dimanche 8 novembre 2009

Salta la linda

Le trajet d'Iguazù à Salta a été long, 23 heures de bus, mais magnifique. Nous étions placés à l'étage, devant la baie vitrée, d'où nous avons admiré les terres rouges de Misiones (région du Nord-Est argentin), puis les plaines marécageuses où paissent les troupeaux de boeufs (ah, la viande argentine !...) et de grands échassiers blanc et noir, des marabouts peut-être. Après un splendide coucher de soleil, nous avons traversé le Parana, fleuve immense qui marquait jusque-là la frontière paraguayenne. Ayant contourné le Paraguay, nous pouvions remonter nord-ouest vers Salta, en ligne droite. Une ligne droite de 300 kilomètres, le long (oui, "le long") de laquelle nous avons vu, émergeant de périodes de sommeil plus ou moins confortables, la lune décliner jusqu'à mourir, pleine et rouge sur l'horizon.

Salta est sans conteste la plus belle ville que nous ayons visitée jusqu'ici. Bâtie sur un plan quadragulaire (un "Z2 réseau" comme dit la pédanterie mathématique), la ville, fondée en 1582, est située au pied des Andes à 1000 mètres d'altitude, et entourée de montagnes. Nous sentons néanmoins que sommes sommes au Nord, car il y fait toujours très chaud. La piscine de notre hôtel n'en est que plus appréciable et nous passons deux jours à nous reposer en mangeant du riz pour soigner notre première (petite) turista !
Les églises de Salta sont magnifiques. Dans l'une d'elles, nous rencontrons une dame âgée qui n'hésite pas à partager sa foi, nous contant la procession du 15 septembre avec les grandes statues de la Vierge et du Christ qui sauvèrent la ville d'un tremblement de terre en 1692, et son miracle personnel : avoir eu une fille en dépit de sa stérilité. Une femme émouvante, qui nous rappelle que la foi chrétienne est bien plus forte ici qu'en France. Sur ses conseils (et ceux de Fanny, merci "filleule" !), nous nous rendons à la cathédrale, un des intérieurs les plus riches que nous ayons jamais vus. Nous avons aussi visité l'église de San Francisco, proche du couvent du même nom, et dont Magali vous contera la bibliothèque dans un prochain article sur son blog pro.
Nos sentiments concernant le musée de la haute montagne sont ambivalents. Après de passionnantes explications, nous pouvons voir ce qu'il faut bien appeler le cadavre d'une fillette de 6 ans, sacrifiée par les Incas, en compagnie d'un garçon de 7 ans et d'une jeune fille de 15 ans. En fait, les Incas menaient une procession au sommet d'une montagne (6000 mètres) et, après moult cérémonies, ils laissaient les enfants, vraisemblablement ivres d'alcool, dans un petit espace avec de nombreux objets rituels (poupées en or, bijoux, tissus...), afin qu'ils puissent rencontrer les dieux.
L'air froid et sec des sommets a permis sa conservation durant cinq siècles, et l'on se demande à quel point les visiteurs qui l'admirent à l'extérieur de sa cage de verre à atmosphère reconstituée ne seraient pas presque des dieux à leurs yeux. Pour nous, cette rencontre avec une jeune fille au crâne quasi pyramidal (noblesse oblige) est un moment spécial. Son oreille est abîmée par la foudre, ses dents sortent en avant et ses yeux, trous noirs mi-clos, semblent s'entrouvrir avec les variations de lumière. Presque une rencontre du troisième type, et même sans photos (interdites), je me souviendrai longtemps de son visage.

Au pays des morts encore, nous visitons le cimetière de Salta, véritable ville dans la ville, avec ses rues, sa place de l'église, ses mausolées familiaux et ses "banques HLM" de cercueils alignés. Lieu étrange, où nous découvrons la tombe de Pedrito Sangüero, jeune garçon mort violé et torturé, devenu depuis le patron local des écoliers, qui lui adressent leurs prières pour réussir leurs examens.

Plus guillerette aura été notre ascension téléphérique de la colline surplombant la ville, d'où nous voyons encore un coucher de soleil splendide. La végétation, quant à elle, est désespérément noire de sécheresse : il n'a pas plu depuis le mois d'avril, et seuls quelques arbres dans les creux des vallées ont trouvé la force de faire bourgeonner quelques feuilles. De nombreux cours d'eau sont complètement à sec et les ponts enjambent des rivières de pierres...

Le dernier soir, nous rencontrons Pablo, le troisième fils de César et Monica, corniste (comme son père !) dans l'orchestre de Salta, et son amie Carmen, professeur de psychologie au lycée. Quelques bières (Salta cerveza !), la visite (privée !) du théâtre municipal, beau comme la salle Pleyel à Paris, avant de voir partir, sur leur belle 125, les amis d'un soir...

2 commentaires:

  1. yes!
    tata est contente!!
    tata et retata pense trés souvent à vous!! et ta ta retata dit merci pour les jolies jambes habillées!
    Jespère que vous pourrez bientôt remettre de photos! C'est un plaisir de vous lire et le blog de magalie aussi!
    ps: je suis sur l'ordi de mon chéri comme quoi c'est bien mon ordi qui bloquait!!

    pleins de bisous légers comme un souffle d'air frais!

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