jeudi 26 novembre 2009

Revolution stomacale

Il n'est pas loin de 2h du matin quand je me reveille. Pas un bruit pourtant, rien qui vient troubler la nuit d'Uyuni. Mais si mon corps pouvait sonner l'alarme avec des sirenes hurlantes, je crois que je reveillerais tous les alentours. Le malaise me prend du haut de l'estomac aux bas des intestins, et je m'effraie a ne pas deviner par ou le festival va commencer. Alors lors des deux premiers voyages aux toilettes (sur le palier cela va sans dire), je m'arme d'un sac plastique au cas ou, et de courage ! Trop mal, je finis par reveiller Jeremie qui, le bienheureux, dormait jusque la a poings fermes. Il me fait prendre des granules de Nux Vomica et en deux minutes, pas de doute, je sais que le festival sera (pardonnez l'expression) vomitif. A genoux devant la cuvette des WC, mon estomac se retourne de fond en comble et je sue toute l'eau de mon corps. Jusqu'a 9h du matin, je me leve toutes les demi-heures pour laisser oeuvrer mes intestins et entre temps, j'essaie de dormir malgre les courbatures et les douleurs, tandis que Jeremie se blottit contre moi pour m'apaiser et rechauffer mon corps frissonnant de fievre. Sa turista a lui est moins violente, mais il n'en mene pas large non plus. Dans la matinee, par miracle, j'arrive a boire deux gorgees d'eau sans les rendre. J'enchaine en douceur par du coca et des medicaments. Puis a midi, j'ingurgite une bouchee de banane que je mache 36 et quelques fois. Le soir, Jeremie a eu le courage d'aller chercher du riz. Moi, je tiens a peine sur mes jambes, mais les trois bouchees que j'avale avec des efforts dignes d'un halterophile commencent a me requinquer. J'aurai passe le journee entre mon lit et le toilettes. Quand enfin nous prenons le bus pour Potosi le lendemain matin, nous avons encore du mal a determiner la cause de mon malaise. Vigilante, je n'avais mange ni crudites, ni glace et n'avais pas bu d'eau du robinet. Ce mal venait peut-etre du bacon qu'il y avait dans mon omelette ? Lecon de l'histoire : ne plus jamais entrer dans un restau a touristes vide !

mardi 24 novembre 2009

Entre sel et ciel

Passee la frontiere entre l'Argentine et la Bolivie, la voie qui mene a Uyuni est directe et bien balisee. D'abord la grande rue marchande avec des tissus, vetements, materiel electronique, grandes bassines de feuilles de coca a macher... Tout est moins cher en Bolivie. Sur le chemin de la gare de Villazon (prononcer Vichassonne), nous voyons de nombreux graphes de soutien a Evo Morales, le president (indien, le premier de l'histoire bolivienne) qui espere etre reelu en decembre, avec un slogan magnifique : "Evo de nuevo". L'attente du train est conviviale, partageant le mate, la guitare et la flute de pan. 10h de voyage nous menent a Uyuni, trajet en 3eme classe, malgre les conseils du guichetier et des militaires a ses cotes. Nous avons ete un peu seuls jusqu'a Tupiza, puis wagon bonde de boliviens pur fruit, notament les grand-meres a chapeau melon et des militaires qui dorment les uns sur les autres.

A Uyuni, nous nous offrons (merci Geogeo, merci Cathy) un trajet de 4 jours en Jeep, ou plutot en Toyota Land Cruiser. Nos premiers compagnons sont deux hollandaises et trois japonais. Le chauffeur-guide nous conduit d'abord a la sortie de la ville, a un cimetiere de trains. Lieu surrealiste, peuple de trains a moitie enterres et desosses, et de touristes qui grimpent de partout se prendre en photo. Puis nous nous elancons vers le Salar a proprement parler. Il s'agit d'une immense etendue de sel, disons 100km diametre, desesperement plate et blanche. Sur la photo, un japonais donne l'echelle pour que ca paraisse encore plus grand ! Plus tard, j'aurai l'occasion d'aller y courir et faire du karate : le reve, on se croirait dans la salle de l'esprit et du temps de Dragon Ball Z. En plus, a 3900m d'altitude, l'air est assez rare. Nous passons la nuit au pied du volcan Tunupa, admirant un couche de soleil extralucinatoirant de la mort qui tue, entoures de lamas et de flamants roses !

Le lendemain matin, leves a 4h30 avec du Tai Chi, puis petit dejeuner avant l'ascension du volcan. Il trone a 5400m d'altitude, mais nous n'irons qu'au bas du cratere, a 5000m, apres 4h d'ascension difficile. Certes, les animaux furent avec nous et nous vimes lezards, serpent et aigle a nos cotes, et meme de jolies petites bestioles appellees vizcachas, sorte de lapin a longue queue, qui ne manquent pas de rappeller les abominables lievres des neiges de One Piece, en plus petit heureusement.
Certes, le paysage est somptueux, avec des champs de fleurs violettes, la vue du Salar et ses iles sur une mer de sel, et surtout Tunupa lui-meme et ses pentes multicolores. Il n'empeche que nous sommes tres haut et que l'ascension est tres eprouvante du fait du manque d'air. Par deux fois, Magali frise l'hypoglycemie et c'est a la volonte, portee par la force de mes encouragements qu'elle rejoint le sommet ! Extenues mais ravis, tels Frodon Saquet et Sam Gabegie, nous voila au sommet du volcan du destin ! Et comme dans le Seigneur des Anneaux, le chemin du retour est bien plus facile, dopes que nous sommes par l'abondance d'oxygene des 4500m.

L'apres-midi (oui, les 7h d'ascension et descente du volcan n'ont constitue ce jour-la que la matinee), apres avoir echange nos trois japonais contre Luis, un colombien rigolo avec un chapeau vert, et Eneko, un basque en goguette, nous partons vers l'ile du Poisson en plein centre du Salar. Il s'agit d'une ile de corail sur laquelle poussent des cactus, le tout sur une veritable mer fossile. On se croirait dans un dessin anime, et encore une fois, les iles flottantes sur l'horizon (un esprit scientifique borne n'y verrait qu'un mirage) me rappellent One Piece. Nous passons la nuit dans un hotel de sel tout confort, qui change agreablement des matelas moisis de Tunupa !

Le troisieme jour, nous relions successivement le volcan Ollague, toujours actif et dont nous devinons quelques fumerolles sous sa couverture de nuages, quatre jolis petits lacs ou paissent de nombreux flamants roses et ou s'abreuvent des lamas sauvages, appeles vicunias, reputes pour leur douce laine, et un "arbre de pierre", c'est-a-dire un rocher dans une position assez incroyable, qui se trouve en plein coeur du desert de Siloni. Un peu avant que la nuit tombe, nous decouvrons la laguna Colorada, un lac aux eaux rouge vif, du fait des oxydes et des planctons specifiques qui s'y trouvent. Nuit a 4300m, avec un ciel etoile extraordinaire.


Quatrieme et dernier jour, reveilles a 4h30, nous partons en Jeep avant meme dejeuner, vers un site de geysers que nous decouvrons dans la lumiere du soleil levant. Atmosphere extraterrestre, ou plutot comme si nous etions a l'origine des temps, dans ce desert entoure de volcans, et avec ces geysers a grosses bulles qui fument et sentent le souffre. Une heure apres, nous nous arretons pres de sources chaudes pour une baignade brulante et salvatrice, qui precede un petit-dejeuner bien attendu. Notre trajet traverse ensuite un paysage desertique entoure de montagnes colorees autour desquelles tronent de nombreux blocs de pierres aux formes extravagantes. L'endroit est celebre pour avoir marque fortement Salvador Dali qui s'y rendit dans les annees 20 ou 30, et de nombreux paysages de ces tableaux sont inspires de ce lieu. Le terme de notre trajet est la laguna verde, un lac dont la coloration verte se fait un peu desirer, il manque de vent pour remuer les sediments (dont de l'arsenic qui explique l'abscence de flamants !), au pied d'un enieme volcan, toujours somptueux.

Nous laissons nos deux hollandaises a la frontiere chilienne, avant d'entreprendre un long trajet du retour, a travers ces paysages d'un autre temps, ou nous verrons aussi quelques petites tornades, de loin ! Le soir, enfin rentres a Uyuni, nous dinons avec Luis et Eneko, et puis au lit des 9h, car le bus pour Potosi nous attend le lendemain matin...

dimanche 22 novembre 2009

Budget argentin

Voila la rubrique budgetaire, pour ceux d'entre vous qui penseraient aller en Argentine, on sait que la question de l'argent est toujours tres importante. Alors voici ce que nous avons depense, a deux, dans l'idee que nous essayons de trouver des logements et transports bon marche, sans non plus utiliser de guide touristique, ni avec des plans incroyables ou foireux !

- Logement a Buenos Aires, chez Augustina, metro A. Gallardo sur la ligne rouge : 15 $us soit environ 60 pesos par nuit. (nous contacter si vous voulez dormir chez elle)

- Ticket de metro a Buenos Aires : 1.5 peso par personne.

- Ticket de bus a Buenos Aires : de 1 peso a 3 pesos par personne suivant la distance parcourue.

-Bus de Buenos Aires a Cordoba, 10h de nuit en semi-cama (ce sont des sieges un peu inclinables, mais pas tres luxueux) : 100 pesos par personne.

-Bus de Cordoba a Iguazu, 22h de trajet en cama (sieges un peu plus confortables) : 275 pesos par personne.

- Camping a Iguazu (royal malgre les moustiques) : 40 pesos par nuit.

- Entree au parc des chutes d'Iguazu : 60 pesos par personne.

- Bus de Iguazu a Salta, 23h en semi-cama : 225 pesos par personne.

- Hotel Zabala a Salta (petit-dejeuner, cuisine, chambre privee mais salle de bain partagee, pas tres classe mais avec une piscine salvatrice les apres-midi de grosse chaleur) : 55 pesos par nuit.

- Entree au musee de la haute montagne a Salta : 30 pesos par personne.

- Bus de Salta a Purmamarca, 4h en semi-cama : 39 pesos par personne.

- Hotel Pacha Mama a Purmamarca (chambre de 4 personnes sans petit-dejeuner) : 50 pesos par nuit.

- Bus de Purmamarca a Tilcara: 3 pesos par personne.

- Hotel la Albahaca a Tilcara (chambre privee, salle de bain partagee, petit-dejeuner) : 40 pesos par nuit.

- Bus de Tilcara a Iruya (sans confort) : 19 pesos par personne.

- Camping Iruya (pelouse magnifique sous de beaux arbres ) : 20 pesos par nuit.

- Bus de Iruya a Humahuaca (sans confort) : 14 pesos par personne.

- Bus de Humahuaca a La Quiaca (frontiere bolivienne avec Villazon) en semi-cama : 16 pesos par personne.

- Taux de change lors de notre voyage (octobre 2009) : 1 euro= 5.6 pesos, 1 $us= 3.85 pesos.

- Depenses totales: 5100 pesos = 900 euros = 1300 $us.

Les charades a tiroirs de l'Argentine

Il est plus que temps de rester fideles a notre réputation (je suis prof de math quand meme !) et d'envoyer sur notre blog une liste de jeux de mots, et quelle forme pour les jeux de mots serait meilleure que la charade a tiroirs ? Alors voici un petit flash-back argentin en cinq étapes.

Pour ceux qui ne connaissent pas les charades a tiroirs, voici un petit exemple anodin (copyright Jean-Claude Reynaud, professeur de math et de karate):

Charade exemple :

Mon premier ne sait pas ou il va.
Mon deuxieme distribue le courrier.
Mon troisieme ne rit pas jaune.
Mon quatrieme n'est pas rapide.

Mon tout a écrit "Les Misérables".

(Solutions de l'exemple en bas de page)

Voila les notres. On vous laisse mariner un peu et tenter vos reponses en commentaires avant de vous donner la solution : c'est normal, nous on en a bavé pour les trouver !


Charade 1 :

Mon premier regle le probleme de stationnement de votre véhicule.
Mon deuxieme vit d'amour, sans meme d'eau fraiche.
Mon troisieme sera omnipotent.
Mon quatrieme fait des trous dans les vetements.

Mon tout est la capitale de l'Argentine.

Charade 2 :

Mon premier ravive le feu.
Mon deuxieme s'entend rire de loin.
Mon troisieme fait comme Jérémie au mois de juillet (il change de coiffure !)

Jérémie s'est acheté son Sombrero Magico dans une boutique de mon tout.


Charade 3 :

Mon premier est un mauvais commercant.
Et toi, dieu des musulmans, mon deuxieme te vénere.
Mon troisieme fait des paris.

Les chutes de mon tout sont magnifiques.


Charade 4 :

Mon premier lui fait confiance.
Mon deuxieme est un barbier intime.

Mon tout est une belle cité au pied des Andes.


Charade 5 :

Mon premier ne dit pas "femme".
Mon deuxieme ne flotte pas.
Mon troisieme n'est pas bon marché.

Mon tout est un petit village situé au bout de 50km de piste depuis la quebrada de Humahuaca.

Solutions de la charade exemple :

Mon premier ne sait pas ou il va, c'est "vic", parce que "vicaire".
Mon deuxieme distribue le courrier, c'est "tor", parce que "torréfacteur".
Mon troisieme ne rit pas jaune, c'est "u", parce qu' "urinoir".
Mon quatrieme n'est pas rapide, c'est "go", parce que "goéland".

Mon tout, Victor Hugo, a ecrit "Les Miserables".

samedi 21 novembre 2009

OVNI de nuit


On avait partage une tortilla au quinoa, une milanese (escalope en espagnol) de poulet, du mais en epis et des crudites. La nuit etait tombee depuis deux bonnes heures. Nous etions rentres au camping preoccupes par le chien qui nous avait suivi toute la journee. Apres nous etre brosse les dents, Magali rentre a la tente et je m'arrete en plein champ pour prendre des photos d'etoiles. Nous etions a 2900m d'altitude, a Iruya, et le ciel s'annoncait splendide. En voyant le village devant moi, je me dis qu'il vaut bien une photo de nuit, avec ses lampadaires qui eclairent les collines. Je positionne tant bien que mal l'appareil sur un piquet de bois et prepare une longue pose de 10 secondes. Je declenche la pose et attend, les mains proches de l'appareil et moi bien concentre afin qu'il ne tombe pas. Jusque la, rien que de tres normal et l'appareil ne tombe pas. Par reflexe, je regarde le resultat de la photo sur l'ecran de l'appareil et un spot lumineux attire mon attention. Quel est le petit triangle lumineux entre les deux collines ? Je regarde entre les deux collines; la nuit est noire, sombre; il n'y a certainement aucun eclairage la bas. Un reflet peut-etre ? Je zoome sur l'ecran et decouvre cette forme etrange, comme une toupie inclinee, pointe verdatre et corps bleu. Ca ne ressemble pas a un reflet.

Retour a la tente, Magali ne me crois pas quand je lui dis que j'ai pris une photo d'extraterrestres, mais elle n'explique pas la tache. Les autres photos que je prends ce soir la sont normales, et je vais me coucher en revant a cette mysterieuse tache lumineuse. Etrange que sur une pose de 10s, elle ne se deplace pas. Le lendemain soir, apres que les lampadaires se soient allumes, je prends une photo temoin du lieu, ou l'on ne voit que deux collines brunes.

Alors franchement, j'aimerais votre avis, et je promets une bonne biere (ou la boisson de votre choix) des mon retour a celui ou celle d'entre vous qui m'expliquera ce qu'est cette tache lumineuse, autrement qu'en invocant les petits hommes verts. Les bleus ca m'etonnerait, j'imagine mal la gendarmerie nationale a Iruya !

vendredi 20 novembre 2009

Quebrada de Humahuaca

Je suis le chien de l'Argentine du nord. Tout le monde me voit, sans que personne me connaisse vraiment. Les gens du coin m'ignorent, les voyageurs me fuient, mais quand j'ai decide d'avoir un peu de compagnie, je m'impose a eux. C'est ainsi que je les ai reperes, ces deux petits francais.


Jour 1. Ils sont arrives a Purmamarca en bus. Je sais comment ca marche, moi, j'en ai vu, du pays. Le bus les a depose a la croisee d'une route, seuls sous le soleil. Un remis (c'est comme ca qu'on appelle les taxis ici) s'est arrete pour les amener devant l'hotel le plus proche. Je les ai laisses tranquilles, les observant de loin avec mon flair de chien des montagnes. 2400m a Purmamarca, excusez du peu ! Ils ont commence par faire une sieste, fuyant comme beaucoup la chaleur de l'apres-midi. Puis je les ai vu partir sur le chemin qui entoure comme d'un collier blanc la colline aux 7 couleurs, el Cerro de los 7 Colores. Ils ont ri, et parle, et se sont emerveilles des degrades d'orange et de gris peints surles monts aux rides millenaires. Les cactus, grands deux fois comme eux, les etonnaient beaucoup. Et quand la nuit aux doigts de velours a enveloppe la vallee, ils ont pique-nique sous les etiles, pointant du doigt Orion, les nuages de Magellan et tant de constellations qu'ils ne connaissaient pas.

Jour 2. Au petit matin, je les ai vus grimper sur une colline ou, devant le Cerro de los 7 Colores, ils ont fait du Tai Chi en regardant le jour se lever. Depuis la place du village, couche pres d'un stand d'artisanat, je les sentais heureux et eblouis. Ce n'est que plus tard, quand ils sont sortis de l'hotel, charges de leurs sacs et qu'ils se sont assis pour attendre le bus, que je me suis presente a eux. J'avais pris la fiere allure d'un jeune boxer blond, et je les ai invites a me lancer une pierre que je leur rapportais. Ca les a fait bien rire. Comme beaucoup de touristes et pas mal de francais, ils sont alles plus au Nord, a Tilcara. Lorsqu'ils se sont installes pour pique-niquer sur la place du village, a cote du marche artisanal, j'ai ete irresistiblement attire par l'odeur de leur salame. Pour les amadouer, j'ai alors pris l'apparence d'un pauvre chien tout maigre, avec un cou tordu et des yeux malheureux. Avant de partir, ils m'ont laisse leurs peaux de saucisson, dont je me suis fait voler une partie par un chien plus costaud. Pendant que je me requinquais de cette metamorphose douloureuse, ils sont alles visiter le musee archeologique Casanova, ou tout chien erudit sait que l'on peut admirer des poteries peintes, des vases en forme de visage, des pointes de fleches et autres objets prehispaniques. Apres la sieste reglementaire, les voila qui ressortent de l'auberge et filent droit se regaler de glaces, dont l'une bleu tendre porte le nom de Crema del Cielo. Moi, pendant ce temps, je m'etais mue en beau batard chatain, croisement solide entre plusieurs races. J'avais dans l'idee de les escorter jusqu'a l'entree du sentier de randonnee qu'ils prendraient ensuite. Ils m'ont laisse faire, un brin mefiants, mais rassures de mon air tranquille. La marche jusqu'a la cascade "Garganta del Diablo", je les ai laisse la faire seuls. J'avais deja vu ces paysages secs et escarpes, et mes aines m'ont appris a respecter la purete de l'eau ramenee vers la ville par un canal vertigineux. D'apres ma truffe experimentee, ils etaient bien contents de cette mise en jambes, mes petits francais, et ils ont meme croise au retour, comme une apparition magique, un cavalier qui rentrait trois chevaux attaches les uns aux autres.

Jour 3. Le lendemain, je les ai laisses un peu tranquilles. Il faut dire que j'ai eu la flemme de monter avec eux des le matin a la colline de la croix, el Cerro de la Cruz, qui grimpe quand meme bien raide dans la caillasse. Mais je commencais a les connaitres, les zozos, et je sais qu'ils se sont regales d'admirer la vue sur la vallee enserree entre les montagnes. Puis, passage oblige nsuite, ils sont alles visiter le site archeologique "Pucara", qui signifie "place forte" en quechua, grand village ou bon nombre de tombes ont ete decouvertes, et pas mal de maisons reconstituees. Les archeologues n'ont pas encore fini de fouiller, et les zones en friches sont un enfer d'epines et de cactus tres mauvais pour mes coussinets sensibles. D'ailleurs, au jardin botanique de la haute montagne, que nos deux baroudeurs ont visite ensuite, Jeremie s'est plante une floppee de petites epines dans les doigts en voulant tater une figue de Barbarie. Rude pays, c'est moi qui vous le dis ! Le soir, j'ai un peu regrette de n'avoir pas veille sur eux, car en rentrant du cyber-cafe, ils ont manque de mourir de peur en reveillant des chiens feroces qui leur ont presque saute dessus.

Jour 4. L'histoire ne dira pas comment moi, le chien de l'Argentine du nord, je les ai rejoints le lendemain a Iruya. En revanche, elle dira qu'eux ont pris un bus qui, pendant les 50 derniers kilometres, les a brinqueballes sur une piste pierreuse et sinueuse grimpant a 4000m d'altitude puis redescendant a 2900. Impression de bout du monde quand on arrive a Iruya. Le village, petit, s'accroche sur une paroi rocheuse et est encercle de toutes parts de montagnes. Mes deux petits francais sont alles planter leur tente dans un camping baptise "los Jardines de Gloria", un paradis de verdure et de calme, ou j'ai puy, dans la peau ridicule du roquet du proprietaire, m'assurer qu'ils etaient bien installes. Plus tard, apres leur petit tour au village, ils ont attaque la vaillante ascension d'un mont rose. Cette fois, je les ai suivi tout du long. De loin certes, et avec l'air soumis du chioen qui obeit, mais quand meme. Grand bien m'en a pris car qui sait ? Magali aurait peut-etre eu besoin d'aide si elle avait eu un coup de fatigue dans la montee. Il aurait peut-etre fallu interceder en leur faveur face aux mules et aux chiens qui descendaient a cette heure ? Et surtout au sommet, qu'aurait fait le condor si je n'avais pas ete la ?.Je me suis meme faufille dans leur camping, ou j'ai surveille leur tente une bonne partie de la nuit.

Jour 5. Le lendemain, je les ai laisse partir seuls a l'assaut d'une autre montagne. L'ascension, longue et raide, est un beau morceau ou la terre, le sable, les pierres changent sans cesse de couleur, passant du rouge feu au bleu gris, et du rose pale au blanc craie. De source sure, je sais qu'au bout de deux heures, ils ont atteint un large plateau jaune vert couvert de buissons et de crottes d'anes. Des ruines, un groupe de maisons en pierrre et au toit en terre et paille, un enclos: sinon, aucune trace de l'homme. Plus loin, sur l'autre montagne, un sentier fin comme une ficelle, des terrasses accrochees au versant, quelques maisons encore. Les chevres qui devalent les pentes ressemblent a des grains de riz roulant sur la lune. Apres une longue pause, mes deux zozos ont decide de redescendre, ne sachant pas si les gros nuages noirs qui s'amoncelaient sur les sommets annoncaient de l'orage. Fausse alerte finalement, mais ils etaient content de rentrer et de prendre une douche froide ravigorante.
Ce qui m'a decide a les quitter, c'est d'abord un agacement croissant a les voir toujours se regaler de repas delicieux sans m'en offrir la moindre miette. Par exemple, ces tamales ce soir-la, sortes de raviolis de viande et de mais dont l'odeur m'a mis au supplice, sur le pas de la porte du restaurant. Et puis une phrase a heurte ma fierte de chien des montagnes: "quand meme, vu tous les chiens errants qu'on croise ici, heureusement qu'on l'a fait, ce vaccin anti-rabbique !"

Jour 6. Ils sont donc repartis seuls a Humahuaca, ou ils tournerent en rond, du cimetiere a la place centrale. Le soir, ils sont partis de la ville jusqu'a La Quiaca. Mes sources ne mentionnent pas ce qu'il leur arriva quand ils franchirent le pont, juste apres avoir fait tamponner leur passeports. Je sais juste qu'ils ont quitte l'Argentine heureux !

dimanche 8 novembre 2009

Salta la linda

Le trajet d'Iguazù à Salta a été long, 23 heures de bus, mais magnifique. Nous étions placés à l'étage, devant la baie vitrée, d'où nous avons admiré les terres rouges de Misiones (région du Nord-Est argentin), puis les plaines marécageuses où paissent les troupeaux de boeufs (ah, la viande argentine !...) et de grands échassiers blanc et noir, des marabouts peut-être. Après un splendide coucher de soleil, nous avons traversé le Parana, fleuve immense qui marquait jusque-là la frontière paraguayenne. Ayant contourné le Paraguay, nous pouvions remonter nord-ouest vers Salta, en ligne droite. Une ligne droite de 300 kilomètres, le long (oui, "le long") de laquelle nous avons vu, émergeant de périodes de sommeil plus ou moins confortables, la lune décliner jusqu'à mourir, pleine et rouge sur l'horizon.

Salta est sans conteste la plus belle ville que nous ayons visitée jusqu'ici. Bâtie sur un plan quadragulaire (un "Z2 réseau" comme dit la pédanterie mathématique), la ville, fondée en 1582, est située au pied des Andes à 1000 mètres d'altitude, et entourée de montagnes. Nous sentons néanmoins que sommes sommes au Nord, car il y fait toujours très chaud. La piscine de notre hôtel n'en est que plus appréciable et nous passons deux jours à nous reposer en mangeant du riz pour soigner notre première (petite) turista !
Les églises de Salta sont magnifiques. Dans l'une d'elles, nous rencontrons une dame âgée qui n'hésite pas à partager sa foi, nous contant la procession du 15 septembre avec les grandes statues de la Vierge et du Christ qui sauvèrent la ville d'un tremblement de terre en 1692, et son miracle personnel : avoir eu une fille en dépit de sa stérilité. Une femme émouvante, qui nous rappelle que la foi chrétienne est bien plus forte ici qu'en France. Sur ses conseils (et ceux de Fanny, merci "filleule" !), nous nous rendons à la cathédrale, un des intérieurs les plus riches que nous ayons jamais vus. Nous avons aussi visité l'église de San Francisco, proche du couvent du même nom, et dont Magali vous contera la bibliothèque dans un prochain article sur son blog pro.
Nos sentiments concernant le musée de la haute montagne sont ambivalents. Après de passionnantes explications, nous pouvons voir ce qu'il faut bien appeler le cadavre d'une fillette de 6 ans, sacrifiée par les Incas, en compagnie d'un garçon de 7 ans et d'une jeune fille de 15 ans. En fait, les Incas menaient une procession au sommet d'une montagne (6000 mètres) et, après moult cérémonies, ils laissaient les enfants, vraisemblablement ivres d'alcool, dans un petit espace avec de nombreux objets rituels (poupées en or, bijoux, tissus...), afin qu'ils puissent rencontrer les dieux.
L'air froid et sec des sommets a permis sa conservation durant cinq siècles, et l'on se demande à quel point les visiteurs qui l'admirent à l'extérieur de sa cage de verre à atmosphère reconstituée ne seraient pas presque des dieux à leurs yeux. Pour nous, cette rencontre avec une jeune fille au crâne quasi pyramidal (noblesse oblige) est un moment spécial. Son oreille est abîmée par la foudre, ses dents sortent en avant et ses yeux, trous noirs mi-clos, semblent s'entrouvrir avec les variations de lumière. Presque une rencontre du troisième type, et même sans photos (interdites), je me souviendrai longtemps de son visage.

Au pays des morts encore, nous visitons le cimetière de Salta, véritable ville dans la ville, avec ses rues, sa place de l'église, ses mausolées familiaux et ses "banques HLM" de cercueils alignés. Lieu étrange, où nous découvrons la tombe de Pedrito Sangüero, jeune garçon mort violé et torturé, devenu depuis le patron local des écoliers, qui lui adressent leurs prières pour réussir leurs examens.

Plus guillerette aura été notre ascension téléphérique de la colline surplombant la ville, d'où nous voyons encore un coucher de soleil splendide. La végétation, quant à elle, est désespérément noire de sécheresse : il n'a pas plu depuis le mois d'avril, et seuls quelques arbres dans les creux des vallées ont trouvé la force de faire bourgeonner quelques feuilles. De nombreux cours d'eau sont complètement à sec et les ponts enjambent des rivières de pierres...

Le dernier soir, nous rencontrons Pablo, le troisième fils de César et Monica, corniste (comme son père !) dans l'orchestre de Salta, et son amie Carmen, professeur de psychologie au lycée. Quelques bières (Salta cerveza !), la visite (privée !) du théâtre municipal, beau comme la salle Pleyel à Paris, avant de voir partir, sur leur belle 125, les amis d'un soir...

mercredi 4 novembre 2009

Maux, ceux qui tôt...

Ces maux, ceux qui tôt le matin nous réveillent, c'est à eux, les mosquitos, que nous les devons. Sur le coup, dans l'ivresse des chutes d'Iguazù, nous n'avions rien senti...

Le lendemain, Magali se découvre quelques plaques rouges sur les pieds, les mollets, les cuisses. Moi, je réagis à peine. Quelques granules d'Apis Mellifica pour nous deux, un peu de Doprosine sur les rougeurs de Magali, nous croyons naïvement nous en tirer à si bon compte. Mais ces merveilles d'adaptation darwinienne sont ici bien plus voraces ! Nous achetons un spray répellant bien plus puissant que nos crèmes précédentes, et un apaisant ô combien nécessaire.


Pour être honnêtes, nous ne sommes pas sûrs que les moustiques soient seuls coupables, ou alors différentes espèces. En effet, certaines de nos piqûres sont marquées d'un point rouge central (où la bête a planté sa trompe maléfique), qui coagule rapidement. Percer ce point et faire couler le liquide blanc du spot s'avère être salvateur, mais pas toujours faisable. La peau de mes pieds, presque cornée, est trop dure, et il me reste deux piqûres que je surnomme Castor et Pollux. Au mollet, Magali est marquée des quatre mousquetaires. Le simple fait d'enfiler nos chaussures et de marcher devient un calvaire : ça gratte, ça démange, ça donne envie de sauter au plafond, mais le ciel est trop haut !

Après une semaine, nous allons mieux, mais les piqûres sont toujours là. Par comparaison, les piqûres du moustique qui nous a stressés toute une nuit à Salta, ont disparu au réveil ! Enfin, tout ça pour dire que la luxuriante forêt par 35º n'a pas que des avantages !

Que d'eau, que d'oh !

Première mission en arrivant à Puerto Iguazú : trouver un camping. Nous n'avons pas trop de mal, et l'inauguration de notre mini tente se déroule dans les meilleures conditions, sous l'ombre d'un arbre immense aux feuilles démesurées, larges comme des pattes d'éléphant, et aux branches couvertes de grappes de fruits verts et ronds, semblables à des figues, mais vénéneux. Le camping en lui-même, un peu vétuste, est exhubérant de plantes tropicales, rythmé de pépiements d'oiseaux, coloré de papillons au vol tranquille (notre préféré, brun et bleu ciel, fait 20 cm d'envergure, nous le surnommons "le Grand Bleu").

Deuxième mission : se repérer géographiquement. Nous allons alors aux Trois Frontières, un point de vue au bord des fleuves Iguazú et Parana, d'où l'on voit le Paraguay et le Brésil.

Devinette 1 : connaissez-vous des endroits d'où l'on peut voir quatre pays à la fois ?
Troisième mission : aller voir les fameuses chutes ! Le trajet pour les atteindre fait monter un suspense insoutenable : d'abord 12 km en bus, puis l'attente que les guichets ouvrent, puis 10 minutes de marche, puis 20 minutes de train, pour enfin marcher 20 bonnes minutes sur des passerelles métalliques au-dessus d'une immense rivière en crue, tumultueuse. Quand, enfin, on arrive, on en a le souffle coupé : la Garganta del Diablo ressemble à un trou sans fond qui se remplit sans fin des eaux blanches et orange de plusieurs cascades furieuses. Vacarme, écume, éblouissement !

Nous passons toute la journée dans le parc naturel, admirablement bien aménagé pour les hordes de touristes qui y défilent chaque jour. Plusieurs chemins mènent à différents points de vue sur différentes cascades, toutes plus belles les unes que les autres. La forêt tropicale dévoile ses beautés innombrables : nous apercevons un énorme crocodile, une tortue d'eau, des aigrettes blanches, des vautours noirs, un toucan en bec de soirée, de gros lézards couleur bronze, des sortes de varans.

Devinette 2 : quel est donc cet animal bizarre ?



Sans oublier des oiseaux noirs à dos rouge, dont les nids ressemblent à des noix de coco en paille, pendouillant des palmiers, et aussi des oiseaux noirs à sourcils bleus dont, à l'heure du pique-nique, j'esquive par chance la fiente perfide. Quant aux papillons, il y en a une multitude, de toutes tailles et couleurs, parfois des nuées entières, chatoyant comme des bulles de savon au soleil...

Jérémie voudrait vous raconter ce qu'il a ressenti sur la plate-forme au pied d'une des chutes :

Torse nu, short et sandales, j'y ai été deux fois. Tant que je marche au soleil, le bruit et les embruns restent modérés. Dès la zone d'ombre, mon corps fraîchit et le souffle de l'eau forcit. Face à la chute, le sentiment de puissance est incroyable. La force brute descend et un simple reflux, léger, eut égard à la force de chute, à moitié liquide, moitié vaporeux, suffit à emplir mes bras et mon corps grands ouverts. A ma gauche, l'eau rebondit à peine, avant de plonger à nouveau dans les abîmes. Je me retourne et crois devenir moi-même cette goutte d'eau, glissant comme d'un tobbogan, plongeant dans cette immense piscine à travers le cercle magique de l'arc-en-ciel. Un jour où je serai goutte d'eau, je reviendrai me faire bénir !
Devinette 3 : Que va gagner la personne ayant répondu juste aux devinettes ?? A vous de jouer, on attend vos réponses en commentaires !