jeudi 30 septembre 2010

Hasta lac Victoria, siempre !

Alors nous revoila a Dar Es Salaam. Selon nos plans originaux, on prevoyait d'aller a Arusha pres du Kilimanjaro, puis a Nairobi au Kenya, avant de remonter la longue piste qui mene a Moyale, frontiere ethiopienne. Oui mais voila, l'amabassade d'Ethiopie a Nairobi ne donne plus de visa aux citoyens des pays qui disposent d'une representation diplomatique ethiopienne. C'est le cas de la France, alors nous ne pouvons pas faire de visa. Le phenomene est recent, deux mois, et du au coup du sort d'un changement d'ambassadeur. Reste seulement la possibilite de prendre l'avion pour Addis-Abeba, faire un tour et repartir en avion (le visa s'obtient a l'aeroport), mais on n'a pas envie de prendre l'avion. Quand on a appris en discutant avec un couple de motards australiens qu'il y a une ambassade ethiopienne a Kampala, Ouganda, on s'est dit qu'on devait y aller. Alors on change nos plans, et on prend un bus pour Mwanza, au bord du lac Victoria.

La gare routiere de Dar Es Salaam, excentree, est un joyeux bordel. On finit par trouver un bus direct, qui part a 6h du matin, arrivee prevue a 21h ou 22h le soir. En fait, on n'avance pas vraiment aussi vite que prevu. Le bus demarre bien a 6h01, mais il n'arrive a sortir de la gare qu'a 7h15. C'est simple, tous les bus partent a 6h, alors il y a un embouteillage faramineux, et comme nous sommes a l'oppose de la sortie... Le bus s'arrete aux trois premieres stations service : faire le plein, faire pipi, deposer des passagers pour une correspondance. Ils ne sont pas contents, car a eux aussi, on avait dit que le bus etait direct.

Un autre arret au bord de la route, ou des quantites de vendeurs passent sous les fenetres pour vendre a manger, a boire, des lunettes de soleil, des paniers, et tout ce qu'ils peuvent imaginer vendre. Je me penche a la fenetre pour prendre une photo du bus devant nous, et la c'est incroyable. Ils m'engueulent me crient dessus, gersticulent, l'un d'eux va jusqu'a taper mon appareil photo avec sa sandale...alors que je n'ai pas fait de photo et que je cherche a leur expliquer que je prend le bus devant. Un autre a meme ete chercher un baton pour me frapper. La plupart des autres vendeurs rient. Seuls quelques uns vont alerter des policiers. Notre bus repart avant que l'embrouille aille plus avant, mais je suis abassourdi par leur reaction. C'est un phenomene etrange qu'a Dar Es Salaam et Zanzibar, nous avons eu plusieurs fois affaire a des gens qui cherchent l'embrouille. On a deja parle de la plage privee ou l'on avait fait du snorkle. Un type nous avait aussi emmerde a notre arrivee a Stone Town.Rien de grave, mais de sales relations, qu'heureusement nous n'avons plus eu depuis, ayant quitte les zones frequentees par les touristes. On se dit qussi qu'on a eu de la chance, par comparaison avec un reunionnais que nous avons rencontre lors de notre deuxieme passage a Dar Es Salaam. Prenomme Mathieu Jeremie, ce qui ne s'invente pas (Matthieu est le nom de mon petit frere), il est musicien et voyage seul. Il a rencontre un type sympathique au centre ville, et ce dernier doit l'emmener en voiture pour jouer. Il passe d'abord chercher trois copains, et ce sont 4 gros bras qui cassent la gueule de Mathieu (il a toujours l'oeil au beurre noir quand je le rencontre) et piquent tout son fric. Derriere le sourire et la jovialite des relations au quotidien, il faut quand meme rester vraiment mefiants. C'est le genre de probleme dont on n'avait plus entendu parler depuis l'Amerique Latine.

Il faut bien comprendre que la Tanzanie est un pays etrange. Tres pauvre (revenu mensuel moyen de 40 $us), il est le lieu d'un tourisme incroyablement chic. Les parcs naturels du Ngorongor, Serengete et Kilimanjaro coutent chacun 50$ par jour et par personne, sans voiture, logement ni nourriture. Quand on ajoute ces derniers, il devient difficile de trouver moins cher que 150$ par jour et par personne, et c'est plus souvent 250$. Ce sont des prix ahurissants, quand on pense qu'on a fait 4 jours de jeep a 2 pour 350$ au Salar de Uyuni (bolivie). Un type a meme ete jusqu'a nous annoncer 700$ la seule location d'une jeep a la journee, c'est dire si les prix pratiques sont completement detaches de la realite budgetaire locale.
Notons aussi que la moyenne d'age des touristes occidentaux est ici bien plus elevee qu'ailleurs. Beaucoup ont la cinquantaine au moins, ce qui etait tres rare sur les autres continents. En un sens, on a l'impression que l'Independance n'a en rien supprime la colonisation, car la population de blancs se faisant servir dans le luxe par des noirs a peut-etre meme augmente. Et si les rapports avec les gens sont la plupart du temps agreables, c'est le premier endroit ou tant de gens que nous rencontrons nous reclament de l'argent. Les gamins dans les rues, mais aussi des rencontres avec des adultes, qui demandent apres 5 minutes de conversation de quoi payer un billet d'avion vers l'Europe, ou de quoi payer une annee a l'universite. C'est tres surprenant, alors meme que nous sommes marques par la richesse (certe relative) des lieux ou ils vivent, comme a Mwanza par exemple, bien loin d'etre une ville miserable.

Mais laissons la nos reveries, et revenons a bord du bus. Si l'on broie du noir, c'est qu'il fait gris, pluvieux et vent froid. Pourtant, le paysage se transforme en montant. On decouvre des montagnes en forme de bulles, comme les sucs de l'yssingelais. Un jeune trisomique voisin decouvre notre interet pour les montagnes. Adorable, il nous montrera chaque montagne du trajet, le sourire jusqu'aux oreilles, et le pouce leve. Il est aussi mort de rire a chaque passage de dos d'ane, source d'hilarite generale dans le bus. Arrives sur le plateau, le soleil revient, et l'on traverse ce que l'on peut appeller une foret de baobabs. Ces arbres fantastiques peuplent les bords de la route, plus ou moins loin dans les champs.

Petit arret pipi, ou l'on achete un poulet-frites, puis on repart. La lumiere decline, la nuit tombe. Sous les etoiles, il n'y a plus que la lueur des feux de bois en brousse. Il est 23h quand nous arrivons a...Nzega, ou nous changeons de bus (oui, on avait pris un bus "direct"). En fait, comme il est interdit aux bus de circuler la nuit en raison du banditisme, on passe la nuit dans un nouveau bus a l'arret, avant un depart a l'aube, avec l'autoradio assourdissant de vilains tubes des annees 90. Apres plusieurs arret dans de jolies petites villes, ou l'on a notemment charge une cage pleine de poules, on arrive a Mwanza a 11h le matin. Nous voila enfin au bord du majestueux lac Victoria.

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