dimanche 29 août 2010

En route vers l'Himalaya

Sortir de Chandigarh fait realiser a quel point les peripheries de la ville sont misereuses. Des centaines de personnes vivent dans des bidonvilles, faits de sortes de tentes de baches en plastique bleu ou jaune, tendues sur des bouts de bois. Le chauffeur du bus est une espece de fou furieux qui roule a vitesse constante et, quand un obstacle se profile, ecrase le klaxon tant qu'il peut (a tel point que ce dernier montre parfois des signes de faiblesse) Et quand le klaxon ne suffit pas, il fait un brusque ecart a la derniere seconde. A plusieurs reprises, j'ai peur qu'il emplafonne un camion ou une moto, d'autant que personne ne conduit vraiment bien et que les depassements ne tiennent compte d'aucun code de securite. Enfin, tout se passe bien malgre tout, et le debut de la montee par la route de la montagne l'oblige a lever un peu le pied. Le trafic est etonnamment dense, plein de ces camions oranges peints qui affichent "good carriers" et le nom des regions pour lesquelles ils ont un permis de circuler (la moitie environ arborent "National Permit"). Il faut parfois eviter des chiens, des vaches et meme des singes. A plusieurs reprises, nous devons attendre le passage des vehicules dans l'autre sens pour repartir. Les ponts font presque toujours l'objet d'une circulation alternee un peu au petit bonheur la chance. Nous prenons dans le visage tant de poussieres et de fumee de pots d'echappement qu'a la deuxieme pause (la premiere nous avait permis de manger des chiapatis avec des pois chiches), Jeremie ressemble a un ramoneur ou un charbonnier ! Nous symnpathisons avec un beau jeune homme coiffe d'un impeccable turban rouge.

Nous arrivons a Mandi vers 15 heures... sous une pluie battante ! Nous nous refugions sous un auvent ou une vache prend deja toute la place, mais un homme vient aussitot nous proposer de nous abriter dans son bureau. Sa barbe poivre et sel mal taillee, son turban blanc et son large sourire nous sont sympathiques, alors nous le suivons. Il s'agit bien entendu d'une agence touristique, mais maintenant que nous y sommes... L'homme nous offre du the et des biscuits. Nous devons le freiner quand il veut que nous mangions un epis de mais grille, car nous savons que c'est une loi universelle qu'il faut le moins possible etre redevable d'un agent touristique. Sur la carte detaillee des alentours affichee dans le bureau, nous decouvrons que le lac vers lequel nous voulions faire une journee de marche est en fait qccessible par une petite route. C'est a dire que demain, dimanche, ce sera plein de monde... C'est a nos yeux encore plus redhibitoire que la meteo incertaine. Nous n'ecoutons que d'une oreille les suggestions de tours et les mises en garde contre les vallees plus au Nord, ou il y a des sangsues et des glissements de terrains (sic). Nous savons d'ors et deja que nous repartirons des demain, vers Keylong.Tranquilles, apres une bonne douche certes au baquet mais a l'eau chaude, nous sortons faire un tour dans cette jolie ville escarpee, construite au dessus du large torrent qui a creuse la vallee. Jeremie l'avait choisie expres car elle n'etait pas indiquee en tant qu'attrait touristique et, une nouvelle fois, sa strategie a paye. Les gens semblent tres surpris de nous voir, mais les regards ne sont pas durs comme ceux auquels nous avions ete auparavant confrontes. La ville en elle meme est adorable, avec ses toits en loze, ses dentelles en bois accrochees aux gouttieres, ses petites rues tranquilles et PROPRES malgre de nombreux anes, sa tres jolie place centrale avec deux galeries de commerces et, au fond du creux, un jardin.

Reveil tres difficile le lendemain, quand l'alarme de la montre nous tire d'un lourd sommeil a 4 heures... Dehors, il fait encore nuit noire et nous ne croisons pour commencer que trois anes. Puis du cote de la gare routiere, quelques personnes attendent le bus, beaucoup dorment sur les bancs. Le receveur des tickets (poinconneur aussi) nous dit qu'il n'est pas sur que le bus aille jusqu'a Keylong, car les dernieres pluies, violentes, ont provoque des eboulements qui ont bloque le passage, mais au moins, nous pouvons aller jusqu'a Manali, ce qui nous fait avancer de quatre heures dans la bonne direction. Nous entrons donc tant bien que mal dans le bus ou le passage est obstrue par des bagages et un homme qui dort a meme le sol. Nos sacs viennent rajouter du bazar en plein milieu. Et nous voila partis.

Comme il fait nuit, le chauffeur utilise davantage ses feux que son klaxon qu'il a de toute facon bien faiblard. Bientot, le jour se leve et nous decouvrons que nous longeons a flanc de montgane la vallee dessinee par une riviere beige au fort debit. La brume laisse des echeveaux au dessus de l'eau et le long des coteaux encore tout ternes de nuit. Spectacle magique. Je me demande comment les homme sont fait pour construire la route. Je me demande comment le chauffeur fait pour manoeuvrer le bus si bien, parfois si pres du bord, si pres de l'eau. A un moment, nous passons dans un tunnel aux parois inegales, a peine eclaire par quelques ampoules. Le trajet y semble infini. Nous croisons un homme a pied. Va t il faire les 5 ou 6 km de tunnel noir a pied ? Quand nous ressortons, a la lumiere, je trouve le paysage plus beau que jamais, avec ses pics sombres, ses meches de brouillard, son serpent brun qui se fraye un chemin au fond. Premier arret a Kullu, bourgade de belle taille. Un efemme tres belle monte et s'assied a cote de moi, elle a la peau claire et le visage rond, une robe noire brodee sous laquelle elle porte des pantalons serres. Elle m'offre un meveilleux sourire.Nous continuons de grimper, lacet a pres lacet. Il y a beaucup moins de monde sur la route que la veille. A Manali, ou nous somme sstupefaits de voir du cannabis envahir les bas-cotes comme du chiendent, nous apprenons que la route pour Keylong est ouverte, nous allons donc pouvoir continuer. On va donc aux toilettes acheter de l'eau et du Fanta. Pour le reste, nous sommes pares a continuer meme si nous avons tous les deux mal au ventre. Nous sympathisons avec un etudiant qui vient de quitter Dehli pour rentrer passer les vacances chez ses parents, pres de Keylong. Il s'appelle Paul.

Quand le bus redemarre, ce n'est pas encor epour longtemps. Nous voyons encore la ribambelle des hotels de Manali quand nous somme sbloques par un bulldozer qui est en train de degager la route, barree par un petit eboulement. Le chauffeur laisse passer ensuite les voitures, plus rapides que nous, avant de redemarrer. Nous montons toujours, la brume devient de plus en plus epaisse, au point que nous ne voyons souvent que les innombrables fleurettes dans les bas cotes, elles sont d'ailleurs extraordinairement multicolores. Parfois, on passe tellement pres du bord qu'on ne voit plus la route. Parfois, le lacet que nous devons faire nous masque la route en dessous, on a l'impression de voler parmi les nuages. Parfois, il faut s'arreter pour laisser doubler les vehicules plus legers. Parfois, il faut qttendre qu'un bus, une voiture meme pas 4x4 ou des motos de touristes s'extirpent de leurs ornieres boueuses. Parfois, il faut reculer pour pouvoir croiser un camion qui nous frole. Souvent, des glissements de terrains rendent la route presque impraticable. Pourtant, on passe !

Le chauffeur se montre d'une precision et d'un sang-froid admirables. Dans le bus, les passagers parlent peu. On ecoute parfois un peu de musique, qui evoque la Chine avec ses flutes et ses percussions (plus rien a voir avec les Bollywood !) Les gens dorment comme ils peuvent, avachis sur leur sac, entasses les uns sur les autres. Paul, qui vient directement de Dehli, mort de fatigue, est d'une paleur presque maladive; il se tourne dans tous les sens sur son siege pour essayer de trouver une position pour domir. En ce qui me concerne, terrassee par la fatigue, un mal de ventre intermittent et la fievre qui mont elentement, je m'endors par a-coups, le menton tombe sur la poitrine, ou la tete posee sur l'epaule de Jeremie. Mon corps n'est plus que maletre. Le trajet me parait infini, j'ai l'impression que nous n'avancons pas.

A l'arret officiel suivant, je peux aller me soulager aux toilettes. L'air vif et l'acidite d'une pomme me revigorent, mais pas au point de suivre Jeremie qui gambade pour faire des photos. Nous croyons avoir atteint la passe Rothange a 4000m et sommes osulages a l'idee d'amorcer enfin la descente. En realite, il reste encore 8km avant le col... Quand enfin, nous l'atteignons, c'est dans un vent, une brume, un froid qui donnent l'impression d'etre sur une autre planete. La descente, tres longue, se fait neanmoins plus facilement, sur un terrain plus sec et parfois goudronne. Mais les lacets n'en finissent pas. Au final, nous aurons fait 72km en 4h30, soit une moyenne de 18km/h (Jeremie m'apprend a l'instant que la moyenne du Tour de France cycliste est de 36km/h !)

1 commentaire:

  1. taratata j'attend!29 août 2010 à 18:57

    Vous vous la pétez plus avec votre allure de cycliste du cimanche!!!!!
    Votre récit du voyage en bus m'a fait penser à mon périple au maroc où ma copine avait failli mourir plusieurs fois d'une crise cardiaque lors de nos déplacements en bus!!!

    Encore des photos et des histoires ENCOOOOOOOOOOOOOOOOORE!!

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