A la pizzeria ou nous prenons nos habitudes, car leur pizza orientale avec pate feuilletee fourree de basturma est un delice, la note est avec ou sans taxe en fonction de la sympathie du serveur. La pharmacienne est ravie de nous voir, mais le marchand de fruits nous arnaque.
On comprend vite pourquoi les choses sont ainsi. Il suffit d'aller sur les quais du Nil. Une des pires visions d'horreur du voyage : les bateaux de luxe pour croisiere. Il y en a alignes sur des kilometres, en triple, voire quadruple file. Sur le toit se trouvent la piscine, et les gringos et gringettes en maillot de bain. Le long de l'avenue, des caleches alpaguent les touristes. La deuxieme rue parallele, c'est le bazaar. On n'avait jamais vu ca : il fait un kilometre de long, bien pave propre comme un sou neuf, et garanti 100 % arnaque a toursite : pas un egyptien n'y fait des achats.
On voit des obeses americains enfiler des djellabah, et on reconnait dans l'oeil du vendeur le sourire rieur du mec qui va faire une sacree bonne affaire. Il suffit de ralentir le pas ou de touner la tete vers une boutique pour se faire heler par une demi douzaine de vendeurs. Resultat des courses : le centre-ville est invivable, et on reste a l'hotel pour se reposer et faire avancer nos blogs.
Notre sortie a Assouan a ete d'aller voir le lieu dit "tombes des nobles". On traverse le Nil par un petit ferry,qui tente de nous faire payer 5 pounds, alors que les gens du coin payent 50 piastres (centimes de pounds). On s'engueule et on finit par passer pour 1 pound. Heureusement, la visite de l'autre cote a ete magnifique. A mi-hauteur de la colline, creusees dans la falaise, se trouvent une serie de tombes. On visite l'interieur, ou l'on admire quelques gravures, mais surtout des peintures incroyablement bien conservees.
On reconnait les nobles, presentant des piles d'offrandes : canards, fruits, carottes... Plus loin une eglise en ruines, avec des peintures d'archanges sur les parties de la voute qui tiennent encore. La derniere tombe est magnifique. Le mur d'entree est grave d'un chasseur avec sa lance, sur une barque. Les gardiens, qui nous ouvrent les grilles sont sympathiques et rieurs. L'un d'eux nous fait des tours de magie avec des allumettes. Une belle matinee, d'autant plus qu'on la prolonge en grimpant au sommet de la colline, d'ou l'on domine le fleuve, la ville et le desert.
C'est en train qu'on quitte Assouan, pour Edfu, 100km au Nord. On espere trouver une ville qui ne soit pas pourrie par le tourisme, mais c'est rate. Le temple est en plein centre ville, et des gringos par dizaines circulent en caleche. On se sent tres mal a l'aise la bas, car les gens sont stupefaits et mauvais de nous voir au supermarche, au point que le caissier a meme essayer de se garder la monnaie comme pourboire !
Alors qu'on prevoyait d'y rester quelques jours pour souffler et faire avancer les blogs, on reste juste une nuit, et on decide de ne pas aller a Luxor, parce que ce genre d'ambiance est insupportable.Au moins, on a visite le temple d'Edfu, et lui ne nous a pas decus.
Il parait que c'est le mieux conserve d'Egypte. En fait, il est presque intact, ne serait ce les visages qui ont ete massacres par le schretiens abrutis qui ont transforme les lieux en eglise au debut de l'ere chretienne. Le petit temple annexe etait deja le plus beau que nous ayions vu, mais c'est en arrivant devant la facade qu'on hallucine vraiment. Elle est gigantesque, et entierement gravee, de processions de dieux, de rois, et de tireurs de lances.
On a passe 3h sur les lieux. Le temple est long de peut-etre 100m, large de 30 et haut de 12. Une cour interieure, puis on peut entrer. Le toit est toujours la, soutenu par des colonnes monumentales. Tout est grave, de dieux a tetes d'animaux et de hieroglyphes a n'en plus finir. Apres avoir vu ce lieu, on s'est aussi dit que voir des temples effondres serait moins interessant.On a donc pris le train pour Assyut, une ville qu'on a choisie sur la carte de maniere a faire une halte avant Le Caire, et surtout parce qu'aucun site touristique n'est situe a proximite.
On arrive trop tot a la gare, et un controlleur adorable, Mustafa, nous offre un the et se met en tete de nous apprendre l'arabe. On passe plus d'une heure ensemble, et bien sur on a tout oublie : les couleurs, les meubles, les arbres et la vocabulaire de la gare. On se souvient de "lampa", mais c'est trop facile !
Puis 6h de train en troisieme classe. Le paysage est monotone : des champs et des dattiers, puis des villes sales et delabrees, puis ca recommence, aussi morne que la plaine du Gange. Arrives a Assyut, il n'y a plus aucun touriste, ce qui n'empeche pas le premier hotel qu'on essaye d'etre plein. On va au suivant, qui a de la place et est beau et propre. Le receptionniste prend nos passeports, et demande ou est mon nom sur le passeport de Magali. Il lui faut une preuve qu'on est maries. On lui explique que ca ne se fait pas comme ca en France, que notre certificat de mariage est a la maison, mais rien n'y fait, il repete comme un robot qu'il lui faut un certificat de mariage. On teste l'hotel d'a cote, et heureusement eux n'insistent pas.
On savait que la loi egyptienne interdit aux couples non marries de dormir dans la meme chambre d'hotel, mais on sait aussi que ca ne s'applique pas aux touristes...qui ne viennentpas a Assyut ! Drole de sentiment de nager entre deux eaux dans ce pays. En ville, on fait un festin pour 3 fois rien, on rencontre un ancien ingenieur de chez Siemens, qui nous invite a boir le the, et on achete un kilo de patisseries, car le vendeur est trop enthousiaste. On croit que c'est trop, mais on les mangera sans probleem dans le train le lendemain.
Quand je repense a ces touristes en maillot de bain sur leur bateau, dans ce pays ou les femmes sont voilees, beaucoup integralement, je me dis que pour les gens du coin, ca doit faire la meme impression que si des japonais faisaient une partouze devant Notre Dame. Incroyable, et pourtant, on le tolererait s'ils payaient 30 euros pour un kebab sans frites ni boisson !
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