Nous sommes entrés les premiers dans l'avion, ce qui nous faisait une belle jambe, vu qu'il était presque vide. Mais nous vous le confirmons, on est nettement mieux installé en business class. En plus, on a le droit de manger dans des vraies assiettes, avec de vrais couverts. Nous étions en train de trinquer au mousseux (faute de champagne), quand Jérémie a aperçu par le hublot ce qui semblait être une cigarette géante. Je vous le donne Emile, comme dirait ce bon vieux Coluche, c'était le cratère du volcan Arenal qui brillait dans la nuit ! Un beau cadeau d'au-revoir au Costa Rica.
Arrivés de nuit à Guatemala (Guate pour les intimes), capitale du Guatemala, nous avons été emmenés par un chauffeur de taxi à un hôtel aussi spacieux que désert, au parfum désuet bien sympathique. Les rues de la ville ont beau former un quadrillage presque parfait, nous nous y sommes souvent perdus. C'est allé mieux quand nous avons compris que la suite aride de numéros des adresses désignaient la zone, la rue, le bloc et le bâtiment. Nettement moins poétique que nos rues Victor Hugo et compagnie ! Pour trouver un plan de la ville, nous avons dû faire une queue monstrueuse dans une librairie overbookée par... la rentrée des classes !
Cette ville de 4 millions d'habitants ne présente à vrai dire pas grand intérêt, mais les gens y sont adorables. Plusieurs fois, dans un restaurant ou dans la rue, on nous a adressé la parole pour savoir ce que nous faisions là. Il ne doit pas y avoir souvent de gringos à Guate ! Un homme a partagé avec nous une orange saupoudrée de pepita (une graine ressemblant à celle du tournesol) et, nous prenant pour des Américains, s'est confié à nous. Marié à une Américaine et ayant vécu cinq ans aux Etats-Unis, il ne peut plus y retourner depuis quatre ans, parce que son casier judiciaire mentionne qu'il a possédé une arme, apparemment un pistolet de sac à main, alors qu'il ne s'en est jamais servi. Considéré comme un terroriste potentiel par le Patriot Act, ce qui le désespère, il fait des petits boulots à Guate (usine, agent de sécurité), en attendant que son dossier soit réexaminé. Outre le fait qu'il soit séparé de sa femme et qu'il gagne moins bien sa vie qu'aux Etats-Unis, il est confronté à la violence de la ville jusque dans sa vie professionnelle.
C'est vrai qu'il s'agit d'une des villes les plus dangereuses du monde... Nous ne l'avons appris qu'une fois sur place. De toute façon, c'est vite vu : devant les banques, les pharmacies, les restaurants, il y a des gardes armés de fusils à pompe. Les autres commerçants se retranchent derrière des grilles. Dès la nuit tombée, à partir de 18h30, l'activité dans les rues se réduit drastiquement. A 20 heures, tout est fermé, restaurants inclus, comme si un couvre-feu implicite était en vigueur.
Malgré tout, nous avons beaucoup apprécié les quelques jours passés là-bas, à prendre le bus pour rencontre mes différents contacts dans le monde du livre : deux femmes qui organisent des ateliers d'écriture pour enfants, deux jeunes aussi drôles qu'enthousiastes qui plaident pour une édition sans livres, un éditeur de sciences humaines la veille de son procès en appel pour une histoire de droits d'auteurs soi-disant non respectés (en fait, apparemment une sombre affaire d'intimidation). Plus bientôt, sur mon blog pro !
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