Dehli : deux sales gueules

Arrivent a Dehli deux sales gueules : c'est nous ! Notre remontee du Gange a ete difficile : chaleur, longs et penibles trajets, beaucoup de gens aux attitudes detestables (mais pas seulement !) A Agra, on aggrave notre cas : Magali tomnbe malade : fievre, diarhee, toux... Le medecin dit qu'elle a un virus, sans doute une maniere d'eviter de dire qu'il n'en sait rien. Il prescrit une demi douzaine de medicaments, dont des anti palu. Le surlendemain, le trajet devait durer 3h. Il en durera 5, alors que nous sommes partis avec 1h30 de retard. Nous sommes en classe sleeper, sans clim, et la chaleur est terrible. Le train se traine tellement que l'on se fait doubler par un papillon. Ce sont donc deux zombies qui arrivent finalement chez Stephanie, notre hote dans le quartier Lajpat Nagar, partie Sud de Dehli.

C'est un quartier de classes moyennes, pas le plus chic de la ville, mais de loin le plus bel endroit que nous voyons depuis notre arrivee en Inde. Stephanie partage son appartement avec un colocataire : Cedric. Il y a deux chambres, une cuisine, et une salle de bain communes, et surtout une terrasse immense, en grande partie abritee, qui donne sur un petit parc entoure d'immeubles. Contre l'habitation, le mur a ete peint par Stephanie et son ancienne colocataire. On se sent si bien dans cet appartement que l'on passera deux jours sans sortir, juste a nous reposer. D'ailleurs, c'est le bonheur d'avoir une cuisine, et l'on se prepare des legumes a tout va. On se gave aussi de fruits et cela nous fait un bien fou de ne manger les lourds plats en sauce indiens qu'occasionnellement. Stephanie, qui nous accueille genereusement (c'est une amie de Aude, elle meme amie de Magali), vit en Inde depuis trois ans, et connait tres bien le pays, dont elle nous fait decrouvrir de nombreuses facettes inattendues. Elle est prof de francais a l'Alliance Francaise, apres avoir enseigne l'an passe dans une universite indienne. Son copain Maesh, indien, est extremement gentil, et nous apprend quelques mouvement de Surya Yoga, le yoga du soleil. Le voir pratiquer est tres impressionnant. Dernier larron a partager le slieux, Cedric est un colocataire discret qui travaille beaucoup (dans une boite d'informatique), mais tres sympa, toujours a rigoler. Cela fait a peine un mois qu'il est ici, mais semble s'y plaire beaucoup.

Nos premieres journees actives a Dehli ont ete consacrees aux rencontres pour le blog pro de Magali. Dans le quartier des ambassades, on rencontre Mary-Therese, indienne en charge du German Book Office, bureau en Inde de la foire du livre de Frankfort. Elle vient de l'Assam dans l'Est de l'Inde, et nous emmene manger europeen dans un restaurant chic. Puis on rencontre Vikram, dans le vieux Dehli. Famille d'editeur depuis 6 generations, la tradition a meme survecu a la Partition de l'Inde, quand son grand-pere est revenu de Lahore (aujourd'hui au Pakistan et ou il avait sa librairie edition) avec juste les bijoux de famille. Vikram monte une entreprise de librairie en ligne, trop heureux de s'occuper enfin de son propre business. Enfin, on rencontre Preeti et Urvashi, deux femmes qui ont monte la premeire maison d'edition feministe en Inde, au debut des annees 80. Des rencontres passionnantes, dont Magali parlera en detail dans son blog pro.

On decouvre donc des quartiers tres divers, d'autant plus que Stephanie nous emmene sur un marche aux tissus pour habiller Magali. Ses vetements occidentaux attirent trop les regards, ce n'est pas agreable, alors elle s'achete trois belles tuniques et deux pantalons bien bouffants, qu'il faudra faire recouper un peu chez le tailleur de Lajpat Nagar.

Un soir, Stephanie nous emmene a la tombe de Nizzamudin, un saint homme musulman. On part a pied depuis chez elle, jolie balade avant d'arriver dans le quartier. On a l'impression d'etre au souk. Il y a des vendeurs de livres, de fleurs, de vetements. On marche dasn des galeries de plus en plus etroites. On laisse nos chaussures, et puis nous voila dans le sanctuaire. C'est un moment de priere, des dizaines d epersonnes sont debout devantl'entree de la tombe. Seuls les homme sont le droit d'approcher le tombeau, mais il faut avoir la tete couverte. Les femmes quant a elles doivent se contenter de regarder a travers les persiennes. Il y a enormement de monde, mais l'atmosphere est relativement tranquille. Amusant de noter qu'il y a beaucoup d'hindous. En effet, les confessions ne sont pas toujours tres strictes en Inde, et si Nizzamudin est un saint homme, pourquoi un hindou ne lui rendrait pas hommage, ou se priverait de le prier. En sortant, on apercoit une tombe a l'ecart, toute petite, que nous visitons pour nous seuls. Enfin, ce quartier est le meilleur endroit pour acheter de la viande (de boeuf !) grillee, et une fois rentres, on fiat bombance d'un festin de kebab !Nous avons aussi visite le quartier du vieux Dehli. On a vu son fort rouge aux murailles immenses et si etendues. La mosquee, la plus grande d'Inde, est elle aussi batie en pierres rouges. Elle est vraiment vaste, amis entierement a ciel ouvert. On espere qu'Allah les protege de la mousson. La mousson, d'ailleurs, c'est un vrai bonheur, car si la ville devient impraticable, la temperature baisse vraiment quand il pleut, et ce n'est pas du luxe. Mais pour les balades, on a toujours eu de la chance, et le ciel noir n'a pas explose quand nous decouvrions le quartier tibetain. C'est comme si l'on changeait de pays. Les gens n'ont plus des tetes d'indiens, et puis les temples bouddhistes n'ont rien a voir avec ceux hindous. Enfin, il y a des drapeaux a priere un peu partout. Encore un bon conseil de Stephanie.Le dimanche, on file vers le Sud de la ville pour visiter deux temples. Le premier, Isckon, est un temple Hare Krishna. Quand on arrive, il est ferme, mais on peut assister a un spectacle son et lumiere surprenant. On entre dans une salle noire, guides par un ouvreur, et puis des lumieres colorees eclairent une statue, tandis que la voix enregistree raconte la jeunesse de Krishna. On passera ensuite devant une dizaine de salles expliquant les emotions, la voie de l'elevation pour chercher a sortir du cycle des reincarnations, et plusieurs legendes. Dans une salle, un Shiva geant nous regarde avec des yeux en projecteurs multicolors. La derniere salle est pleine de miroir, l'espace semble demuyltiplie a l'infini. Un spectacle un peu kistch, mais tres bien fait, et dont on garde un super souvenir.

On finit l'apres midi au temple du Lotus, le plus grand sanctuaire Bahia, une "religion" qui prone l'amour universel, en accueillant le sfideles de toutes les religions, et meme de vilains athees comme nous. L'architecture explique le nom du temple, dont on a nl'impression qu'il va eclore. Il y a un monde fou, et l'on doit attendre avant de pouvoir entrer a l'interieur. La, nous avons la chance inouie d'assister a l'un des trois moments de priere de la journee. Cinq representants de cinq confessions viennent successivement interpreter un chant religieux. L'accoustique est fabuleuse. On passe un moment a mediter, avant de ressortir dans la foule et la chaleur.Le lendemain matin a 7h, on quitte le havre de paix de l'appartement de Stephanie, et on prend un rickshaw pour la gare. Il doit faire un detour a cause d'une route bloquee (construction d'infrastructure pour les prochains jeux du Commonwealth), doubler un elephant sur le peripherique, puis il creve peu avant l'arrivee ! Tout est bien qui finit bien, on monte dans le train express pour Chandigarh. On est frais et dispos, finis les sales gueules !