lundi 26 juillet 2010

Calculer Calcutta

Il y a des jours, tout va tres vite. On se leve a 1h30 du matin, pour la finale de la coupe du monde. Avec les prolongations et l'excitation de la fin de partie (Viva Iniesta !), on ne se rendort pas vraiment entre la fin du match a 4h30 du matin et 5h15, l'heure du reveil. On dejeune d'un dragonfruit et quelques biscuits, et puis en route vers l'aeroport. Deux bus pour traverser la ville qui se leve qvec le soleil. Effervescence douce. Bangkok est une ville ou l'on aimerait se perdre, surtout a l'heure ou le soleil commence a l'illuminer. Pour l'aeroport, notre minibus file sur la voie de droite (conduite a gauche) de l'autoroute surelevee. On domine la ville, on se croit presque en train de voler.
Bientot, on vole pour de vrai, et on s'eleve au dessus de la cote thailandaise, puis les montagnes, et c'est le bord de mer du Myanmar, avant que notre avion se perde dans les nuages. Il se glisse dessous seulement a notre arrivee. On apercoit l'ocean Indien, puis un des derniers meandres d'un des bras du Gange, puis des maisons qui semblent etre des empilements de legos colores perdus dans un champ de palmiers. Mi ville, mi campagne a perte de vue. On sort de l'aeroport avec tout juste 600 roupies (10 euros) que nous avons changes a Bangkok contre nos derniers baths. Comme d'habitude, on aimerait prendre un bus pour le centre ville, mais ca a l'air complique, donc on opte pour un taxi jaune : une vieille Tata usee.
Le trajet durera presque deux heures et constitue notre premiere experience indienne. Magali et moi restons bouche bee devant le spectacle qui s'offre a nous. La vue, le bruit et parfois l'odeur sont a la limite du supportable. Il y a des gens partout, partout, partout :on pourrait croire qu'il s'agit d'un marche permanent etendu a toute la ville. Impossible de tracer un cercle de 3m de rayon sans avoir un homme, une femme ou un enfant dedans. Meme sur le bord de la voie rapide passant sur un pont, on trouve des meres avec leurs enfants ou des vieux poussant une cariole. A chaque passage pieton, une veritable maree humaine s'ecoule de part et d'autre de notre vehicule ou Magali et moi bouillons sous le soleil. Tout le long du trajet, devant, derriere ou a cote, les chauffeurs klaxonnent. Le bruit est incessant. C'est simple, a chaque fois qu'un conducteur a l'intention de doubler, il fait retentir le klaxon, sans faire dans la dentelle, en l'ecrasant de toutes ses forces. Et doubler d'autres vehicules, cela arrive souvent : rickshaw (alias tuk-tuk en Thailande : le tricycle couvert Piaggio a moteur), pousse-pousse (cariole a deux roues tiree a bras d'homme generalement pieds nus), chariots a quatre roues portant des fruits, ou des legumes, ou tout autre attirail invraisemblable, sans compter les vaches. N'oubliez pas que le chauffeur indien veut doubler tout vehicule avec moins de 10m d'avance sur lui. Ajoutez un zeste d'embouteillage et donc d'occasions de signaler au vehicule vous precedant qu'il peut avancer son pare-choc de 20cm et vous aurez une petite idee de l'ambiance sonore d'une rue typique de Calcutta. Evidement, les ordures sont jetees a meme la rue et accumulees par endroits dans des decharges a ciel ouvert ou broutent (et chient) les vaches et aui puent d'autant plus que la pluie a precede le soleil. En approchant du centre, la densite d'humains augmente encore. On voit des gens sur les toits, sur des carioles, assis sur le comptoir des boutiques, des dormeurs sur le sol, des gens qui se lavent accroupis dans le caniveau. Certains marchent, certains courent, certains pedalent, certains conduisent. Comme si un tsunami de pate d'humanite s'etait deverse sur la ville, et que les arteres en ecoulaient l'essentiel, une partie restant immanquablement aggregee au bords, a secher lentement.Peu avant notre arrivee, un impressionnant orage de mousson s'abat sur la ville. Il pleut comme vache qui pisse : par litres. On doit remonter les vitres de notre vehicule, et on transipre encore plus dans notre serre motorisee. On a l'impression que la ville se lave pour notre arrivee,cherchant a se faire moins sale, moins peuplee. Pourtant, il fait deja sec quand le taxi nous lache pres des hotels. On peine a se deplacer entre les flaques, les gens, les etales, les voitures. Nous n'avons pas bu depuis l'avion, et on meurt de soif. Le premier hotel est le bon, on ne veut pas batailler tout de suite. L'un des employes nous apporte une bouteille d'eau, et c'est un supplice de nous retenir d'y boire, car elle n'est pas scellee, et l'eau du robinet indien nous mettrait l'estomac sans dessus dessous. On sort, on trouve un distributeur, on trouve un restaurant, on retrouve nos esprits.L'apres-midi, on descend la grande rue Nehru, tout ebahis de son agitation incessante, et on achete un plan de la ville, et une carte d'Inde, qui vont nous aider a prevoir notre sejour. Le soir, on est trop heureux d'allumer la tele et de trouver Scrubs, puis Friends pour oublier la journee avant de s'endormir. Bienvenus en Inde !

4 commentaires:

  1. Bienvenue, oui !
    J'espère que vous avez repris vos esprits, rencontré des gens, et que le voyage se poursuit bien !
    J'attends la suite indienne avec impatience !!
    Aude

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  2. ... et buvez de l'eau normale ; le plastique, ça pollue à mort... et boire de l'eau normale, ça attire la sympathie des gens autour !

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  3. [Sachez qu'il y a deux robinets en Inde : l'un par lequel arrive l'eau pour se laver pour faire le ménage, et cuisiner (vu qu'on fait bouillir, pas de risques graves), et l'autre pour l'eau potable, traitée par la ville. C'est cette eau-là qu'on vous sert à boire. Ou alors, elle est traitée par filtre, ce qui revient au même, en mieux.

    J'ai découvert ça après avoir bu, chez moi, pendant une semaine, l'eau du mauvais robinet... Un ami indien a vu ce que je faisais et s'est mis à hurler ! :-) J'ai eu de la chance : il n'y avait rien de grave dans l'eau cette semaine-là...]

    Bon, et puis j'arrête là ! :-)

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  4. Tata est en france21 août 2010 à 13:52

    1. je ne suis pas jaune
    2. je ne suis pas vieille
    3. je ne suis pas en Inde
    conclusion: vous N'AVEZ PAS PRIS "une vieille Tata usee"
    Non mais!!

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