samedi 10 juillet 2010

Il faut que Chiang Mai et t'aille

Il est 7h du matin quand Nicolas et sa compagne Phanida viennent nous chercher a la gare routiere de Chiang Mai. Nouos venons de faire quasiment 24h de bus en deux trajets, et nous sommes contents d'etablir nos quartiers chez lui. Nicolas est un ami de mon pere. Quand il avait 20 ans, il a pris son velo et sa chienne Peneloppe, et a quitte la France, traverse la Turquie, l'Iran, le Pakistan, l'Inde, pour finalement s'etablir en Thailande avec une jeune et jolie chinoise, avoir des enfants et monter une usien de bijouterie. Trente ans plus tard, par un matin ou la chaleur ne nous ettouffe pas encore, il conduit la Mercedes en nous emmenant dejeuner. Il a le sourire radieux des thailandais, et nous parle du bouddhisme, de la conception de l'amitie differente en France et en Thailande, de la faculte des thailandais a se prendre en charge eux-meme (on aime beaucoup l'histoire des banquiers qui vendaient des legumes dans le coffre de leur Mercedes pendant la crise de 97).

A peine le temps de poser nos baggages que nous rencontrons Mady. C'est une amie qui a passe pres d'un mois chez Nicolas et qui va rentrer en France dans deux jours. Elle pourrait etre notre grand-mere, elle parle tout le temps, et c'est tant mieux parce qu'elle aussi est un personnage romanesque. Plus jeune, elle a ete la premiere femme occidentale a aller chez les Kelabits, une tribu de la jungle de Borneo, ou elle est devenue fille adoptive du chef Raja Maran, ce qui lui vaut le delicat sobriquet un brin moqueur de "princesse de Borneo". Amoureuse de l'Asie, elle raconte l'epoque ou les cambodgiens cueillaient les poissons dans les arbres : si, si, il etait courant que ceux-ci restent coinces dans les branches lors de la decrue du Mekong. Comme elle a ecrit des livres, Magali a voulu faire une interview pour son blog pro, mais pas moyen : la discussion part dans tous les sens, et puis un article, ce serait vraiment trop court : Mady est tout un poeme !
Nous, les petits jeunes, on loue un scooter et on emprunte des masques a Nicolas pour nous proteger de la pollution, et on va voir la zone artisanale. On decouvre tout le processus de fabrication des ombrelles. Il suffit de bambou, et d'une autre plante, le saa pour faire le papier, et puis il faut le bon coup de main pour chacune des etapes de fabrication. Le plus technique, c'est la decoupe des baleines : on est bluffes par cette femme qui avec un couteau et une perceuse manuelle transforme un bambou en une douzaine de baleines. D'une maniere generale, je suis impressionne par la position, et l'usage que ces femmes font de leur corps pour travailler : l'une tient le couteau avec le genou, l'autre une ficelle avec les orteils... On decouvre aussi el travail de la soire, des bijoux, et on achete quelques cadeaux.
Le lendemain, on monte au Doi Suthep, un temple qui domine la ville depuis la montagne. On a de la chance, c'est la fin de l'annee scolaire, et tous les etudiants de la ville, des milliers, montent la haut pour l'occasion. Ils sont a pied, nous en scooter, donc on arrive les premiers et on peut profiter des lieux tranquillement. A la redescente par contre, ce sera un bain de foule. Doi Suthep est l'un des premiers temples bouddhistes que l'on voit en Thailande. On est emerveilles. Des dragons servent de rembarde aux escaliers, d'autres de gouttieres le long des toits. Il y a des dorures et verreries de partout. A l'interieur, les fideles brulent de l'encens, des bougies, et prient en tenant des fleurs de lotus. Il y a aussi une serie de bouddhas dans des positions differents, un pour chaque jour de la semaine. Le mercredi etant le jour saint du bouddhisme, le bouddha de ce jour la est couche : station la plus proche du nirvana !
Encore 5km sur les lacets de la jolie route de montagne, et nous voila a la residence royale de Chiang Mai, celebre pour ses jardins magnifiques. La roseraie est fabuleuse, tres odorante. Les parterres de fleur sont somptueux. On decouvre aussi un tres intime jardin des fougeres. Il faut dire que sous ces latituds, il y a une bonne demi-douzaine de varietes differentes : certaines semblables aux notres, d'autres comme des arbres, ou bine des grandes palmes seules. D'autres encore adherent aux troncs des arbres. Dans un coin, un vivarium contient une grenouille enorme de 20cm. Plus loin, des bambous geants de 30m de haut, admirez avec Magali qui donne l'echelle ! Le lieu est un veritable jardin d'Eden, d'autant plus qu'en altitude et sans soleil, on est trop heureux d'avoir (presque) froid !
De retour a Chiang Mai, on passe visiter un temple. On le fera presque a chaque fois qu'on passe dans le centre ville : visiter un temple au hasard. La ville en compte environ 400. Nicolas appelle cela le "bouddhisme kitsch", expression bien trouvee. Il y a une multitude de bouddhas d'or, des toits elances, des pagodes decorees de toutes le couleurs, d'autres soutenues par des elephants. Des centaines de dragons gardent les lieux, sans compter les sculptures de personnages etranges mi-homme, mi-oiseau. C'est splendide au debut, et puis on s'habitue.
Un temple qui detone, c'est le temple blanc de Chiang Rai. Nicolas nous y emmene dimanche : sortie familiale avec Niki, son fils de 4 ans, Phanida et la nounou. La route est longue, mais belle, et surtout le jeu en vaut la chandelle. Ce temple blanc est un lieu extraordinaire. Il est en cours de construction, dessine et finance par un artiste thai dont j'ai evidemment oublie le nom (Nicolas m'informe que c'est Chalermchai Kositpipat !) Il a trouve un style tout a fait particulier, et utilise de la peinture blanche et des petits morceaux de miroir pour faire briller les lieux. Le batiment est entoure d'eau, ou nagent des poissons noirs et des poissons blancs. Apres un parterre de mains tendues vers le ciel, on passe un pont garde par deux combattants a corps de dragon pour acceder au temple proprement dit. Depuis la passerelle, on domine des sculptures de creatures extraordinaires : tortues ailees, elephants volants, dragons... Une fois a l'interieur, on fait face a un moine en meditation et a trois bouddhas. Derriere eux, un mur peint de bouddhas sur des nuages. La fresque de droite n'est pas encore peinte, mais a gauche, on voit des gens sur des nuages se dirigeant vers les bouddhas. On se retourne, et on decouvre qu'ils proviennent d'un immense diable peint sur le mur du fond. Dans les pupilles de ce demon au visage long de 5m brillent les portraits de Ben Laden et George Bush. Sortent de sa bouche des tentacules qui se transforment en monstres et cites. Il y a meme les tours du World Trade Center et plein de superheros (Superman, Batman, Spiderman...) Un peu louffoque, mais on croit comprendre que c'est vers bouddha que s'apaisera la grande lutte du bien contre le mal. Le lieu parfait pour laisser passer l'orage ! On prevoit de revenir dans quelques annees pour voir l'avancee des travaux.
Le jour suivant, on decide d'aller au bureau de l'immigration de Chiang Mai pour faire prolonmger nos visas. Les voyageurs entrant en Thailande par avion beneficient systematiquement de 30 jours, mais etant arrives par voie de terre, nous disposons seulement de deux semaines. Sur place, on decouvre que l'on ne peut prolonger que d'une semaine (insuffisant) et que cela coute 1900 baths (environ 50 euros) par personne. La combine, c'est de passer la frontiere birmane a Mae Sai. Rebelote sur la meme route que la veille. On aura la chance d'apercevoir le temple blanc depuis le bus, maigre consolation pour 4h de trajet. La ville frontiere a au moins le merite d'etre jolie, peut etre parce qu'on arrive dans le belle lumiere du soir. Il parait que le marche cote birman est tres sympa, mais comme il reste a peine une heure avant que la frontiere ferme pour la nuit, on ne fait pas de chichis, et on se contente de sortir de Thailande, traverser le pont, faire tamponner nos passeports avec les cachets birmans, moyennant 500 baths (environ 13 euros) chacun, puis de rentrer en Thailande tout sourire par voie de terre. Notre "nouveau" visa est valide 15 jours, c'est a dire jusqu'au 12 juillet. Ideal, car notre avion part le 11. Il est trop tard, plus de bus pour Chiang Mai. C'est donc dans un hotel a Chiang Rai que je me leve la nuit pour voir le shollandais eliminer un Bresil en mal d'inventivite. J'aime la coupe du monde, mais les matchs entre 1h30 et 3h du matin, c'est pas genial. Leves a 5h30, on dort dans le bus et on arrive a 10h. Juste le temps de croiser Nicolas et a 13h, son ami Guy vient nous chercher pour aller a Pai, petite ville de montagne.

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