mercredi 21 avril 2010

Il pleut sur Ayers Rock

Un cafe et un muffin a l'orange avant de rouler pendant 12 heures, voila un dimanche de Paques qui nous mene de la proximite du Lake Torrens (une immense etendue de sel) jusqu'au roadhouse de Curtin Springs, 100km a peine avant le site d'Uluru, nom traditionnel designant le rocher celebre sur la planete sous l'appelation d'Ayers Rock. Un roadhouse, c'est ce qui sur la carte parait etre une ville, mais se revele etre une simple station service, doublee d'un camping et parfois triplee d'un motel. On prend nos douches : delassement et rafraichissement. Le soleil se couche, il fait encore plus de 30 degres. Les mouches sont insupportables, et comme la tenanciere nous dit qu'il y en a encore plus a Uluru, on lui achete des filets de protection : le soulagement est immediat. On fait encore 50km pour arriver au lieu designe sur certaines cartes comme "Sandy Dunes" : un espace au bord de la route ou s'agglutinent quelques 4x4 et une tente. On plante la notre difficilement, et on mange une salade en regardant les eclairs au loin. Ce n'est pas l'orage mais son ventre qui reveille Magali : elle va vomir, les restes de poulet ne passent pas. La pluie et le vent qui suivent nous poussent dans notre voiture ou l'on replit la tente en hate. Une fois de plus, l'eau lave, rafraichit et delasse.

Nous arrivons sur le site d'Uluru a 6h30 le matin. La penombre se leve, devoilant une roche rouge, immense, immense, immense. On trouve le parking en faisant le tour en voiture, puis on commence la promenade pour en faire le tour a pied : 10km de marche. Il a plu dans la nuit, l'hereb est humide et les ruisseaux sont pleins. Nous sommes juste trop loin pour revenir a la voiture quand la pluie tombe de nouveau : et dire que j'ai enleve de notre sac les kway que Magali y avait mis. On dejeune mal assis sous un abris de fortune, mais la pluie ne nous fait pas des miseres pendant longtemps. Elle se leve avec le soleil, et ils nous offrent un arc-en-ciel somptueux. Au pied, le tresor est evident : Uluru, le plus grand rocher du monde. C'est l'aurore et nous sommes seuls au monde sous notre arc-en-ciel : un moment magique !

Ce rocher qui fait 3km de diametre et 300m de haut est un lieu sacre pour les aborigenes. Pas de mystique la dedans, c'est simplement qu'il s'agit d'un des tres rares lieux a la ronde ou il a de l'eau en permanence. En effet, la pluie qui tombe sur le roc s'ecoule immediatement et constitue donc un "extonnoir" distribuant les flots tout autour, au pieds des vallees et cascades. Non seulement le spectacle de l'eau s'ecoulant sur le roc est somptueux, mais encore les points d'eaux qu'elles alimentent sont permanents. On peut donc y boire, et chasser les animaux qui viennent s'y abreuver. Pres d'une des mares, un grand rocher plat est perce d'un trou. Les aborigenes se cachent derriere, et decochaient les fleches par le trou. La tactique est simple, et ils tuaient systematiquement le dernier kangourou arrive sur les lieux, afin que les autres ne soient pas effrayes, et reviennent les jours suivants.

Plusieurs parties du sites sont sacrees encore de nos jours, et interdites d'acces et de photographie. Par contre, le chemin d'acces au sommet dechire le roc d'une cicatrice, alors que les aborigenes s'interdisent de grimper et ne peuvent, en depit d'une cogestion du parc, en interdire l'acces aux touristes. Pour autant, la promenade autour est magnifique : des alignements de bosses coupees de vallees, une partie en pente douce s'accentuant pres du sommet, une falaise striee de crevasses aux formes etranges ou l'on devine des visages, des ours, des herissons, un ampilement de cascades creusant des hemispheres en collier, une paroi verticale vertigineuse, et d'immenses vallees ou l'on regrette de ne pas avoir vu Uluru sous la neige, car on pourrait y faire de sacres descentes en luge, ce que je me suis promis de faire avant la fin des temps.

Le roc est rouge. Un regard de pres porte des nuances d'orange, vermillion, mauve, violet, suivant l'ombre et l'humidite. La texture est etrange, presque ecaillee, et il est stupefiant de constater que le roc est d'un seul tenant. De plus loin, il donne l'impression d'etre un asteroide demi enfoui, strie et raynure comme par rotation.

L'apres midi nous visitons le site de Kata Tjula, a 50km a l'Ouest. C'est comme une famille de petits Uluru : plusieurs grands rocs separes par des canyons. Le site est beau, spectaculaire, magnifie par le vert des plantes gorgees d'eau et l'on decouvre les sauterelles rouges (pour se camoufler sur le roc !) Pour autant, la magie prend moins, peut-etre parce que le site est sature de touristes, ou que la grande balade est fermee pour cause de hautes temperatures (36 degres quand meme). De loin par contre, c'est aussi fou qu'Ayers Rock !

Une petite heure avant le coucher du soleil, on se rend au point de vue consacre : c'est cauchemardesque. Il y a une centaine de touristes alignes, qui assis sur le toit du 4x4, qui dans les sieges pliables, avec les appareils photo montes sur pied, les bouteilles de biere... Incroyable ! Et qui plus est popur un point de vue assez decevant, situe juste entre le point de coucher du soleil et le roc de telle sorte qu'aucune ombre ne lui donne du relief. On s'enfuit, et on s'arrete au bord de la route pour prendre des photos...sous le meme angle que les cartes postales du site ! On est peinards, bien qu'un peu plus loin, pour voir le soleil enflemmer le roc, d'orange devenu violace, passant par vermillon et bordeau. Sur la route du retour, les nuages rougeoient au dessus de Kata Tjula, et nous ecoutons sur l'autoradio "Nuestro Adios", une chanson de rock mexicain. Avec ses hauts et ses bas, cette journee fut memorable !

Courte nuit de sommeil a Curtin Springs, et c'est pendant qu'elle preparait le petit-dej, j'etais sous la douche, que Magali fait une rencontre etrange. A l'abris des mouches dans la voiture, elle entend frapper a la vitre, et decouvre stupefaite un emeu qui gobe les vils insectes poses sur la vitre. Etrange face a face avec cette drole de tete de piaf chauve !

Au site de Kings Canyon, nous faisons une premiere promenade dans la gorde : tout plein de sauterelles de tailles et couleurs diverses, mais le site n'est pas si spectaculaire. La temperature et les inevitables mouches nous font hesiter a faire la grande randonnee autour du canyon. On ne regrette pas de nous etre un peu forces. Passe une montee difficile en plein cagnard, on surplombe le canyon, avant de se perdre dans un labyrinhte de rochers. On se croit sur la lune, entre ces plots quadrangulaires d'une demi douzaine de metres de hauteur. Points de vue vertigineux, plan d'eau entoure de falaises, gorge etroite et abritee d'arbres, avant d'arriver au plateau depuis lequel on domine les facades du canyon, embrase d'un rouge soleil couchant devant lequel on fait du Tai Chi. Une splendide balade que l'on finit a la nuit, apreciant la fraicheur relative, la chance de voir des wallabies et la pluie rose sur les plaines vertes d'un desert crepusculaire.

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