mardi 5 octobre 2010

On campa la, a Kampala

Enfin, dire qu'on campa, c'est faire peu de cas de notre hotel Astoria. On a mis un moment a le trouver. C'etait le troisieme essai, apres avoir marche bien 3km en spirale pour revenir a 400m de la gare routiere ou nous etions arrives. Au dessus d'un centre commercial sur trois etages ou l'on trouve exclusivement des tailleurs et coiffeurs, on entre d'abord dans un grand restaurant billard. Les chambres se trouvent dans les trois etages au dessus. L'accueil est merveilleux, la chambre est tres spatieuse et on a meme un luxe exquis : une douche chaude ! Notre premiere en Afrique. Seul bemol, contrairement a la Tanzanie, les hotels ougandais n'ont pas l'habitude d'inclure le breakfast. Par contre, Mary, la femme de chambre avec qui on installe la moustiquaire le premier soir, Abdu qui fait le menage, Alema et son acolyte ethiopien dont j'ai oublie le nom a la reception, et les nombreux serveurs et serveuses du restaurant, tous sont aux petits soins. Ils ont sensiblement nos ages, et deviennent vite des amis. C'est d'ailleurs assez rare pour etre note, on etait un peu triste de les quitter en partant.

Kampala est une capitale a l'activite debordante et incessante. Quand on y sort dans la rue, il y a des vendeurs ou que le regard se porte. Boutiques le long de la rue, nombreux "malls" sur plusieurs etages, des vendeurs qui posent leurs etales sur un draps a meme le trottoir, et meme des vendeurs de fruits ambulants, qui portent leur marchandise sur la tete. Ici les tissus, la les vetements, les tailleurs dans la rue d'a cote, des vendeurs de bouquins sur la grande avenue, des banques aussi, des bureau de change "forex" dans la parallele, les gares routieres et les marches sur les places. Chaque lieu a sa specificite. Aux coins des rues, les immanquables boda-bodas. Ce sont des motards qui emmenent les passagers n'importe ou en ville. Mieux que des taxis, ils se glissent dans les embouteillages et grillent les rares feux rouges. On n'a pas essaye, un peu pour economiser, un peu par securite car etre conduit par un inconnu sans casque dans ce traffic dense n'est pas rassurant, et enfin parce qu'on a prefere decouvrir la ville a pied. Il ne fait pas trop chaud, et on a besoin d'exercice.D'ailleurs, on ne va pas en manquer pendant la petite semaine que nous passons en ville. On cherche d'abord l'office du tourisme, que le garde arme qui fait la securite de la Poste nous indique a deux rues. On trouve, mais le bureau vient de demenager. Un des ouvriers qui renove les lieux nous propose de nous montrer la direction. On le suit un bon kilometre, avant que ce soit assez simple pour qu'il puisse nous indiquer comment marcher les deux suivants. Plus d'une heure de marche au final, des le premier soir ! Le lendemain, on remet ca pour nous rendre a l'ambassade d'Ethiopie, faire le visa. La jeune femme de l'accueil n'est pas aimable, et nous annonce une mauvaise nouvelle : l'ambassadeur ethiopien a Nairobi (Kenya), qui a impose la-bas la nouvelle regle de ne pas faire de visas pour les francais (et les citoyens de pays disposant d'une representation diplomatique ethiopienne) est venu passer le mot ici. Si nous voulons aller en Ethiopie, il nous faut imperativement prendre l'avion et faire le visa a l'arrivee a l'aeroport. On est tres decus, mais on envisage tres vite un nouveau plan : on oublie l'Ethiopie, et on remonte vers l'Egypte par voie de terre a travers le Soudan.

On va tout d'abord a l'ambassade egyptienne, ce qui nous fait faire une trotte car evidement, elle a change d'adresse, pour s'assurer que l'on peut obtenir notre visa en arrivant en ferry depuis le Soudan a travers le lac Nasser. Aucun probleme, alors on va a l'ambassade du Soudan pour faire un visa et demander leur avis quant a la traversee d'une region qui a quand meme ete en guerre pendant 40 ans (mais qui connait la paix depuis 2005). D'apres les echos que l'on obtient, on peut passer sans problemes, a condition quand meme de bien se renseigner sur la securite a chaque etape. Alors on revient le lendemain matin deposer nos passeports et remplir le formulaire.

Au total, le processus se fait sans douleur. Deja, le gardien qui nous accueille est tres sympa. Les canapes sont confortables (ca a son importance !) On pose les passeports le vendredi matin (une heure pour avoir le formulaire, remplir et deposer) puis on revient lundi. Ils ne sont pas prets, mais on paye le visa (55 000 shillings ougandais, soit environ 25 $us par personne) apres une nouvelle heure d'attente. Le mardi midi, les visas sont prets et on les obtient tout de suite. Les autres demandeurs que nous avons rencontres etaient sympathiques. L'une des personnes avec qui nous avons discute, un ougandais employe a la Haute Commission Britannique, doit obtenir le visa pour un anglais qui a marque sur le formulaire qu'il voulait visiter l'amabassade britannique a Juba (Sud Soudan). En fait, il n'y a qu'un consulat, et le lapsus ne plait vraiment pas aux responsable soudanais, qui accusent les anglais de vouloir diviser le pays. L'employe ougandais arrange le coup en marquant "bureau de l'ambassade" au lieu de "ambassade". Tout s'arrange. Nous, on s'offre un Fanta pour feter nos visas d'une duree de deux semaines (prolongeable d'une semaine a Khartoum) apres entree sur le territoire dans les deux prochains mois.On passe ensuite un moment entre banques et bureaux de change pour faire une provision de devises car il n'existe aucun distributeur au Soudan. Beaucoup de dollars us, et aussi des livres soudanaises, que l'on trouve a un tres bon taux ici, car les acheteurs sont rares. Ces dernieres demarches effectuees, on a pu se mettre en route, et quitter Kampala, direction Jinja, les sources du Nil, ce fleuve-dieu que nous allons suivre pendant les prochaines semaines.
Mais avant de nous embarquer pour de nouvelles aventures, racontons donc notre week-end a Kampala, car nous n'avons pas fait que de la marche d'ambassade en ambassade. On a aussi fait un peu de shopping. Guide du Soudan, carte du Sud Soudan, un pantalon pour moi, car un de mes deux shorts vient de craquer, et le pantalon sera de rigueur dans les regions soudanaises musulmanes. On achete aussi du tissu, et quelques souvenirs. On a aussi fait des interviews pour le blog pro de Magali. Et puis avouons le, on a meme mange une glace dans un centre commercial.

Plus drole, on s'est achete des fausses alliances. En guise de faux marriage, on etait accroupis a essayer des bagues en cuivre sur le bord du trottoir. On a trouve. On a fait ca car tout le monde demande si on est marries ou freres et soeurs, et que la reponse "girlfriend-boyfriend" n'est pas convaincante. Par exemple, le guichetier de l'ambassade soudanaise ne m'addressait plus la parole, n'ayant plus d'yeux que pour Magali. On a remarque que les fausses alliances sont un bon argument, car les gens regardent nos mains quand ils posent la question.

Autre luxe inoui, on a ete au theatre, voire une comedie musicale : Blissful Hell. Le plot est tout simple : Sydney et Cathy sont eperdument amoureux, mais Cathy part vivre deux ans aux Etats-Unis. Pendant ce temps, Daphne seduit Sydney, et c'est le jour de leurs fiancailles que Cathy revient par surprise. On ne va pas narrer tous les details de cette intrigue de moeurs et de meurtres. On a beaucoup ri, avec des personnages loufoques comme 002 alias 00 (le 2 c'est parce qu'il y a deux O), un inspecteur toujours fringue ridiculement mais qui resout toutes les enquetes, ou un avocat alcoolique qui confond circonstances, circonference et circoncision.

D'ailleurs, la scene du proces certe satirique laisse penser que la justice est une institution ougandaise assez surprenante, avec un juge en perruque blanche (merci les anglais) que personne ne doit toucher, et avec un traducteur en langue local qui doit en raconter des vertes et des pas mures. On a juste compris ManU pour Manchester, ou il remplace la ville par son club de foot mais il devait y en avoir a la pelle. Seul regret donc, que la moitie du texte soit en luganda, la langue traditionnelle de la region de Kampala, une des 60 utilisees en Ouganda. On ressort apres un merveilleux happy end en triple marriage heureux alors que les bandits sont sous les verrous de OO. Plus de 4h de spectacle, on s'est regales.

De jour, on a traverse la ville a pied pour aller voir les tombes de Kasubi. En chemin, on fait le tour de la cathedrale, au sommet d'une des nombreuses collines sur lesquelles la ville est batie. Le vent nous rafraichit, a l'ombre des palmiers. Puis on traverse des quartiers populaires pour arriver au site des tombes. Une Nord-Irlandaise se joint a nous et un guide nous raconte l'histoire des 4 precedents rois de Buganda, le royaume dont Kamapala etait la capitale, et qui sont les ancetres du roi actuel, au statut honorifique, mais prestigieux.

Au final, on pourra dire de Kampala que c'est une ville ou l'on s'est sentis bien, ce qui est rare pour une capitale. Le secret, c'est que les gens prennent le temps, le temps de marchander, le temps de discuter, le temps de rigoler. Exemple typique, on passe devant le parlement au coucher du soleil. Je veux prendre une photo et je demande au garde qui me repond vivement "ce n'est pas comme ca qu'on fait ici en Ouganda !" D'abord, on demande comment ca va, puis on se presente, puis on discute un peu, puis c'est le moment que je demande poliment a faire une photo qui ne m'interesse plus beaucoup, tant on a passe un bon moment a echanger et rigoler.

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