mercredi 1 septembre 2010

Trek Tonique

Pour organiser notre trek en montagne dont nous revions depuis si longtemps, et pour etre surs que ca se passe bien, nous sommes passes par une agence : Spiti Holiday Adventure. Le patron, Lotey, est un petit bonhomme rond et sympathique, mais avec le vilain defaut de tout faire a la fois. Impossible d'avoir une discussion suivie sans etre interrompus toutes les 3 phrases. Autre defaut : il ne connait pas vraiment les treks, et quand il nous explique les etapes des 4 jours, cela parait absurde, et c'est normal puisqu'il se trompe totalement. Pourtant, il est adorable, ne nous met aucune pression, et se revele logisticien hors pair.Du coup, on a fait un trek fantastique.

Le dimanche dans l'apres-midi, on quitte Kaza en Jeep. Notre premier guide est peu affable, mais tout le materiel est la, on prendra quelques pois en plus a l'arrivee a Teilling, notre point de depart, car c'est la saison. La route est magnifique, et nous aprecions le confort de la jeep apres l'horreur de notre trajet en camion. On prend en stop des cueilleuses de pois, puis on arrive au village. A la maison, nous rencontrons Siessin, 20 ans, qui partira en trek avec nous et son pere Gurmed, 48 ans, mais que nous surnommons "papy" tant les annees de froid ont use son corps. D'ailleurs, il est grand-pere, et fier de porter sa derniere petite-fille dans son dos. Apres l'immanquable chai (the au lait et aux epices), nous goutons au "saltea", melange d'eau chaude, sel et beurre. Tres gras, presque un gout de fromage, c'est bon et ca rechauffe, mais ca ecoeure assez vite.

La dessus, Magali fait une sieste tandis que je joue a faire de photots de yaks et des enfant sdu village. Le soir, nous sommes d ecorvee a ecosser les pois, puis on mange dans la salle commune, ou trone ce qu'on croyait etre un poele a bois, mais qui n'est qu'un poele a bouses de vaches, sur lequel la brue de Gurmed fait cuire les chapatis. On se regale d'un melange riz, patates, pois, puis dodo. A 6hdu matin, on se met en route. La vallee qui entoure Teilling est grandiose, et notamment un sommet proche est strie de veines veticales, car la tectonique des plaques a plisse les couches sedimentaires a angle droit. Mais 1km a peine apres le depart, loin de penser aux sommets enneiges, la premiere difficulte du trek nous attend au fond de la vallee : le torretn qu'il faut traverser pieds nus. En se donnant la main a 4, on travers, l'eau a mi-cuisse parfois, glaciale pendant tout l'interminable franchissement. Le temps que Magali et moi renfilions nos chaussures, et nos deux guides ont deja disparu derriere la butte. Ils font avancer les 4 anes qui portent le materiel : un charge des provisions, un du materiel des guides, un troisieme de nos deux sacs, et le quatrieme presqu'a vide, prevu au cas ou le genou de Magali flechirait.

La premiere journee, nous remontons la vallee de la riviere Pin. La pente est douce, tout juste un faux-plat. On passe le dernier village, Mud, apres deux heures de marche, puis on continue. Un des affluents est un gros torrent que l'on franchit sur un pont de fortune, bien aides par Siessin au pieds surs. Vers 13h, on etablit le camp. Nos guides preparent a manger et montent la tente. Nous passons l'apres-midi a dorer (cuire) au soleil, et a mediter devant l'immensie de la vallee qui s'etend devant nous. La nuit est bonne, meme si Magali a un petit mal de ventre qui la pousse a quitter la tente pour le clair de lune presque pleine.

Le deuxieme jour, nous quittons tres vite la riviere Pin pour longer un de ses affluents qui remonte vers le col. Il n'y a presqu plus d'herbe. De part et d'autre de la vallee, des eboulis de pierres grises, mauves, rouges, et au milieu la riviere. De temps a autre, une congere de neige sur le cote. Enfin, on voit le glacier, et on attaque l'ascension proprement dite vers le col, le long d'une pente pierreuse bien raide. Apres plusieurs haltes, car le souffle est court a ces hauteurs, nous arrivons en vue du col, dont nous separe une ultime plaque de neige. Mes chaussures neuves achetees a Chandigarh adherent assez bien, mais celles de Magali sont trop usees, et elle peine a ne pas glisser dans la pente. Siessin, adorable, vient lui donner la main et lui preter son baton de marche. Ils s'aident mutuellement jusqu'a la passe, 4860m, quand meme plus haute que le Mont-Blanc. Il fait haut, il fait froid, il fait vent, mais nous sommes trop heureux de trouver ses drapeaux tibetains qui flottent au vent. Nous sommes encore plus heureux de voir la boite dejeuner avec chapatis epais aux legumes et oeufs durs que nous tend Gurmed. Pas de chance, il se met a neiger, et nous devons redescendre avant de finir de manger.

Assez vite, la neige se transforme en pluie, mais nous fatigons, apres 5h de marche quasiment sans arret. On profite d'une accalmie pour finir nos boites, puis on descend, tandis que la pluie nous tombe dessus. La bruine se transforme lentement en trombes d'eau. La descente a pic en lacets semble infinie. Pour ne rien arranger, une partie du chemin est eboulee. Non seulement le brouillard nous a gache la vue depuis le col, mais en plus nous arrivons detrempes au camp, qu'heureusement Siessin et Gurmed montent en un temps record. Nous passons l'apres-midi sous la tente, au chaud dans nos duvets, Le soir, les nuages se levent et nous offrent une vue fantastique sur des hauts sommets enneiges qui seuls surnagent dans la lumiere du soleil. Le dernier s'eteint comme un diamant rose dans son ecrin bleu.

Jour 3. Chapatis et omelette aux oignons nous tirent du lit. Dur d'enfiler les pantalons et shorts qui n'ont pas du tout seche, alors qu'il fait franchement froid. Le chai de nos deux guides nous rechauffe et nous donne du courage : on se met en route. Tres vite, un torrent un pu gros n'est plus franchissable par des bonds de pierre en pierre. On se dechausse, et l'eau glaciale est vraiment douloureuse. Il faut dire qu'elle sort d'une congere de glace 50m au dessus de nous. Les anes passent sans trop d'envie, nos guides en sautant, pieds et chaussures bien mouilles. Nous suivons maintenant la riviere Baba, et la pente s'adoucit. Dans une petite plaine, on doit encore traverser 3 rivieres. Je me dechausse et passe pieds nus. Magali (bonheur d'etre une fille) est portee par Siessin, sourire jusqu'aux oreilles, dont les chaussures sans chaussettes ne craignent pas l'eau. A 9h, nous croisons un groupe ou deux allemands sortent tout juste de leur tente. Tout le monde ne se leve pas a l'aube. On descend a nouveau raide a travers un pierrier, qui malheureusement ravive la douleur au genou de Magali. Lentement, courageusement, elle descend, et nous rtrouvons les premiers arbres depuis Keylong. Il est 10h, et la pluie qui usuellement commence en debut d'apres-midi, arrive en avance pour frapper a la capuche de nos Kways.

Ce n'est pas la joie de se coucher dans la tente et dans l'attente pour une deuxieme journee de suite, d'autant plus qu'il est a peine 11h, et qu'il pleuvra jusqu'au soir. Le temps passe lentement, entre sieste, bouquins et repas. Comme la veille, la pluie finit par cesser et le soleil apparait au loin, pour frapper de son couchant rouge vif une montagne dans la distance, rubis flamboyant dans son ecrin gris orage.

Jour 4 et dernier, une demi journee de marche nous emmene a Kafnu, village d'arrivee. La descente se fait sans trop d'histoires : on marche en foret, la pluie tombe par moments, legere, on croise un papy local au sourire radieux qui descend ses anes et un morceau de bois enorme, attache dasn son dos. Plus loin, nous avons la chance de voir des traces d'ours dans la boue.

L'arrive est un moment desagreable. On se retrouve en zone mixte bouddhiste hindoue, et l'atmosphere est moins chaleureuse qu'a Kaza. On est tristes de quitter Gurmed et Siessin qui ont ete comme deux anges gardiens veillant sur notre traversee des montagnes. On leur laisse 500 Rp chacun de pourboire, et on se promet de leur envoyer les photos, mais quand meme, on ne les reverra sans doute jamais, et pour une fois, ca nous fait quelque chose. Derniere sale nouvelle, le patron de l'hotel nous a donne sa pire chambre : le menage n'a pas ete fait depuis des lustres, il faut trois seaux pour laver la diarhee qui stagne dasn les toilettes, et on se lave au baquet car il n'y a pas de douche. Du coup, on snobe son restaurant, pour aller a des dhabas ou les gens sont adorables. Ils ne nous ignorent, ni ne nous monopolisent. On se dit que ca devait ressembler a ca, la France des annees 30, quite a changer beret francais, vin et cigarettes contre beret vert cylindrique "afghan", biere et cannabis (qui ici aussi pousse dans tous les bas-cotes). On quitte Kafnu le lendemain matin, bien reposes et en ne payant au patron de l'hotel que 200 Rp au lieu des 500 convenus. On a realise que l'on n'avait pas tord, car le patron n'est meme pas sorti nous en parler en face, se contentant de marmonner au loin. On a franchi les hauteurs de l'Himalaya, on ne va pas se laisser faire par un vilain nabot moustachu !

3 commentaires:

  1. La photo de Magali descendant en tenant un bâton dans la main droite et la main du guide à gauche, avec un foulard orange sur la tête, m'a immédiatement fait penser à Tintin au Tibet. Même paysage, même attitude des personnages dans l'aventure !!

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  2. T'as raison c'est cool d'être une fille ...desfois!!

    A force je trouve que mes comm font preuve de moins en moins d'originalité mais quand même qu'est ce que vous êtes beauxù!
    Sinon vos alititudes nirvanesque ne manque pas de me rendre admirative et rêveuse!
    Comme vous voyez je vous lis avec beaucoup de retard mais par choix!! Ca s'appelle de la prévention ben oui prévention de mon état de manque!!!

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  3. Nous aussi, on a eu l'impression d'etre au Tibet ! C'etait genial ! :-)

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