mercredi 6 octobre 2010

Jinja Mbale Kumi Gulu

La sortie de Kampala en minibus semble infinie. Le long de l'axe routier, il y a des boutiques, des marches a n'en plus finir. Puis quand meme c'est la campagne, avecses plantations de bananiers ici et la, les cases avec le toit en chaume, et sur une portion du trajet, des plantations de the a perte de vue, puis de cannes a sucre.Plus loin des marais, envahis de papyrus. Juste avant d'arriver a Jinja, on traverse le Nil sur un barage. C'est le Nil Blanc, mais il est bleu et deja immense.

La ville de Jinja, que tout le monde nous presentait comme magnifique, ne nous emballe pas. A la rigueur, le cote FarWest, avec les rues bien larges, peu peuplees aux heures de la sieste, bordees de maisons au style colonial, n'est pas deplaisant. Mais les gens y sont moins chics qu'a Kampala, sans doute car c'est l'un des rares lieux touristiques ougandais. On voulait s'y reposer quelques jours avant de reprendre la route, et mettre a jour les blogs. Pas de bol, notre hotel fait face a un bar-billard ouvert la nuit : musique et soulards jusqu'a 5h du matin, comme si on y etait. Autre bemol, des connexions internet vraiment pourries. Un peu mieux quand on a realise qu'il vallait mieux y aller aux heures creuses le matin ou en debut d'apres-midi.

Vous allez encore croire qu'on dit du mal, mais une des choses qui nous a marques a Jinja, ce sont les gringos. Surtout des americains, et j'ose dire parmi les plus laids : en surpoids, puant le fric et le Christ a plein nez. Je n'ai rien contre les obeses, les riches ou les chretiens, mais le touriste blanc en Afrique de l'Est appartient souvent a plusieurs de ces categories, roule generalement en 4x4 et dort dans des hotels hauts de gamme. Pas (peu) de traces a nos yeux de ces touristes "routards" qui sillonaient l'Amerique Latine, l'Australie et l'Asie.

Autre reproche a cette ville : son tresor, les sources du Nil. Bien sur, le lieu est magnifique. Le lac Victoria n'en finit pas de se vider et s'enfuir en devenant l'un des plus beaux fleuves du monde. Comme pour marquer son point de depart, on trouve une ile peuplee d'oiseaux. On passe une heure a regarder le soleil se coucher. Plusieurs fois, on voit des envols massifs depuis l'ile, qui viennent peupler le ciel dont le bleu s'assombrit. On comprend que Speke, le premier europeen a decouvrir les lieux y ait passe 6h a les contempler.

Alors de quoi se plaint on ? De l'amenagement. Passe de payer 10000 shillings ougandais (3.50 euros) pour y acceder. Acceptons les boutiques de souvenirs sur le chemin qui permettent a bien des habitants de vivoter. Par contre, les panneaux publicitaires pour biere, ce n'est pas genial, encore moins quand on arrive en bas et que le muret est surmointe d'une grille (inutile), le tout peint en rouge et jaune, les couleurs de la Nile Beer. Et puis surtout, la rangee de bars miteux, avec musique boum-boum ignoble (on adore la musique africaine mais la c'est du boum-boum infame) et billards. Pour aprecier les lieux tranquillement, on est oblige de s'eloigner au maximum, et bien sur il est impossible d'eteindre le boum-boum de base des basses. D'un des points geographiques les plus mythioques d'Afrique, ils ont reussi a faire un endroit aussi sympathique qu'un bar de passes de la banlieu de Newcastle. Bravo !A contrario, la ville de Mbale est tres agreable. On retrouve un anonymat du a l'absence de tourisme de masse. La ville est charmante, sans doute car les larges rues sont peuplees de marchands. Et puis les contreforts du rift africain sont visibles depuis le balcon, avec 3 cascades au loin. On rencontre Edma a la terasse d'un restaurant, ou l'on se regale d'un plat d'epinards a la cacahuete. Elle est revenue dans sa region natale pour enterrer sa mere morte recemment. Elle habite maintenant a Mombasa, sur la cote kenyane, ou elle a ete tailleur avant de prendre sa retraite. Elle se plait au Kenya, un pays nettement plus riche que l'Ouganda. Encore un bon moment, a bavasser et rigoler.

Mbale a ete notre base pour aller decouvrir les peintures prehistoriques de Kakoro. Comme souvent pendant le voyage, c'est surtout un pretexte pour decouvrir un endroit recule. Pour aller a Kakoro, on prend un minibus qui nous pose au croisement de la route principale avec la piste, puis un boda-boda (moto) pour acceder au village. La bas, on est un peu perdus, car personne ne semble connaitre. On nous indique meme le vendeur de peintures et ciment quand on demande les "rock paintings" ! Mais on avait repere une colline avecdes rochers, donc on s'y dirige.

En chemin, on rencontre Laurence, qui va nous guider. Il est etudiant en geographie, reve de devenir journalsite, et circule sur un joli velo. Grace a lui, on peut vraiment decouvrir les champs, les cours de maisons, rigoler avec les gosses qui jouent au foot avec un ballon fait de sacs plastique amasses. On rencontre sa grand-mere, qui nous salue en se mettant a genou, c'est la tradition ici. On fait une photo de famille chez les cousins, puis nous voila a crapahuter dans les rochers, ou sous les fourres. Arrives en haut, la vue est magnifique, sur les champs de mais, pommes de terre, cassava, coton, et sur les maisons, ces petites cases rondes au toits de chaume. Le rocher dresse est spectaculaire, mais les peintures ne sont pas tres impressionantes, en grande partie effacees. Mais ce n'est pas grave, ce n'etait qu'un pretexte, et on se rejouit de faire de la musique en dansant sur un rocher en desequilibre.Sur une plaque de pierre, Laurence nous montre une cereale en train de secher. On dirait des grains de moutarde germes (sorgho ?) Les gens du coin l'utilisent pour faire une biere qu'ils degustent le dimanche dans un grand bidon avecdes pailles. On retrouve la route en faisant un detour. On fait coucou a tout le monde, et on a presque mal aux joues a force de sourire. Ca et les coups de soleil sont les deux taxes d'une journee fabuleuse.
Journee qui n'est pas finie, car une fois rentres et apres une petite sieste, on va au cinema pour voir l'affiche Chelsea-Arsenal, football anglais. La salle est comble, les bancs rajoutes devant sont pleins, et nous sommes assis dans une travee. Le match est bon, et l'ambiance incroyable. Tout le monde crie, applaudit, s'ebahit. Decidement, la ville de Mbale ne nous laisse pas indifferents. Je ne dirai donc pas que je Mbale c...

L'etape suivante, c'est la ville de Kumi, ou l'on s'installe dans le tres chic Green Top Hotel. On prend un boda-boda pour le village de Nyero, ou se trouvent d'autres peintures prehistoriques. Le lieu est moins sauvage qu'a Kakoro. C'est fleche, et on est accueillis par quelques personnes. Pas tres agreable de negocier de maniere informelle le prix d'une visite guidee. On accepte a 6000 shillings. Une fois la question reglee par contre, c'est genial et on rigole beaucoup. La tribu qui vit ici est originaire d'Ethiopie. Apres avoir descendu le Nil Bleu jusqu'a l'actuel Khartoum et remonte le Nil BLanc, ce peuple s'est installe sur des plateaux au Nord de Nyero. Une partie a decide d'aller vivre pres des rochers, une autre de rester sur le plateau. Dispute, dont il reste de nos jours une animosite certaine et de droles de noms : les Vieux Hommes Fatigues au Nord, et Ceux qui sont deja Morts pres des rochers.

Les peintures se trouvent sur 3 sites rapproches. On voit des dieu soleil (cercles concentriques), des canoes, un squelette de crocodile, des echelles, un homme, une femme. Le troisieme site est a l'abri au frais sous un gros rocher. On admire la vue et on bavarde de choses et d'autres. Comme souvent en Afrique, ils demandent de l'aide, mais cette fois ci pas seulement de l'argent. Ils sont contents de savoir qu'on va parler d'eux sur le blog. Ils aimeraient aussi que des investisseurs europeens montent un hotel, et alors ils pourraient officialiser les visites guidees. Il faut dire que l'etat a confisque leurs terres pour proteger les lieux, mais sans payer de compensation, ni amenager le site. Ils n'aiment pas non plus les coreens et les indiens, deja implantes dans la region, avec qui les relations humaines sont difficiles. Ils moquent les musulmans, qu'ils appellent zinga-zinga, c'est a dire "barbus-barbus".

En repartant, l'un d'eux, Otim, nous montre son ecole. Il l'a fondee il y a 4 ans, et elle dispose deja de 4 classes. Elle est construite juste a cote de l'universite que des coreens ont financee. La encore, il demande de l'aide. Quand on lui dit qu'il doit trouver les moyens d'y arriver, il dit que le seul probleme, c'est la construction des batiments, le reste, il le finance. Petite visite des lieux, puis on s'enregistre dans le livre des visiteurs. On rentre en partie avec le "school truck", car ce n'est pas un bus, mais un camion qui transporte les ecoliers, puis en boda-boda. Nouvelle journee magique.Puis on fait le trajet pour venir a Gulu, ou nous voila, a nous reposer une derniere journee en Ouganda, avant de partir a Juba, Soudan, demain matinb. Gulu est un peu une ville frontiere, bien qu'encore a 100km du Soudan. Surtout des commerces, et p[as grand chose de notable. On met les bouts demain, et on ne sait pas trop comment va fonctionner internet au Soudan, alors ne vous inquietez pas si on met un moment a poster le prochain texte.

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