mardi 16 février 2010

Dans la jungle guatemalteque

Leves tres tot apres la soiree bien arrosee de Placencia, nous prenons trois bus successifs, un taxi, passons la frontiere, puis encore deux bus pour une longue journee de trajet jusqu'a Tikal, de nouveau au Guatemala. Un parc naturel protege ou se trouvent les ruines d'une des plus grandes cites Mayas. Arrives apres 15h, notre billet est vallable pour la soiree et pour la journee du lendemain. Nous nous depechons de planter la tente, avant de penetrer sur le site.

Marche d'approche dans la foret qui s'assombrit deja, avant de nous trouver nez-a-nez avec une pyramide de 30m, denudee en pleine jungle. Assis sur la pyramide d'en face, nous contemplons la lumniere du couchant qui monte peu a peu sur la place centrale. On se prend a rever de ceremonies costumees, de sacrifices et de retour triomphale de conquetes...

Le lendemain a l'aube, nous repartons sur le site. Pas si loin, nous entendons des rugissements : le jaguar peut-etre ? Du sommet de la plus haute pyramide (65m), nous admirons la lumiere du levant qui perce parfois les nuages et apercevons des perruches et toucans qui volent au dessus de la foret. A la descente, un guide nous explique que les rugissements sont le fait de singes hurleurs. Nous ne les verrons pas, mais plusieurs groupes de singes araignee sautent de branche en branche au dessus de nos tetes. Le site est immense, et nus le sillonons en tous sens. Plusieurs pyramides sont encore recouvertes d'herbes et de buissons, seuls les gros arbres dont les racines brisent la roche ont ete coupes. Seuls bemols : la chaleur qui monte jusqu'a devenir etouffante, et les hordes de touristes qui beuglent, effrayant les nombreux oiseaux que nous voyions le matin.

Nous quittons le site a midi pour Flores, la petite ville sur une ile en face de Santa Elena. Resolument touristique, la ville est desagreable, chere, et les guides nous harcelent. Mais nous sommes venus pour trouver un tour operateur nous permettant de visiter le site de El Mirador, une autre cite Maya, beaucoup plus ancienne que Tikal, et surtout beaucoup plus reculee : il faut deux jours de marche dans la jungle pour y aller. Alors que nous n'y croyions plus, nous avons trouve unbe agence qui propose le trajet a un budget convenable. Nous serons six compagnons, un guide et un arriero (le type qui s'occupe des mules).

Leves a 4h20, le trajet commence par trois heures de bus pour Carmelita, la fin de la piste, un lieu encore ravitaille en avion il y a une vingtaine d'annees. Le temps de dejeuner et de charger les mules et nous partons a 10h30, par une chaleur pesante. Les autres membres du groupe : Matthew, un canadien de 19 ans qui voyage seul, Andrew et Suzy deux jeunes aussi canadiens et Milana, une jeune polonaise, galopent comme des cabris. Il fait chaud, nous ne verrons aucun animal, si ce n'est une colonie de tiques, qui recouvre Andrew lorsqu'il s'ecarte du sentier : il passera pres d'une heure a s'assurer qu'aucune n'a pris racine ! La recompense du soir, quand meme, c'est le couchant du haut d'une pyramide dans la cite Maya de Tintal, quasiment pas fouillee, ou nous montons le camp. La soiree n'est pas passionnante, ca discute petards, alcool et insultes en anglais et en espagnol. Le soir alors que nous sommes couches dans la tente, nous entendons le guide donner une lecon de polonais a MIlana : "mas c'est "plus", "cerca" c'est "pret", "de ti" c'est "de toi", ca fait "mas cerca de ti"...

Pour etre a notre rythme, plus tranquille, et profiter des animaux, Magali et moi partons avant le groupe, des le lever du soleil. Bien nous a pris : nous voyons de nombreux singes araignee, d'immenses colonies de termites, des toucans, des pics epeiches a tete rouge vif, des pics roux qui se gavent de fourmis, des poules sauvages, des dindons a crete rouge. Nous entendons aussi des grenouilles croasser en permanence, mais impossible de les voir. J'ai meme l'honneur de bavarder (enfin grogner) avec un vieux singe hurleur solitaire : une sacree rencontre ! Arretes au pied d'un arbre, nous entendons un grognement : un coup a droite, un coup a gauche. Mais ou se cache t'il donc, ce fichu cochon sauvage. Nous levons la tete; ce n'est pas un grognement, mais le vrombissement d'un colibri. Encore un bel eclat de rire ! Un autre quand le guide nous apprend que les soi-disant croassements entendus sont le cri du toucan ! D'ailleurs, il y a plusieurs especes de toucans. Pres du camps, nous en verrons une colonie de rouge et vert en train de gober des fruits. Pour completer notre bestiaire, mentionnons aussi le petit serpent corail, et les araignees nocturnes, dont les yeux brillent dans la nuit sous les fourres, refletant la lumiere des lampes de poche.

Le soir, en haut de la pyramide Tigre du site El Mirador, nous essayons d'admirer le coucher du soleil, mais le ciel est couvert, et les canadiens surexcites d'avoir roule un immense petard. Bof bof ! Toutefois, le site est incroyable : cette pyramide du Tigre ne tiendrait pas sur la place centrale de Tikal. Seul le sommet est degage. Pour le reste, on dirait vraiment une colline dans la jungle. Pas etonnant que cette ville n'ait ete decouverte qu'en 1972 ! Nous revenons le lendemain a l'aube, pour une seance de tai chi au lever du soleil, face a une autre pyramide : la Danta.

La troisieme journee de trek est consacree a la decouverte de la ville engloutie. Les pyramides principales sont disposees suivant un plan qui reproduit une partie de la constellation d'Orion, comme une cite celeste descendue sur terre. Angel, notre guide de 22 ans, nous raconte des legendes tirees du Popol Vuh, le livre sacre des Mayas, comme celle des jumeaux champions du sport favori des Mayas (a mi chemin entre le football et le basket) qui descendent jouer une partie en enfer, contre le diable, pour recuperer la tete de leur pere decapite. Nous voyons des sculptures de ces jumeaux dans une des rares parties deja fouillees de la cite.

Le clou du spectacle (c'est con cette expression, y'a pas de clou dans un spectacle), c'est une ancienne colline amenagee par les Mayas. Sur 300m de large et 600 de long, une esplanade trone a 10m de hauteur. Sur icelle, 10m plus haut, une autre esplanade mesure 100m par 200. On y trouve un observatoir astronomique, deux petites pyramides, un terre-plein central dedie aux ceremonies, et une immense pyramide tronquee de 30m de haut sur la troncature de laquelle se trouvent quatre petites pyramides et une grande de 20m de haut. C'est le sommet, ou vivait le chef politique de la cite. Sans doute les Mayas avaient ils une hierarchie sociale pyramidale ! Ah oui, pour imaginer la scene que nous voyons, seule la derniere pyramide est degagee, ainsi que quelques petites parties d'escaliers. Tout le reste est noye sous la jungle. Difficile de croire qu'a l'epoque, le site etait recouvert de stuc et peint en rouge !

Le soir, Magali se couche tot, mais je me joins a la soiree petards rhum. On rigole bien, d'autant plus qu'on a ete rejoints par deux autres canadiens barbus : Marc et Steve. Le jeune Matthew, qui ne supporte plus le hamac, va dormir dans une tente eloignee. Je l'y accompagne pour profiter de la foret, et nous manquons de nous perdre dans le labyrinthe des tentes sur pieds mais desertes qui accueillent les archeologues en ete ( environ 200 personnes vivent ici de juin a septembre). Au retour dans la clairiere, je decouvre Orion majestueux, qui trone au zenith, tirant a l'arc, avec son chien a ses cotes !

Quatrieme matin du trek, encore leves aux aurores pour repartir a Tintal. La marche se fait sans histoires, Magali et moi discutons de tout et de rien, jusqu'a la plus belle surprise du trek : en train de brouter le long du chemin, nous decouvrons un animal assez enorme (plus gros qu'un veau). Tout a coup, il renifle l'air avec sa petite trompe. C'est la qu'il nous detecte et s'enfuit en courant comme un lapin, mais nettement plus balourd : patapom, patapom. C'etait un tapir ! L'animal le plus gros de la jungle guatemalteque. Nous arrivons vers 16h a Tintal, tous epuises, mais heureux de pouvoir enfin nous reposer apres ces huit heures de marche. PLus qu'une petite journee, et enfin un de nos treks se passera sans accrocs !

2 commentaires:

  1. retata et taratata28 février 2010 à 00:39

    pas possible un treck sans anicroche!!!!!!!!!!!
    Et moi j'ai 2 choses à dire: j'adore le patapom que j'imagine trés bien et serait ce l'humour de mon neveu que je retrouve dans la remarque sur l'absence de clous dans un spectacles ce qui est d'ailleur idiot puisqu'il y a des spectacles de tout même de menuisier faisant leur travail ou de maréchal ferrand (oui oui ils ont des clous!)comme on peut en voir dans des fêtes médiévales par exemple. Pfffffffffffff neveu tu me déçois!!

    RépondreSupprimer
  2. Il n'empeche que les clous de tes spectacles ne sont pas des clous du spectacle ! Ou alors, c'est ton spectacle qui ne vaut pas un clou !

    ton digne neveu indigne

    RépondreSupprimer