lundi 18 janvier 2010

Voilà Lima, l'ami !

On nous avait dit qu'il n'y avait pas grand-chose à voir à Lima, que c'était moins bien que Cusco. Mais, vous l'aurez compris, rien ne pouvait être à nos yeux moins bien que Cusco. C'est donc assez confiants que nous sommes restés une semaine dans la capitale péruvienne. Bien sûr, cela ne pouvait pas se passer sans quelques déboires : s'y reprendre à trois fois avant d'avoir une chambre correcte et une douche chaude (quoique sale), recevoir des informations approximatives et parfois erronées à l'office du tourisme, passer des heures dans de chaotiques transports pour atteindre un site de peu d'intérêt. Mais bon ! Dans l'ensemble, un séjour intéressant.

Nous avons commencé par une visite de l'immense musée de la Nacion, un lieu un peu fourre-tout où nous avons vu des poteries précolombiennes, des peintures de l'école de Cusco (peintres péruviens qui, aux XVIe-XVIIe siècles, intégraient des éléments de leur culture à des tableaux religieux destinés aux églises coloniales), des robes d'apparat brodées pour les fêtes d'aujourd'hui. Et encore bien d'autres objets et images, destinés à marquer les contours d'une identité nationale apparemment encore malaisée à définir. Une exposition de photos de presse nous a éclairés sur la guerre civile (1980-1995) due au mouvement maoïste "Sentier lumineux" ; une période violente qui, pour sûr, a rendu encore plus incertain le sentiment d'appartenir à une seule et même nation. La ville de Lima, immense, offre des visages très différents selon les quartiers et les moments. Le "circuit magique de l'eau" devient féerique à la tombée de la nuit, quand s'illumine sa douzaine de fontaines, toutes plus exubérantes les unes que les autres, jusqu'à celle de forme pyramidale.

La Punta, en revanche, s'apprécie à la lumière de l'après-midi. Ce mince bras de terre qui s'avance dans la mer présente des façades de toutes les couleurs, comme la palette d'un peintre qui joue sur les questions-réponses entre teintes complémentaires. Pour ce qui est du site archéologique de Pachacamac, le petit matin aurait été idéal, si nous n'avions pas quitté le centre si tard, avec un de ces longs bus en tôle colorée qui traverse la ville de part en part, en faisant des détours par les bouchons les plus longs (nous sembla-t-il). C'est donc passablement fatigués par ces deux heures de secousses sans air que nous sommes arrivés sur le site, qui était écrasé par le soleil de l'après-midi. Pachacamac, pour tous ceux qui ont lu Tintin, c'est le nom magique d'un paquebot, une invitation à l'aventure. En réalité, c'était un centre inca sacré, toujours en activité à l'arrivée des Espagnols. Plusieurs pyramides, un palais et un temple du Soleil (mille sabords ! il existe donc bien !) accueillaient une foule de fidèles. Des sacrifices humaines y étaient pratiqués... Aujourd'hui, même si on a souvent l'impression d'évoluer entre des tas de pierres, on devine quelle grandeur ça a dû être.

Bien sûr, Lima, comme beaucoup de capitales, a été un endroit fabuleux pour mon projet sur les livres. Nous avons sympathisé avec un jeune éditeur loufoque, rencontré une vieille libraire engagée, visité un musée de la littérature péruvienne flambant neuf, et découvert la lutte des 200 bouquinistes de la ville. Comme d'habitude, vous en saurez bientôt plus sur mon blog pro ! Bon, avouons-le, nous n'avons pas fait que nous cultiver. Nous avons aussi cédé à la tentation Avatar, qui passait en espagnol dans un affreux cinéma aux couloirs saturés par les explosions des machines de jeux vidéos. Eh bien on ne sait pas ce que vous en pensez ou penserez, mais nous, on a bien aimé ce bel univers presque aquatique avec ses hommes bleus. En plus, le parallèle avec l'invasion de l'Amérique par les Européens n'était pas difficile à faire et a pris une dimension assez forte, dans une ville où un homme, certes étrange, a quand même trouvé bon de nous préciser que le Pérou n'était plus une colonie de la Couronne d'Espagne !

Pour finir, et parce que vous vous demandez peut-être comment on a fêté le Nouvel An, on voulait vous dire qu'on a bien pensé à vous, famille et amis, quand on est sortis le 31 au soir, en short et sandales, pour digérer le "Super menú criollo" qu'on s'était offert pour l'occasion (des abats accompagnés de bière). Les concerts live sur la place centrale n'étaient pas terribles, mais nous aimions l'endroit, avec ses larges balcons en bois ouvragé, sa cathédrale, son palais du gouverneur et, au milieu, ses promeneurs autour de la fontaine. Un drôle de zozo avait décoré son scooter de fleurs et de guirlandes lumineuses, et faisait le tour de la place, arborant à l'avant un panneau "Buenos año 2010, haz el amor" (Faites l'amour) et à l'arrière, un grand pénis en ballons multicolores. A minuit, soit 6 ou 7 heures du matin en France, nous nous sommes joyeusement embrassés dans le tintamarre des pétards et des feux d'artifice.

On vous souhaite à tous une formidable année 2010 !

1 commentaire:

  1. une bonne année mes globe trotter préféré et plein de rencontres littéraires et humaines sans oublier un retour au pays qui en ravira plus d'un!!

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