samedi 21 août 2010

Chandigarh, ville moderne

Le train qui nous emmene vers Chandigarh, au Nord de Dehli, ressemble davantage a un TER nouvelle generation qu'a un train indien. A vrai dire, ce n'est pas pour nous deplaire ! Des serveurs passent meme dans les wagons pour offir des en-cas et du the a volonte. Et a l'arrivee, nous n'avons que 30 minutes de retard ! Il brille un soleil radieux sur Chandigarh, mais nous ne pourrons en profiter qu'au bout de deux jours car Jeremie est cloue au lit par une vilaine diarhee. Heureusement, il a deniche dasn la bibliotheque de l'hotel "Cette nuit, la liberte", un roman historique qui retrace les evenements de 1947, annee de l'independance et de la partition de l'Inde. Il le devore ! Pendant ce temps, je remplis le carnet de voyage, puis je mets a mon tour la main sur de la bonne litterature : un recueil de nouvelles d'Asimov en francais ! Ca nous fait drole de nous emmitoufler dans nos duvets comme par un gris dimanche de novembre. Il faut dire que la clim est bloquee sur 18 degres, et que sans elle, on etouffe.

Quand Jeremie va mieux, on part a la decouverte de cette ville particuliere. En fait, au moment de l'independance de l'Inde et de la creation du Pakistan, la region indienne du Penjab a ete privee de sa capitale Lahore, desormais en territoire pakistanais. Il fallait donc non seulement doter la region d'une capitale administrative, mais en outre absorber l'afflux de refugies hindous fuyant le nouveau pays muslman. Soit dit en passant, ils croisaient dans l'autre sens des hordes de deplaces musulmans qui quittaient l'Inde en catastrophe. Car la partition du pays, effectuee sur une base essentiellement religieuse, a entraine de part et d'autre des violences d'une cruaute inimaginable, comme si la cohabitation seculaire des differentes communautes etait soudain devenue impossible. La necessite d'une nouvelle grande ville au Penjab a donc ete proclamee par Nerhu en personne.

Dans un premier temps, c'est une equipe americaine qui s'est chargee du projet, tracant le plan d'une "garden city" aux lignes courbes, et organisee autour d'une allee de verdure. Mais la mort brutale d'un des cerveaux de l'equipe dans un accident d'avion a entraine la demission de tous les autres. C'est le francais Le Corbusier, accompagne de son neveu (une carte postale promise a qui trouvera son nom en premier), qui a repris le chantier. Ceux qui connaissent un peu l'homme et son oeuvre ne seront pas etonnes d'apprendre qu'il a imaine une ville au quadrillage efficace (il affirmait : "la ligne courbe est une source de danger") avec des unites d'habitations prevoyant des commerces et des espaces publics qui permaettraient aux gens de se rencontrer. Resultat : on evolue dans une ville ou chaque "secteur" porte un numero. Cela peut paraitre forid et sans ame, mais nous nous sommes sentis etrangement bien dasn cette ville en damier. Il faut dire qu'au rez-de-cahussee de chaque bloc, des arcades presque toujours a l'ombre laissent circuler un vent tres agreable, qui fait oublier la brutalite du soleil.

Certes, des pans de rue entiers sont visiblement laisses a l'abandon, et la succession interminable de boutiques de vetements donne a ces arcades un cote absurde. Mais l'espace laisse entre les batiments et l'existance de vastes zones pietonnes nous donnent l'impression de respirer mieux que dans toutes les autres villes indiennes ou nous avons deambule. Une vaste roseraie permet meme de se mettre au vert.
Au Nord de la ville, un endroit insolite a emerge, d'abord dans le secret le plus absolu : c'est le Rock Garden. Un inspecteur des routes, facon Facteur Cheval, ramassait durant ses tournees tout un tas de dechets (vaisselles brisees, sacs de toile, prises electriques, gravats...) pour les reutiliser dasn la decoration d'un jardin cache. Le jour ou la municipalite, venuee inspecter la zoen pour en planifer l'amenagement, a decouvert cette douce folie, l'homme a ete demis de ses fonctions. Mais le succes de son Rock Garden aupres du public et de la presse lui a permis de continuer de developper ce reve grandeur nature, desormais ouvert a la visite. On deambule dasn un dedale de petis jardins, le long de cascades, sous de fausses racines (en beton) entremelees. Des maquettes de chateaux imaginaires sont posees sur des promontoires. Tres spectaculaires, des armees d'animaux, d'hommes et de femmes nous observent de haut, dasn le silence de leurs pierres cimentees. La partie la plus recente du jardin, moins parlante, ressemble d'avantage a un espace public, avec son amphitheatre orne de mosaiques, son aquarium, son drole de palais des glaces et ses immenses balancoires. On finit par sortir du reve, partages entre l'emerveillementde la decouverte, et l'agacement d'avoir ete suivis pendant toute la visite par trois hommes qui me deshabillaient du regard, tout en restant a distance suffisante pour eviter l'affrontement. Pourtant, je portais des vetements indiens !Je dois dire que, depuis le debut de ce tour du monde (ca fait dix mois maintenant), l'Inde est le premier pays ou le regard des hommes me met mal a l'aise. Meme dans des pays muslmans comme l'Indonesie et la Malaisie, je pouvais porter des shorts sans aucun probleme, les gens nous regardaient, Jeremie et moi, avec de la curiosite, et de la sympathie. Tandis qu'en Inde, j'ai beau cacher mon corps sous toutes les longueurs de tissus possible s et imaginables, les homme sme fixent presque en bavant, sans meme paraitre remarquer la presence de Jeremie a mes cotes. Machisme ? Poids des mariages arranges ? Simple frustration bestiale ? Je ne saurais trop expliquer ce phenomene, mais il me met on ne peut plus mal a l'aise (et en rogne).

Nous avons remarque qu'on voit assez peu de femmes dans l'espace public. Meme dans les transports en communs, il y a toujours une majorite ecrasante d'hommes. Ceci expliquerait cela ? N'empeche qu'a la television, ca ne gene personne que les femmes soient habillees a l'occidentale, ou fassent une seance tee-shirt mouille dans tout Bollywood qui se respecte. D'ailleurs, sur la place centrale de Chandigarh, nous assitaons au tournage d'une scene de danse pour un Bollywood : une jeune femme vetue d'un debardeur moulant et d'une jupette a franges danse devant un homme pour, visiblement, le faire tourner en bourrique. Au fond, une dizaine d'hommes miment l'attirance qu'ils ont pour cette femme. Nous sommes stupefaits par le violent contraste entre cette scene de cinema et la realite de ce pays ou croiser une fille en jean dans la rue est un evenement extra-terrestre. Plus tard, nous allons d'ailleurs au cinema pour voir Khatta Meeta, un film hindi. Au final, ce n'est pas une reussite pour nous, car nous n'y comprenons pas grand chose, et les personnages passent leur temps a vociferer- ca donne mal a la tete . Mais encore une fois, je me sens mal a l'aise, pour deux raisons qui n'ont rien a voir l'une avec l'autre. D'une part, le cinema est d'une immonde salete, le sol jonche de cannettes, de papiers, de sauces, de pop-corns. C'est effarant, dans ce pays ou la main d'oeuvre plus qu'abondante ne coute rien. Sans compter que trois sieges par rangee sont completement defonces. Je n'ai jamais vu ca ! D'autre part, c'est peut-etre le quatrieme Bollywood que nous voyons depuis que nous sommes en Inde (les autres passaient a la tele), et dasn celui-la comme dans les autres, il y a une scene de viol. Elle a beau n'etre que suggeree, elle fait partie integrante de l'action, comme un ingrdient indispensable.

Pour tout vous dire, quand nous prenons la route en direction de l'Himalaya, j'en viens a faire le voeu secret que les montagnes seront comme un nouveau pays, avec des gens differents. Cela fait un mois que je ne me sens pas dans mon element, ca commence a faire long !

3 commentaires:

  1. Hé oui, si l'Inde a de très beaux restes, ce sont ceux d'un passé révolu. Aujourd'hui on y trouve un mélange des traditions les plus rétrogrades avec un libéralisme économique sans frein.
    Le Corbusier a été assisté entre autre par Pierre Janneret (mais je crois que c'est son cousin et non son neveu). Pour la carte postale, il faudra deviner kijsui :-)
    La proportion étonnamment basse des femmes est le résultat de la sélection du sexe des bébés, rendue plus facile avec l'échographie (hé oui, un fils c'est mieux qu'une fille!).
    Allez, bonne route et garnissez-vous les mirettes et le coffre à souvenirs.

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  2. toujours la même!!23 août 2010 à 17:13

    Donc l'Inde: choquante sale dégradante... Ce bn'est pas une réussite pour vous!?
    En même etemps moi je trouve ca super aussi de voir un aspect radicalement différent de votre voyage même si je suis bien heureuse de vous savoir dans lhymalaya!!

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  3. Anonyme, tu as amplement gagne ta carte postale, mais il nous faut des indices supplementaires pour savoir ou l'envoyer ! :-)

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