etait de faire des entretiens pour le blog pro de Magali. On rencontre une jeune libraire pour enfants, le premiere en Egypte, installe tout pres d'un quartier appelle Bolak, car du temps ou les crues du Nil rythmaient la vie egyptienne, a cet endroit se trouvait un "beau lac", dont seul le nom a survecu. Interessant de voir a quel point l'Egypte est francophile. Autre rencontre : un jeune editeur prenomme Sherif, qui arbore un Tshirt Superman. On passe la journee avec lui et des amis qui travaillent aussi dans l'edition. Il nous invite a manger un Koshari, plat typique egyptien a base de nouilles, lentilles, pois chiches, arose de sauce tomate et d'oignons frits, le tout releve par du vinaigre blanc. On discute de tout et de rien, c'est a dire de l'Egypte. On s'entend si bien que Sherif nous reinvite deux jours pus tard, pour uen soiree gastronomique. Quelques sandwiches de saucisse epicee en aperitif, puis on va fumer la chicha et boire un jus de mangue dans un bar dedie a Om Khotom, LA chanteuse star egyptienne des annees 50-60. Balade de nuit dans le vieux Caire, un quartier certe touristique, mais ou les gens vivent encore. Sherif nous montre le sportes qui servaient a fermer les quartiers la nuit, pour se proteger des voleurs. Les francais, qui ont occupe l'Egypte pendant 3 ans sous Napoleon, ont voulu supprimer ces portes, ce qui leur a valu une revolte complete. Il est 23h quand on arrive au restaurant : Prince. On y fait un des meilleurs festins du voyage, en tous cas le plusc opieux : humus et creme d'aubergine en amuse-gueule, un plat de saucisse, un autre de viande, un molokhaye, c'est a dire une soupe a l'ail et une sorte d'epinard local, et surtout du foie de dromadaire, regal divin, et un tajine de queue de vache pour lequel je vendrais ma mere ! On rentre en voiture et on traverse un pont construit par Eiffel. Le lieu a tant de cachet, dominant la pointe Nord de l'ile de Zamalek, qu'il a ete utilise plus d'une fois comme decor de cinema. Nos estomacs sont pleins a craquer, si bien que nous gardons le dessert, un riz au lait a se damner, pour le petit-dejeuner du lendemain. Oui, on a repris quelques kilos en Egypte !

Bien sur, nous avons visite le musee national egyptien. Ca fait drole de retrouver le circuit touristique ou se deversent des cars entiers par dizaines, et puis l'organisation egyptienne n'est pas fantastique : on passe trois barages avec controle avant d'entrer dans le musee, et c'est seulement au dernier qu'on nous dit que l'appareil photo est interdit, et qu'il faut ressortir le mettre a al consigne. N'empeche qu'une fois a l'interieur, les pieces sont fantastiques. Des statues en pagaille, mais ce qu'on a prefere, ce sont les sarcophages peints de quantites de details presentants des dieux, des scarabes ailes et mille figures mythologiques. Les tresors de Toutankamon sont aussi la-bas, et j'ai ete fascine par la statue a taille reelle, en costume d'or, qui m'a donne l'impression de comprendre la grandeur du pharaon : l'homme dieu sur terre. On y a passe trois heures, c'est la faim qui nous a chasses ! Le musee d'art oderne au contraire nous a beaucoup decus. Quelques toiles et sculptures interessantes, mais on a vraiment eu l'impression de voir des croutes.Enfin, nous avons ete a Giza, voir les fameuses pyramides. C'est drole, parce que c'est un peu comme le Taj Mahal. En fait, on connaissait deja, on avait vu tellement de photos. Bien sur, c'est impressionnant, et on se demande comment ils ont pu deplacer les blocs de pierre gigantesques. En plus, il y avait quelques nuages de sorte que j'ai pu faire quelques photos en jouant sur l'ombre et la lumiere. N'empeche, on a trouve presque plus rigolo le trajet en buis avec les ecoliers qui riaient parce qu'on parlait trois mots d'arabe. Pour autant, on aurait regrette de ne pas voir ce site fascinant, surtout pour la verticalite des pyramides, une forme qui ne peut que ravir un matheux.

mercredi 3 novembre 2010

Tout en Camion et le reste en train

Vu que les taxis a l'arrivee du ferry mentent comme des arracheurs de dents, on prend un transport au bord de la route, qui nous mene a une station intermediaire, d'ou nous pouvons aller au centre d'Assouan. Les premiers nous offrent le transport, tandis que le charge de tickets du minibus tente de nous faire payer dix fois le prix. Il aura suffi de 15 minutes pour comprendre tout le paradoxe du voyage en Egypte. Un pays riche (on arrive du Soudan) ou les gens sont adorables, fantastiques, mais ou le tourisme de masse et l'argent qu'il amene rend aveugle, mauvais et menteur. Le personnel de l'hotel El Safa, proche de la gare, est accueillant et adorable. L'un d'eux imite Donald en parlant, tous sont souriants et ravis que l'on parle quelques mots d'arabe (une dizaine tout au plus). Par contre, un restaurateur fait payer plus cher que sa carte en anglais, elle meme deja plus chere que sa carte en arabe.

A la pizzeria ou nous prenons nos habitudes, car leur pizza orientale avec pate feuilletee fourree de basturma est un delice, la note est avec ou sans taxe en fonction de la sympathie du serveur. La pharmacienne est ravie de nous voir, mais le marchand de fruits nous arnaque.

On comprend vite pourquoi les choses sont ainsi. Il suffit d'aller sur les quais du Nil. Une des pires visions d'horreur du voyage : les bateaux de luxe pour croisiere. Il y en a alignes sur des kilometres, en triple, voire quadruple file. Sur le toit se trouvent la piscine, et les gringos et gringettes en maillot de bain. Le long de l'avenue, des caleches alpaguent les touristes. La deuxieme rue parallele, c'est le bazaar. On n'avait jamais vu ca : il fait un kilometre de long, bien pave propre comme un sou neuf, et garanti 100 % arnaque a toursite : pas un egyptien n'y fait des achats.

On voit des obeses americains enfiler des djellabah, et on reconnait dans l'oeil du vendeur le sourire rieur du mec qui va faire une sacree bonne affaire. Il suffit de ralentir le pas ou de touner la tete vers une boutique pour se faire heler par une demi douzaine de vendeurs. Resultat des courses : le centre-ville est invivable, et on reste a l'hotel pour se reposer et faire avancer nos blogs.

Notre sortie a Assouan a ete d'aller voir le lieu dit "tombes des nobles". On traverse le Nil par un petit ferry,qui tente de nous faire payer 5 pounds, alors que les gens du coin payent 50 piastres (centimes de pounds). On s'engueule et on finit par passer pour 1 pound. Heureusement, la visite de l'autre cote a ete magnifique. A mi-hauteur de la colline, creusees dans la falaise, se trouvent une serie de tombes. On visite l'interieur, ou l'on admire quelques gravures, mais surtout des peintures incroyablement bien conservees.

On reconnait les nobles, presentant des piles d'offrandes : canards, fruits, carottes... Plus loin une eglise en ruines, avec des peintures d'archanges sur les parties de la voute qui tiennent encore. La derniere tombe est magnifique. Le mur d'entree est grave d'un chasseur avec sa lance, sur une barque. Les gardiens, qui nous ouvrent les grilles sont sympathiques et rieurs. L'un d'eux nous fait des tours de magie avec des allumettes. Une belle matinee, d'autant plus qu'on la prolonge en grimpant au sommet de la colline, d'ou l'on domine le fleuve, la ville et le desert.

C'est en train qu'on quitte Assouan, pour Edfu, 100km au Nord. On espere trouver une ville qui ne soit pas pourrie par le tourisme, mais c'est rate. Le temple est en plein centre ville, et des gringos par dizaines circulent en caleche. On se sent tres mal a l'aise la bas, car les gens sont stupefaits et mauvais de nous voir au supermarche, au point que le caissier a meme essayer de se garder la monnaie comme pourboire !
Alors qu'on prevoyait d'y rester quelques jours pour souffler et faire avancer les blogs, on reste juste une nuit, et on decide de ne pas aller a Luxor, parce que ce genre d'ambiance est insupportable.Au moins, on a visite le temple d'Edfu, et lui ne nous a pas decus.

Il parait que c'est le mieux conserve d'Egypte. En fait, il est presque intact, ne serait ce les visages qui ont ete massacres par le schretiens abrutis qui ont transforme les lieux en eglise au debut de l'ere chretienne. Le petit temple annexe etait deja le plus beau que nous ayions vu, mais c'est en arrivant devant la facade qu'on hallucine vraiment. Elle est gigantesque, et entierement gravee, de processions de dieux, de rois, et de tireurs de lances.
On a passe 3h sur les lieux. Le temple est long de peut-etre 100m, large de 30 et haut de 12. Une cour interieure, puis on peut entrer. Le toit est toujours la, soutenu par des colonnes monumentales. Tout est grave, de dieux a tetes d'animaux et de hieroglyphes a n'en plus finir. Apres avoir vu ce lieu, on s'est aussi dit que voir des temples effondres serait moins interessant.On a donc pris le train pour Assyut, une ville qu'on a choisie sur la carte de maniere a faire une halte avant Le Caire, et surtout parce qu'aucun site touristique n'est situe a proximite.

On arrive trop tot a la gare, et un controlleur adorable, Mustafa, nous offre un the et se met en tete de nous apprendre l'arabe. On passe plus d'une heure ensemble, et bien sur on a tout oublie : les couleurs, les meubles, les arbres et la vocabulaire de la gare. On se souvient de "lampa", mais c'est trop facile !
Puis 6h de train en troisieme classe. Le paysage est monotone : des champs et des dattiers, puis des villes sales et delabrees, puis ca recommence, aussi morne que la plaine du Gange. Arrives a Assyut, il n'y a plus aucun touriste, ce qui n'empeche pas le premier hotel qu'on essaye d'etre plein. On va au suivant, qui a de la place et est beau et propre. Le receptionniste prend nos passeports, et demande ou est mon nom sur le passeport de Magali. Il lui faut une preuve qu'on est maries. On lui explique que ca ne se fait pas comme ca en France, que notre certificat de mariage est a la maison, mais rien n'y fait, il repete comme un robot qu'il lui faut un certificat de mariage. On teste l'hotel d'a cote, et heureusement eux n'insistent pas.

On savait que la loi egyptienne interdit aux couples non marries de dormir dans la meme chambre d'hotel, mais on sait aussi que ca ne s'applique pas aux touristes...qui ne viennentpas a Assyut ! Drole de sentiment de nager entre deux eaux dans ce pays. En ville, on fait un festin pour 3 fois rien, on rencontre un ancien ingenieur de chez Siemens, qui nous invite a boir le the, et on achete un kilo de patisseries, car le vendeur est trop enthousiaste. On croit que c'est trop, mais on les mangera sans probleem dans le train le lendemain.

Quand je repense a ces touristes en maillot de bain sur leur bateau, dans ce pays ou les femmes sont voilees, beaucoup integralement, je me dis que pour les gens du coin, ca doit faire la meme impression que si des japonais faisaient une partouze devant Notre Dame. Incroyable, et pourtant, on le tolererait s'ils payaient 30 euros pour un kebab sans frites ni boisson !

Le desert comme dessert

Nous arrivons a Karima en debut d'apres-midi. Le soleil est ecrasant, et apres avoir dejeune dans le bus, une seule chose nous fait envie : la sieste. On trouve l'hotel Nassr, on pose les sacs, et le gerant nous annonce que nous devons aller a la police, a un kilometre de la, pour faire une autorisation de sejour a Karima. On s'execute. Cette ville nubienne ressemble au desert qui l'entoure. Les rues sont tres larges, en terre battue pour la plupart, avec un arbre ici ou la, a l'ombre duquel on trouve
generalement de gros pots en terre, qui contiennent de l'eau potable. A cette heure la, il n'y a pas grand monde a l'exterieur des murs blancs. Juste un ou deux tuk-tuks, et du linge qui seche. Le policier qui nous enregistre et nous fournit nos autoristaions est adorable. On peut enfin rentrer siester sous notre ventilateur. On s'endort d'un sommeil lourd, car la chaleur nous assome.

Heureusement, contrairement a Khartoum ou les immeubles et l'asphalte n'en finissent pas de renvoyer la nuit la chaleur emmagasinnee le jour, la fraicheur descend vite a Karima. Des la fin de l'apres-midi, quand le soleil cogne moins durement, on sent que le fond de l'air n'est pas si desagreable, surtout quand une brise legere se leve. On prend deux grandes bouteilles d'eau, et on part visiter le site de Jebel Barkal. Les gardiens discutent un peu, puis nous laissent aller voir le site avant de payer, car le responsable n'est pas encore la. "Jebel" signifie "montagne" en arabe, et si le mot peut paraitre exagere quand on pense a l'Himalaya, le site n'en est aps moins spectaculaire. On comprend qu'elle soit "Barakal", c'est a dire "sacree". Elle est entouree de falaise aux 3/4, et un piton rocheux s'en detache legerement, dresse, fascinant, tel un cobra pret a bondir.

C'est juste a l'Est de la colline qu'etaient batis les temples d'Amon et Tut. Les ruines sont chargees d'emotion, car elles sont tres peu rebaties, et sont
deja reconquises par le sable du desert, si bien qu'on se croit explorateurs decouvrant les lieux. Certaines pierres sont gravees, souvent de hieroglyphes, mais on trouve aussi un visage, et les corps incomplets de deux archers. Enfin arrive sur les lieux, le responsable nous ouvre la porte du temple de Tut. A l'interieur, on decouvre tout d'abord une statue un peu usee du dieu Bes, un petit gros jovial protecteur des femmes et enfants. L'interieur est entierement grave. Il etait aussi peint, mais l'usure du temps a efface la peinture, dauf au plafond ou brille encore un magnifique ciel etoile.

Les scenes figurent l'origine divine du roi, dont la mere a ete aimee du dieu en haut de Jebel Barkal. A la sortie, deux colonnes sont surplombees de tetes sculptees. C'est la premiere fois que je vois un site egyptien, et l'atmosphere est fantastique, dans la lumiere douce du couchant. On continue le tour de la montagne dans le sens des aiguilles d'une montre, et nous voila a l'Ouest, pres du cimetiere moderne, qui longe le cimnetiere le plus ancien, c'est-a-dire les pyramides.

Elles ne sont pas bien grandes, mais il y en a 5 rapprochees et 3 autres un peu plus loin. Surtout, on les a pour nous tous seuls, dans le desert, avec le soleil rougeoyant qui descend. On termine notre belle excursion en grimpant au sommet de Jebel Barkal. Le soleil passe sous l'horizon, le Nil, borde de dattiers et de plantations, coule du Nord vers le Sud, la ville de Karima s'eclaire lentement, les enfants finissent leur partie de foot, et nous planons, quelque part entre ciel et terre. Une sacree montagne !

Le site d'El Kuru n'est pas desservi par les minibus, car aujourd'hui, c'est vendredi matin. On prend un taxi. Le chauffeur est peu bavard, mais il conduit lentement de sorte qu'on peut admirer les canyons du desert, ou les vertes plantations selon qu'on est eloignes ou proche du Nil. Sur place, le gardien nous fait descendre dans deux voutes peintes. De nombreux dieux sont presents, qui a tete de faucon, qui a tete d'ibis, ou de fennec, ou meme de crocodile. Sur le mur oppose, une servante fait respirer a la reine, allongee sur le ventre, une fleur de lotus afin qu'elle revive dans l'autre monde. Ici aussi, le ciel etoile est presque intact. A peine deretour, on saute dans le minibus pour Dongola. L'air du desert est si chaud qu'il ne vaut mieux pas ouvrir la fenetre en grand. En 200km, on croise deux maisons, au pied d'antennes de telecommunication. Le desert dans toute sa splendeur, qu'on est heureux de traverser a 100km/h.

Dongola est une ville paisible, ou morne, question de point de vue. On y trouve un hotel climatise, et on passe deux jours a dormir et regarder latele (assez hallucinant de voir le Diable s'habille en Prada depuis une ville soudanaise !) On fait de belles rencontres, comme Solayman, un papy qu'on croise un soir dans les champs pres du Nil. Il nous explique qu'il vaut mieux avoir une seule femme. Lui en a 4 et doit tout payer 4 fois : vetements, chaussures... Incroyable tout ce qu'on peut raconter sans qu'il parle anglais, ni nous arabe ! Plus loin, un berger qui rentre ses chevres sollicite notre aide pour leur bloquer un passage.

On rencontre aussi Amin, un guide au francais impeccable, qui nous fait visiter le salon de l'agriculture de Dongola. Lui et son ami Abdel Kader peuvent tout organiser dans une region qu'ils connaissent tres bien : tour en dromadaire dans le desert, circuit en Jeep pour voir des sites archeologiques, reservation d'hotel... On n'a besoin de rien de tout ca, alors on boit le the, et on mange un plat de poisson exquis.

Apres deux jours de tele-clim, l'arrivee a Kerma nous replonge dans la realite soudanaise. Un hotel minable ou on se lave au baquet, mais ou le gerant nous fournit la seule chambre privee avec ventilateur. On mange pres du souq, un plat de ful delicieux, qu'on accompagne d'un poulet epice divin, et le patron nous offre meme un plat de viande de boeuf, pour nous faire gouter. Les repas soudanais sont si copieux, qu'on n'en fait que deux par jour ! On visite le site de Defufa, seuls encore une fois, sur cette drole de structure en briques : comme un pave geant qui surplombe une ville dont les archeologues ont reconstitue le plan. C'est le plus vieux batiment connu aussi au Sud en Afrique. Il y a une telle etrangete de ces civilisations qu'on peine a les imaginer. Au retour, on marche un peu car les minibus pour Kerma sont pleins. Tout le monde nous salue, et il y en a du monde, car la nuit tombe, et chaque famille sort boire le the sur le pas de la porte, tandis que les gamins jouent au ballon, ou font des courses en velo.

Le lendemain, on prend le petit dejeuner, on boit du the, on discute avec les gens du coin, on les prend en photos, le tout pour attendre que se remplisse le minibus pour Abri. Apres 3 bonnes heures, on decolle enfin. Encore 3h de route, et nous voila a Abri. On demande le bus pour Wadi Halfa, et le responsable du bureau a juste le temps de nous faire une bonne blague avec une fausse glace dont la boule nous saute a la figure, avant de nous faire monter dans un pick-up, qui rejoint la route principale ou nous attend un grand bus climatise. Plus que 2h de route a la fraiche, mais dans le vacarme assourdissant d'un film arabe ou tout le monde s'engueule avec tout le monde, et nous voila a Wadi Halfa, alias" bout du monde land".

On revoit beaucoup de gringos pour la premiere fois depuis Dar Es Salaam. Ca nous fait drole, alors on se refugie en haut de la colline, pour surplomber la ville et le lac Nasser. Coincee entre les eaux du lac et un desert infini (rien a moins de 200km) la ville de Wadi Halfa voit le mardi soir son seul jour d'activite, car les passagers du ferry hebdomadaire arrivent du Sud ou d'Egypte, et se croisent avant de repartir le lendemain. Deux egyptiens, Moasrin et Nassr nous inviotent a prendre le the. On les retrouve le lendemain sur le bateau, ainsi que Foad, qui rentre a Ismailia apres avoir travaille au Soudan. Les 3 sont heureux de retrouver leur pays. On discute du mieux qu'on peut, ce qui fait passer les longues heures du trajet.

A la tombee de la nuit, on realise que le bateau a coupe les moteurs, et derive. On comprend que c'est l'heure ou l'equipage fait sa priere. Ils sont fous ces musulmans ! D'ailleurs, a 4h du matin, le muezzin (ou plutot son enregistrement) hurle au haut-parleur et plein de gens montent sur le pont faire la priere, tournes vers le Nord-Est. C'est aussi ca, le rythme de vue du Soudan, ou nous avons souvent vu des dizaines de personnes prier ensemble dans la rue, bloquant parfois la circulation. Mais soyons clairs, les jeunes egyptiens qui nous accompagnaient trouvaient aussi cela completement dingue. Et puis on se rendort, pour finir une nuit ou nous avions deja ete reveilles par nos amis, pour admirer les fantastiques statues d'Abu Simbel, aux portes Sud de l'Egypte. Vision rapide et eloignee dans la nuit : 4 statues majestueuses, eclairees par des projecteurs, tandis que nous replongeons dans la nuit. Nous voila en Egypte.