lundi 18 janvier 2010

Vol 2588 pour Panama, ou le voyage comme source d’imprevus

Après un dernier déjeuner avec Alvaro, un jeune éditeur que Magali a rencontré pour son blog pro, nous prenons le taxi pour l´aéroport. Notre chauffeur conduit comme un bolide sur la voie express qui longe la plage, musique dansante. Nous allons faire le premier changement de continent de notre voyage en allant à Panama.

Enregistrement des sacs à dos comme sur des roulettes, puis la première surprise, mauvaise : nous devons payer une taxe d’aéroport de 30 $US chacun. Nous nous exécutons, quelque peu dépités. Devant la porte d’embarquement, deuxième surprise, bonne : je reconnais Agustina, la jeune Argentine chez qui nous avions logé à Buenos Aires, notre première semaine en Amérique du Sud., Elle et son copain se rendent à Quito en Equateur pour passer un mois de vacances. Comme un drôle de signe des dieux, la boucle sud-américaine est bouclée !

Notre premier avion se rend à Cali, en Colombie, après une escale à Quito. Nous y rencontrons Rafael, un jeune Allemand de… Frankfurt, enthousiaste, qui participe à un programme germano-équatorien cette année. Plusieurs kilomètres dessous, une lune presque pleine se
reflète dans les méandres d’un fleuve, comme une tresse d’argent dans la forêt noire.

Nous atterrissons à Cali à près d’une heure du matin. Notre troisième surprise, mauvaise, c’est qu’il nous est impossible de rester dans la zone internationale pour passer la nuit. Nous devons entrer sur le territoire colombien, et cela impliquera de payer une taxe d’aéroport. De plus, nos bagages que nous avions fait enregistrer pour Panama arrivent sur le tapis roulant. Cette quatrième surprise est une sacrée frayeur (et si nous n’avions pas vérifié ?!), mais s’avère plutôt bonne : nous pourrons utiliser nos carrémats pour dormir sur le sol de l’aéroport, dans un coin tranquille, et en sûreté, car une demi-douzaine de militaires gardent les lieux.

Après quatre petites heures de sommeil sous les projecteurs et sur le carrelage, nous nous réveillons difficilement pour enregsitrer nos sacs à dos. Un douanier colombien est dubitatif devant le petit sac de sable que je prévois d’envoyer à mon père, qui les collectionne, mais nous pouvons passer. La cinquième surprise, mauvaise et de taille, c’est que pour entrer au Panama, nous devons disposer par avance d’un billet de sortie, et aussi posséder 1000$US en liquide. Retirer et changer de l’argent, nous pouvons le faire, mais cela commence a ressembler à une mauvaise blague quand la guichetière, par ailleurs charmante, nous propose un vol Panama-San José pour 214 $US chacun !

Hors de question de payer 430 $US et de changer nos plans de trajet, nous qui pensions nous rendre au Costa Rica voisin en bus pour moins de 40 $US chacun ! La guichetière appelle le bureau d’immigration, mais rien à faire. Il n’y a pas d’accès Internet. Nous cherchons une agence de voyage pour essayer d’acheter des billets de bus, mais elles sont toutes fermées, ce qui n’a rien de surprenant un dimanche matin à 6h !

La guichetière nous propose une solution : comme le vol est surbooké, elle a besoin de volontaires pour se désister et partir le lendemain. L’hôtel, petit-déjeuner, déjeuner et dîner sont offerts, et nous bénéficions de 250 $US chacun de bon d’achat chez Copa Airlines, avec
lesquels nous pourrons payer le billet Panama-San José. Faute de mieux, nous acceptons. La sixième surprise, petite mais très bonne, c’est de voir un jeune homme nous embrasser chaleureusement : grâce à notre désistement, il peut voler le jour même.

Nous nous attendions à une sorte d’hôtel Formule 1 près de l’aéroport, et la septième surprise, excellente, c'est de voir que notre chambre est à l’Intercontinental, l’hôtel le plus luxueux de la région ! Une petite douche pour être enfin propres, puis une sieste sur un lit encombré de pas moins de six oreillers, et tellement gigantesque et moelleux que nous nous amusons à sauter dessus comme des gosses !

Plus sérieusement, nous nous rendons sur Internet pour essayer d’acheter des billets de bus. Nous y passons près d’une heure. On trouve bien les horaires et les prix (30 $US l’aller simple), mais huitième surprise, mauvaise : il est impossible de les acheter en ligne. Nous décidons d’appeler le bureau d’immigration nous-mêmes, pour voir s’il n’y a pas une possibilité de s’arranger ; peut-être peuvent-ils nous fournir un moyen d’acheter des billets de bus. Problème : le locutorio est fermé le dimanche matin. Il devrait ouvrir l’après-midi.

Pour nous changer les idées, nous prenons le repas : un buffet phénoménal, où nous goûtons de tout : trois salades en entrées, avec aussi avocats, melons, papayes… Comme plat : un peu de riz, des haricots noirs, des patates sous diverses formes, du poulet, plusieurs morceaux de porc, saucisses, et de fines lamelles de bœuf en sauce ! On a fini par sept desserts colombiens, tous délicieux mais dont je ne saurais nommer que le riz au lait. Le meilleur festin du voyage jusqu'à maintenant !

Puis une sieste où je ne dors pas, mais où Magali s’effondre. A son réveil, la neuvième surprise, très drôle, c’est qu’elle ne sait plus où elle est. Elle mettra une minute à remettre les pendules à l’heure ! Il nous faut toujours trouver un téléphone, mais le locutorio (lieu d’où l’on peut téléphoner à l’international) est toujours fermé. On se dit qu’on peut sans doute appeler de l’hôtel. La dixième surprise est mauvaise : cela coute 5 $US par minute d’appeler au Panama. Nous partons donc à travers la ville, à la recherche d’un locutorio ouvert. C’est le bon moment pour réaliser que nous sommes en Colombie, et que les gens sont extrêmement sympathiques. Cela nous fait un plaisir fou de les voir répondre avec le sourire, nous suggérer plein de possibilités, même si malheureusement elles ne fonctionnent pas. Il faut nous rendre à l’évidence : il n’y a pas de locutorio ouvert le dimanche à Cali.

Au retour à l’hôtel, la réceptionniste nous prend en pitié et appelle elle-même le service d'immigration de l’aéroport de Panama. Après deux minutes, elle me passe le téléphone. Nous avions préparé un petit speech, mais j’espérais avoir un interlocuteur qui parle anglais. Je dois expliquer la situation en espagnol. Mon interlocutrice n’a pas de solution, mais me passe son superviseur. Je réexplique en espagnol, et la responsable me dit qu’avec notre billet Mexico-Los Angeles (que nous utiliserons dans deux mois), il ne devrait pas y avoir de problème, et que s’il y en a, il suffit de rappeller. Magali et moi sautons de joie dans le hall de l’hôtel.

C’est le moment de profiter des lieux : piscine gigantesque, jacuzzi, bains turcs, sauna, nous profitons de tout !!! A 19h, nous rentrons dans notre chambre, au bout d’un couloir long comme un terrain de foot, et la onzième surprise est exécrable : Magali a la diarrhée. Elle a très mal au ventre et se vide d’autant plus abondemment que nous avions mangé comme des goinfres à midi. Elle ne mange que quelques bouchées de pizza, alors que pour ma part, je commande la plus grande taille, au "queso de buffalo", fromage de buffle, et tomates sechées : un délice tellement immense que je n’arriverai pas à finir (je n’ai laissé que de la croûte, mais c’est assez rare pour le mentionner). Jusqu'à près de minuit, Magali se tord de douleur et court aux toilettes toutes les demi-heures. C’est seulement après avoir en plus vomi qu’elle réussit enfin à s’endormir.

Réveillés à 4h30, nous partons avec le chauffeur à 5h et dès 5h30, nous sommes à l’aéroport. La file pour l’enregistrement est déjà immense. Magali, qui va déjà beaucoup mieux malgré une fatigue chronique, s’y installe pendant que je m’occupe des démarches. Je dois d’abord aller à un bureau (longue file d’attente) pour modifier les dates de nos tampons d’exemption de taxe, qui nous permettent de n’en payer que la moitié, soit quand même 2 x 30 $US. Ensuite, je dois m’occuper de me procurer les 1000 $US en liquide. Nous disposons déjà de fonds de secours bien cachés (on racontera notre equipement en détails à la fin du voyage) et je dois obtenir seulement 500 $US supplémentaires. Pour cela, je retire par trois fois des pesos colombiens, car les retraits sont plafonnés. Ensuite, je cherche la maison de change. En fait, personne n’est ouvert si tôt, mais je peux changer de l’argent à une petite caféteria.

La boutique est très drôle : des bonbons, des sandwiches, des bouteilles, la machine à café. Les clients défilent et prennent leur petit déjeuner. J’explique à la vendeuse que je dois changer de l’argent. Elle dit qu’il n’y a pas de problème, même pour 500 $US. Je réunis mes pesos colombiens et, pour la premiere fois de ma vie, je pose sur la table une liasse de billets en disant : "Il y a un million" ! J’aurai été millionnaire, au moins dix minutes de ma vie, et c’est la classe, même si ce sont des pesos colombiens ! Ensuite, il est très drôle de la voir fouiller à divers endroits de sa boutique pour sortir des billets en vrac. Des coupures de tout type, depuis le billet de 100$US jusqu'à des piles de quarters (les pièces de 25 cents) pour les quatre derniers dollars. Je ne suis pas sûr que j’aurais pu changer 10 $ de plus !

Je retrouve Magali, et après une très longue attente, nous obtenons, enfin !!!, nos cartes d’embarquement. Reste à payer la demi taxe d’aéroport, passer la douane pour sortir de Colombie, passer sous le portique qui contrôle les vêtements, et enfin arriver à la porte. Le
vol partira avec une heure et demie de retard ! Il est toutefois magnifique : nous franchissons un dernier contrefort andin, puis c’est l’océan Pacifique. Nous apercevons l’archipel de Las Perlas, puis déjà la cité panaméenne, et voilà l’atterrissage, après avoir survolé l’immense ville moderne.

Nous passons la douane sans qu’on nous demande de billets de sortie, ni d’argent liquide. Ca peut paraître frustrant, mais ça nous a fait plutôt plaisir, d’autant plus que la première chose que nous ayons faite au Panama, c’est d’utiliser nos 2 x 250 $US de bons d’achat pour des billets San José (Costa Rica) - Guatemala City, en business class, valant chacun 248,53 $US !!!

3 commentaires:

  1. si vous saviez comme je me marre en lisant toutes vos aventures!! Certes pas forcément drôle pour vous mais vous avez l'art de les raconter de manière à faire rire votre tata préférée!!

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  2. Coucou !!!

    On avait perdu l'adresse du blog ('me suis vautré en rangeant ma boite mail), on avait pris beaucoup de retard dans la lecture de votre périple :)

    Bref, là je suis en train de lire le mois de décembre :)

    J'en profite aussi pour vous souhaiter une bonne année

    A bientot et bonne route :)

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  3. Ben Didon, les Beaux Dessins de Belles Dilettantes et de Bonnes Dames ça fait des Bandes Dessinées avec un Beau Dessein !
    (ça, j'ai pas pu le mettre sur l'ôtre blog) ;-)

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