jeudi 15 avril 2010

La terre est bleue comme une montagne

C'est au volant de notre petite Hyundai blanche que nous sortons de l'agence de location Europcar du quartier Kings Cross de Sydney. Conduite a gauche, je tourne a droite pour contourner le bloc de maison, mais deux interdiction de tourner a droite successives me contraignent a prendre certes la bonne voie, mais en sens inverse, ce qui nous fait immediatement sortir de la carte. Sydney n'est pas Paris, mais dificile de prendre des reperes chez ces zouaves anglo-saxons qui roulent du mauvais cote de la route, surtout que je n'ai pas conduit depuis six mois. Enfin bon an, mal an, on s'en sort, et nous voila sur la Highway, direction les Blue Mountains. Le parc national est splendide : la route suit la crete, ou plutot le plateau qui separe deux vallees profondes. Si les hauteurs sont construites et constituent un superbe lieu residentiel a 1h de route de Sydney, des les falaises et en dessous, la nature reprend ses droits. Depuis le point de vue, on croit voler en faisant du Tai Chi. A perte de vue la foret dans cette immense vallee evasee, et a notre gauche une magnifique cascade. Apres les grandes villes de Mexico et Sydney, les grands espaces nous font du bien. La vallee est si grande, qu'au fond la foret devient bleue, ce qui n'empeche pas de percevoir l'usure du temps : ici, on sent l'evolution geologique de la roche, d'autant mieux quand on sait qu'un certain Charles Darwin a visite la region au siecle dernier.

Premier camping sauvage, puis depart a la fraiche pour une premiere grande balade sous les falaises. Si la promenade se peuple aux abords des chutes d'eau, elle est tranquille la plupart du temps, et nous en profitons pour observer de pres des perruches bleues et rouges, et de loin des vols de dizaines de cacatoes blancs. Une fois n'est pas coutume, je me perds en suivant ce que je crois etre un sentier, mais se revele seulement le chemin suivi par l'eau lors de pluies torentielles. Du coup, on crapahute dans les roches pres de la riviere, et j'ai la chance de voir un splendide oiseau lyre. Encore deux heures de marche et nous voila aux pieds de la Wentworth Falls. Nous realisons, en comparant avec la photo de la veille, qu'il s'agit d'une autre cascade, et c'est en remontant la falaise que nous comprenons qu'il y a en fait deux cascades superposees. La vue est saisissante, depuis un veritable nid d'aigleaccessible grace aux escaliers metalliques discretement places a flanc de rocher. Et s'il faut certe se hisser a la force des bras pour grimper deux rochers (ce qui nous amuse beaucoup), le parc est parfaitement amenage. Cette qualite de l'organisation des parcs nationaux sera une constante en Australie, qui rappelle l'Ouest americain ou encore les chutes d'Iguazu, loin des conditions spartiates de Bolivie ou Guatemala. Les points de vue principaux sont accessibles en voiture, de courts chemins parcourables en fauteuil roulant, et de grandes balades sont tres bien balisees. On croise un copuple de francais qui font le tour du monde comme nous, presque le meme trajet ! Ils logent chez des amis a Sydney, l'homme porte un short Olympique Lyonnais. Peut-etre qu'on se reverra en Inde... Deuxieme nuit de camping sauvage, sur une crete ou nous nous reveillons dans la brume. L'ambiance est tres etrange, voire transsylvanienne. Les eucalyptus, qui constituent l'essentiel de la foret, ont un feuillage peu epais, principalement situe en hauteur. Ils font peu d'ombre, mais ont une silhouette caracteristique. D'ailleurs, la vegetation australienne est tres particulierre. Un biologiste decrirait mieux que moi les specificites locales, mais il faut dire que nous ne connaissons presque aucune plante, et nous nous emerveillons devant les textures, formes et couleurs nouvelles.
Au deuxieme matin, nous allons a Bleackheath, un petit village des Blue Mountains, ou nous devons rencontrer Andras Berkes, des editions Brandl et Schlesinger pour le blog pro de Magali. C'est un homme d'une soixantaine d'annees, chapeau visse sur la tete, qui nous ouvre la porte. The et gateaux au citron sur la table d'une cuisine bleue et jaune, donc "provencale". Il nous conte de sa voix rauque l'histoire de sa vie, de la Hongrie sovietique a l'edition australienne, et ses aller-retours biannuels entre Sydney et Budapest pour voir la famille. En fin de matinee, nous sommes rejoints par sa femme Veronika et nous allons manger au restaurant. Plats bios, vegetariens, delicieux qui nous changent des sandwiches et salades des derniers jours. Apres ce bon moment, nous allons nous balader derriere chez eux : belles falaises et petits cours d'eau, nous observons de pres de splendides cacatoes noirs, avant de croiser Veronika en fin de promenade. Elle nous propose de nous heberger pour la nuit, ce que nous acceptons comme des morts de faim. Leur maison est un veritable bijou. Immense et tres ancienne, elle date de 1884 ce qui est exceptionnel en Australie, elle a ete pendant 60 ans un Bed and Breakfast double d'un restaurant tenu par un chef francais, repute un temps le meilleur d'Australie. Les pieces sont magnifiques, garnies de cheminees, tableaux et evidement bibliotheques. Le jardin contient meme un vieux cours de tennis a l'abandon. Notre meilleure nuit de sommeil depuis une eternite, et puis quelle charmante rencontre : plus d'info bientot, sur le blog pro de Magali ! Petit pincement au coeur de les quitter, vite oublie par une balade vers une cascade perdue, ou nous nous baignons seuls et nus, en compagnie de jolies ecrevisses rouges. Puis la route dans une vallee perdue, ou nous nous promenons a la tombee de la nuit en esperant voir des ornithorynques. Peine pas totalement perdue, car nous decouvrons un beau dragon d'eau, et un oiseau lyre. Le soir au campement, nous pique-niquons en compagnie d'un oppossum qui cherche a nous voler le thon, pas farouche pour deux sous : il s'eloigne a peine de 3m quand je lui donne des coups de baton.
C'est le lendemain a l'aube que notre patience est recompensee : cela fait dix minutes que nous observons le plan d'eau, et a 30m de distance sur le plan d'eau, cette petite ligne argentee qui reflete la lumiere du ciel est un ornithorynque. Heureusement qu'on en a vu un a l'aquarium de Sydney. On sait que c'est l'animal le plus cool de la terre (avec l'hypocampe en forme d'algue ex-aequo) et qu'il remonte prendre de l'air et se gratter l'oreille avant de replonger pour fouiller de son bec le fond de l'eau. Ici, cela parait moins spectaculaire, mais en dix minutes de plus, el s'est approche a 5m a peine, et on le voit super bien : il se gratte l'oreille avec sa patte arriere, nous fait un clin d'oeil et repart. Il parait que c'est un symbole de chance de le voir. En tous cas, c'est trop cool !

3 commentaires:

  1. hihi désolé de mon yui c'était un essai!! Ordinateur formaté commentaire qui passent coool!

    En plus je fais des com trés en retard mais tampis il parait que mieu vaut tard que jamais!!!!
    Donc si je comprend rien je peux même aller en australie avec mon 4 roues personel?!!
    Et arrété de martyriser les animaux! vous aviez qu'à partager: tout pour lui rien pour vous!!! hihihi

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  2. Je vais moi aussi faire un commentaire tardif... en quelques mots: grands espaces, paix, sérénité, vert, bleu, magique, grandiose...

    quelle chance d'avoir vu ce paysage!

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