dimanche 30 mai 2010

Jakarta - Sans titre

D'abord, quelqu'un nous a dit que Jakarta comptait 30 millions d'habitants (il croyait peut-etre que j'etais une vraie marseillaise). Ca nous a fait un peu peur, mais en realite, la ville n'a "que" 12 milliuons d'habitants. C'est suffisant pour qu'on se sente un peu perdus en arrivants, mais a vrai dire, on commence a connaitre de bonnes ficelles : par exemple, sortir de la gare et s'elogner de quelques metres avant de chercher un moyen d'aller ou l'on veut. Strategie gagnante dans la capitale indonesienne, car la gare routiere est quasiement en face de celle des trains. Pas besoin de negocier le sprix avec un chauffeur de taxi, ou de taxi-scooter, ces tricycles baches ou l'on tient a deux et qui petaradent aux cotes des centaines de scooters individuels, qui ont souvent une ou deux voies reservees a cote de celles des voitures. L'arrivee se passe donc bien, nous trouvons sans probleme la rue des hotels pas chers : Jalan Jaksa. Elle porte malheureusement bien son nom, car dans notre gamme de prix, Jaksa, y'a que ca. Hors de cette petite rue que l'on rebaptiserait volontier "gringoland", on ne trouve dans les environs que des hotels d'hommes d'affaires. La premiere nuit, nous grelottons sous une clim mal reglee et dans une odeur de murs humides. La deuxieme, nous optons pour un peu moins miteux, mais un concert aux decibels debiles nous tient eveilles jusqu'a 2h du matin, avec Bob Marley, les Beatles et Michael Jackson gueules pour des touristes imbibes de Heineken. Voila pourquoi nous en venons a fuir comme des nids de guepes ces lieux consacres tout entiers aux etrangers en vacances.

Pour le reste, Jakarta dilue assez vite l'homme blanc dans la foule, qui continue de lui sourire et de lui demander ou il va, question plus importante en Indonesie que le d'ou tu viens ? Nous avons besoin de nous poser pour nous reposer, et puis pour mon projet autour des livres, nous avons 4 rendez-vous. Du coup, une semaine complete nous laisse le temps de decouvrir un peu la ville. Presque tous les matins, nous longeons la meme grande avenue. A chaque fois, nous passons devant le meme vendeur de cafe instantane et de nouilles a cuisson rapide, qui appuie son velo charge de sachets et de thermos contre la grille d'une banque. Il est toujours en pleine discussion avec une poignee de gars, et personne ne semble remarquer qu'un gros coq blanc parade sur le trottoir (c'est peut-etre le sien ?).

Nos narines n'arriveront pas a narrer la noirceur de leurs parois pressurees de pollution. En semaine, les voitures, scooters, tricycles motorises, bus, 4x4, forment un flot furieux dans des rues larges comme des fleuves. On a appris a traverser un peu n'importe ou ens e jetant dans la melee avec un signe nonchalant de la main. Par endroit, des ponts pietons au dessus de la route permettent de survoler la melee survoltee. Le week-end, la circulation s'apaise un peu et l'on peut voir des conducteurs de manege pour les enfants. A l'avant de leur velo, ils ont installe quatre petit chevaux, qui montent et descendent quand le pedaleur s'active. C'est aussi le moment ou les vendeurs de cerfs-volants arpentent les parcs. On dirait qu'ils pechent des images dans le ciel...

Lorsque nous allons pour la premiere fois sur la place des musees, au Nord de la ville, le bus suit une grosse manifestation de gens vetus en rouge et blanc, les couleurs du courage et de l'honnetete brandies par le drapeau indonesien. Plus loin, des moines boudhistes pieds nus sur le bitume, tete nue sous des ombrelles en satin jaune, sont escortes par une foule dense qui leur offre des sacs pleins de provisions. Sur la place, des enfants pedalent, coiffes de chapeuax assortis a la couleur de leur velo : les deux se louent en meme temps. Un vendeur de boissons fraiches vient bavarder avec nous, et quand nous revenosn quelques jours plus tard, il nous reconnait et nous causons encore. C'est dire s'il y a peu de touristes a Jakarta !

Le jour ou nous rencontrons John McGlynn, un traducteur americain qui a monte une maison d'edition destinee a promouvoir la litterature indonesienne a l'etranger, nous decouvrons a quel point la morphologie de la ville s'avere changeante. A la sortie des metrobus, nous sommes environnes de buildings qui montent la garde de part et d'autre d'une 2x4 voies. Sur le trottoir, des hommes allonges en equilibre sur leur scooter nous saluent (hello mister), et nous proposent leur service de taxi. Nous continuons a pied, et nous voila soudain dans une rue bordee au premier plan de stands mobiles de bakso (boulettes de viande), nasi goreng (riz frit) ou jus de fruit, au second plan de boutiques de reprographie, "potokopi", cartes de visite, pancartes et autres. Nous demandons notre chemin a un vendeur de durian, alias "fruit qui pue", assis a l'arriere de son camion dans l'odeur effarante de sa marchandise a gros piquants. Plus loin, des joueurs d'echec nous saluent (hello mister) et nous indiquent le chemin. On finit par trouver. La maison d'edition est dans ce qui ressemble a un quartier residentiel "a la francaise", avec rues etroites, maisons individuelles et clotures. A la fin de l'entretien, John nous invite chez lui a boire une Bintang (biere indonesienne). Son immense maison est peuplee d'un visage de 2m de haut, d'un dirigeable en bouteilles de shampoing, de personnages en noir et blanc et autres oeuvres d'art...

C'est presque une constante a Jakarta que nos entretiens se doublent d'une invitation. Stella Maris, auteure de livres pour enfants, nous emmene manger indonesien. Non seulement on s'est regales de salades de pommes de terre, poulet frit disparaissant sous une montagen de panure, tofu cuit et cru, poisson aux epices, mais en plus on s'est dilate l'estomac comme ca ne nous etait pas arrive depuis longtemps ! C'est logique, les portions sont habituellement proportionnelles aux morphologies : maigrelettes !
Quant a notre rendez-vous aux editions scolaires Erlangga, il est tellement loin que Raja Hutauruk nous envoie une voiture avec chauffeur ! Le trajet dure une heure, sur une veritable autoroute au milieu de la ville. On a l'impression qu'elle n'en finit pas, comme un tapis de lierre qui envahit tout sur son passage et s'etend, s'etend, s'etend...

On comprend mieux pourquoi la ville est devenue tant obese au fils des siecles, quand on sait que, des l'epoque prehistorique, la region a ete habitee. Le musee de la ville presente des magalithes graves de textes en sanscrit, en l'honneur des grands hommes de l'epoque. Au XVIeme siecle, l'arrivee presque simultanee de l'islam et des conquistadors protugais a implique un recul des populations boudhistes, qui se sont notamment refugiees a Bali. Puis du XVIIeme siecle a 1945, la colonisation hollandaise, qui a apporte une langue bizarre toujours parlee par certaines personnes agees, a maintenu le rythme de developpement de cette immense ville portuaire, point d'ancrage central du commerce des epices. Ces differentes etapes expliquent la taille de la megalopole ainsi que son metissage culturel. Nous avons visite la haute cathedrale construite au debut du XXeme siecle, puis juste en face, l'Istiqlal, mosquee construite dans les annees 60 et qui est touours la plus grande d'Asie du Sud-Est. Elle etait quasiement deserte le jour de notre visite, mais imaginer une personne agenouillee sur chacun des etroits rectangles traces au sol donnait une idee de la masse humaine que cela peut etre le jour de l'Aid ou les jours de depart pour La Mecque. Cette derniere est d'ailleurs flechee un peu partout, histoire que les fideles ne perdent pas le Nord, c'est a dire l'Ouest !
Face a un immense parc a l'ombre rare, et domine par le monument national, une obelisque coiffee d'une flamme doree visible de loin, il y a la musee de la nation. C'est un lieu que nous avons aime, surtout la partie ethnographique qui presente l'incroyable diversite des cultures indonesiennes. Le pays compte quand meme 200 millions d'habitants repartis sur un immense archipel d'iles. En voyant la carte, on se sent un peu frustres de n'avoir decouvert que Balie t Java. Le visa d'un mois etant trop court, Sumatra, Borneo, Sulawesi et la Papouasie, ce sera pour une prochaine fois !

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