Quoi de plus penible en voyage que d'entrer sur le territoire etats-unien ? Nous avons quitte Mexico il y a quatre heures. Fini la langue espagnole que nous comprenons si bien a present, fini les vendeurs ambulants dans les bus, aux carrefours, le long des trottoirs. Dans le metro, l'un d'eux, baffles fixees dans son sac-a-dos pour faire ecouter au public, nous a vendu un disque de 160 tubes a la mode en mp3. On se rejouit de retrouver ces chansons sud-americaines qui nous ont accompagne dans notre periple latino. On se doute bien que l'Australie va nous depayser, mais l'avion est comme toujours un espace aculturel, et nous poursuivons tranquillement un soleil qui n'en finit pas de se coucher sur la Basse-Californie. On survole l'ile de Tiburon et ses voisines, puis on devine dans la penombre le delta du Colorado. L'arrivee de nuit au dessus de LA est un moment magique. Difficile de dire si la ville est plus etendue que Mexico, mais les quadrillages illumines sont comme une riviere de diamants plus poetique que les quartiers gris pollution de l'apres-midi mexicaine. On survole d'immenses malls, des casinos aux neons roses, et le trace incurve d'une autoroute jaune feux avants et rouge feux arrieres. A la descente, il ne fait pas si froid, je reste en short et sandales. Bref tout est comme dans un reve, jusqu'a la realite du passage de la douane. Ne vous inquietez pas, Magali et moi l'avions deja fait, et tout s'est tres bien passe, et puis c'est la meme chose pour revenir en Europe. Jusque qu'on se demande presque ce qui a change depuis Ellis Island : un hall immense et des centaines (milliers ?) de personnes dans des files comme du betail. Prises d'empreintes digitales : quatre doigts seulement pour Magali, mais dix pour moi, et photos. A quand les fichiers ADN ? Nous, on est juste ici pour changer d'avion ! Enfin, nous voila a l'aeroport de Los Angeles (LAX en abrege) pour a peine moins de 24h. Sans trop y reflechir, on s'imaginait dormir a l'aeroport et y passer la journee du lendemain, mais comme il semblait rude de coucher a meme le carrelage et d'etre reveilles des 5h du matin par l'activite, Magali a eu la bonne idee de dormir a l'hotel. On se renseigne, et voici qu'une hotesse d'accueil nous montre le super systeme mis en place par l'aeroport : 4 ecrans tactiles equipes de telehones. Au menu : lodging, rental car, restaurant, travel agency... On "touch" lodging, et voici une liste de 15 hotels. On peut choisir avec des photos, et il suffit d'appuyer sur un bouton pour etre en correspondance avec l'accueil de l'hotel. Sheraton et Hilon parraissent tres classes, mais nous opton sbudget oblige pour le "backpackers paradise", qui s'averera bien porter son nom. La navette de l'hotel passe nous prendre a l'aeroport vingt minutes apres, sous le signe rouge (il y en a un devant chaque terminal). Nous voila sur une 2 x 3 voies bordee de palmiers gigantesques. Grosses voitures, immenses hotels, Taco Bell, McDonald, Burger King, Subway : pas de doutes, nous sommes aux USA ! Le chauffeur, presque deux fois mon pere qui a deja un sacre tour de ventre, ecoute du rock sur l'autoraddio, a demi cache sous son bonnet.
Devant notre Backpackers Paradise, il y a une limousine et une Roll's Royce ! Truc de ouf ! Pour 45 $, on a un lit superpose dans un dortoir. C'est deux fois le prix d'une chambre privee au Mexique, et encore le patron nous a fait une fleur. Mais le service est parfait. On mange en face chez un chinois miteux : crevettes et poissons panes et ... des frites ! On s'etait dit : "cool, un chinois, ca va nous changer un petit plat avec du riz et des legumes !" Puis on passe au bar de l'hotel, profiter des quatre verres de champagne (un mousseux californien franchement delicieux) offerts par l'hotel. Puis dodo, on a quand meme deux heures de "jet-lag".
Apres dix heures de sommeil beni, on a dormi comme des bebes, je me leve pour faire une seance de karate a cote de la piscine. Bonne suee au soleil, je crache la pollution de Mexico, mais aprecie le souffle facile du niveau de la mer (la capitale mexicaine etait situee a 2400m d'altitude). Je monte chercher Magali qui s'etait rendormie, et nous nous baignons dans la piscine, a laquelle on peut seulement reprocher d'atre trop chauffee ! Petit dejeuner offert : des muffins au blueberry, cafe et the a volonte, le tout sur les chaises longues au bord de l'eau.
Et puis il suffit d'une journee pour se sentir aux USA. Sous le hall ombrage et limite froid malgre la chaleur musicale du juke-box, cinq personnes seules devant leur ordinateur. A cote, mais toujours a l'ombre : une table sociale : seulement un ordinateur pour 4, chacun son tour, pendant qu'un autre est plonge dans le Lonely Planet, les deux autres peuvent discuter. Les filles ont des peaux incroyablement lisses, visages et jambes, comme quoi avec suffisement de cremmes de soins et des maquillage, n'importe qui ressemble a une actrice de serie TV. Un black costaud le crane rase passe devant moi : peignoir noir, boucle d'oreille en or et cigarillo ! Une mama obese, tissu violet sur la tete, porte une robe a mi chemin entre une djellaba et un pyjama, cigarette main gauche, portable main droite. Sur la cinquantaine de personnes que nous verrons en terrasse, une seule parvient a n'utiliser ni ordinateur, ni telephone, ni cigarette. Comme quoi on est vraiment dans un pays riche, avec toutes ses horreurs. D'ailleurs, quand je pars au Burger King chercher le repas, je croise une femme habillee moulant d'un tissu beige peau coupe par une ceinture violette. Ses cuisses sont gonflees de graisse, et quand elle marche, sa cuisse avant s'etale sur sa cuisse arriere, telle une pate a pizza trop malaxee qui echapperait a son pizzaloio et s'ecraserait au sol. C'est ca, l'horrur d'un tour du monde : Ulysse avait son cyclope, j'ai frole la syncope !
Enfin chez Burger King, je nous prends deux Doble Whopper (c'est un burger avec deux steaks, ca parait barbare, mais sachez qu'il existe meme un Triple Whopper !). Derriere le comptoir, la petite crevette parle espagnol, comme un clin d'oeil avant de quitter no Ameriques. Et meme si les glacons du Fanta sont chlores, nous nous regalons une fois de plus, encore au bord de la piscine.
jeudi 8 avril 2010
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