vendredi 9 avril 2010

Hallusydnés !

A l'arrivee a Sydney, nous nous sentons dephases, et ce n'est pas seulement une question de date et de decalage horaire. Ici, les gens roulent a gauche, des ibis et des cacatoes peuplent les innombrables et magnifiques jardins publics, la Reine d'Angleterre (jeune) apparait sur les billets de banque, et nous voici en automne --les platanes jaunissent deja. Je mets quelques jours avant de m'habituer a repondre "Thank you" et non plus "Muchas gracias".

Le dimanche matin ou nous arrivons, il n'y a que peu de monde dans les rues. Quelques fetards tardifs devant un hotel backpackers nous prennent pour des Canadiens, on ne saura jamais pourquoi. Au bout du quatrieme hotel de ce genre, nous nous rendons a l'evidence : il va falloir payer le triple du Mexique pour dormir dans un lit superpose dans un dortoir de six personnes. Les douches sont a l'exterieur, pas tres propres et non mixtes. D'ailleurs, comme il n'y a plus de places dans les rares dortoirs mixtes, je me retrouve au debut la seule fille dans une chambre de garçons qui sent les pieds. J'exagere a peine. Cela dit, c'est juste un probleme d'aeration, car nos colocataires sont sympas et bien propres sur eux. Il y a Martin le jeune Allemand, tout rouge a force de travailler dur dans les jardins, Alberto le Chilien au regard de braise, Charlotte et Max le petit couple rhenanien qui esperaient cueillir des fruits et faire du surf mais se retrouvent, pour cause d'inondations ravageuses, a envisager d'etre moniteurs de ski dans les froides montagnes --sans oublier les anonymes discrets dont nous devinons a peine la silhouette endormie la nuit en allant faire pipi, mais qui sont deja partis quand nous emergeons.

Car, une fois n'est pas coutume, nous nous levons tard, ayant du sommeil a rattraper. Les premiers jours, naivement, je pense que metter un reveil a 8 heures nous permettra de nous recaler sur un bon rythme, accorde au soleil. Decision qui nous vaut de faire des siestes monstrueuses, de midi a 16 heures, ce qui, cela dit, nous permet de cuire nos pates a la sauce tomate relativement tranquilles, dans l'immense cuisine de l'hotel qui, d'ordinaire, grouille de jeunes qui se la jouent cool.

Ca, c'est un truc qui nous frappe aussi, a Sydney. Non seulement les touristes, mais aussi les citadins, se donnent des airs faussement decontractes, du style working girl qui sort de chez le coiffeur. Mais precisons que tout le monde n'a pas les moyens d'etre cool comme eux.

Il faut de l'argent, pour toutes ces fringues a la mode, fussent ces mini shorts ras-la-fesse qui utilisent autant de tissu que la jambe droite de mon bermuda et sont, dixit Jeremie "plus courts que ceux des putes sudamericaines" ! Incroyable comme les gens de Sydney ressemblent au Blond conceptuel de Gad Elmaleh ! Apres Mexico, c'est frappant de voir comme ils sont en bonne sante, manucures jusqu'aux sourcils, epiles jusqu'au bout des ongles, lunettes de soleil Gucci et alimentation bio. Du coup, moi qui ai du poil plein les pattes, je n'ose plus porter autre chose que mon pantalon, malgre la chaleur (vous me direz, pour la sieste, ca ne change pas grand-chose). Meme la cathedrale St. Mary a un sol tellement propre qu'on pourrait soit manger par terre, soit verifier dans le reflet si notre mascara n'a pas coule.

Bon, mais comme dirait mon ami Paul, rendons a Cesar ce qui ne lui appartient plus :les Australiens sont super sympas. Souriants, toujours prets a aider, la petite blague au bout de la langue. Dommage que leur accent soit si atroce ! Mais a l'ecrit, ca va, et les panneaux du magnifique jardin botanique royal, qui invitent chaleureusement a siester et pique-niquer sur l'herbe, font bien plaisir a lire. Nous nous baladons sans nous lasser le long de la mer, devant l'opera dont les lignes feu-d'artifiesques m'emerveillent, sur le grand pont metallique qui rappelle a Jeremie sa Tour Eiffel bien-aimee. Nous n'avons pas les moyens d'aller ecouter la Traviatta, mais la ville est aussi belle que du Verdi, avec tous ses espaces verst, ses corniches plus que niçoises, et la mer, omnipresente.

On se regale au Musee de la Marine, qui retrace les diverses expeditions qui ont mene a la colonisation europeenne de l'ile-continent. Une exposition sur les chimeres et autres animaux fabuleux nous fait voyager dans le temps et l'espace --nous retrouvons meme Quetzalcoatl, le serpent a plumes azteque que nous avions rencontre a Mexico. Question bestioles bizarres, l'aquarium de Sydney nous en montre des bien reelles : des dugongs, sorte de dauphins a groin de cochon, un hippocampe en costume d'algue, et surtout, surtout, un ornithorynque, decrete par Jeremie "animal le plus cool de la Terre" --et c'est vrai qu'avec son large bec, ses pattes palmees, sa fourrure waterproof et son air de chien affaire, il est vraiment extra ! Nous decouvrons aussi l'art aborigene, avec ses couleurs terre, ses motifs souvent abstraits et ses references constantes a la vie sauvage de l'ile. Et puis nous profitons des plages superbes au coeur meme de la ville, avec leur sable blanc et leurs vagues a surf (desoles, Plage du Prado, mais tu ne fais pas le poids). A Bondi Beach, un soir apres la baignade, nous degustons une mignonette de tequila Don Julio offerte par Fabrice et Monica, en trinquant a leur sante et a la votre.

Et puis la veille de notre depart en voiture vers les grands espaces, nous passons l'apres-midi avec Caroline, la filleule anglaise de ma mere, accompagnee d'une de ses amies. Caroline vit depuis six mois a Mnaly, un quartier balneaire de Sydney, ou les plages sont doublees de piscines d'eau de mer en plein air. Elle enseigne le français et l'espagnol a des lyceens et ne semble pas regretter sa banlieue londonienne : "Ici, c'est comme l'Angleterre, avec le soleil en plus !" Welcome, donc !

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