samedi 10 juillet 2010

My name is Bond : Djamessebonde !

Matin de depart, nous quittons les iles Perhentiennes. A cote du ponton, un bateau de pecheur git, a moitie rempli de mer, comme eclope apres la tempete de la nuit. La pluie nocturne a vide le ciel de son eau, et la lumiere du soleil, maintenant, en parait presque bleue. Nous ne parlons pas, la melancolie de quitter les iles et les amis nous berce en meme temps que le bateau qui nous ramene sur le continent.

Nous marchons d'abord jusqu'a la poste, deroutes de ressentir un depaysement autre que celui des iles, qui n'etaient finalement pas tres malaisiennes, hormis quelques locaux en week-end, dont les femmes se baignent voilees et tout habillees. Apres avoir timbre nos cartes postales, nous prenons un bus, puis un deuxieme, qui doit nous deposer a la frontiere thailandaise. Ensommeilles, nous nous endormons profondement au fond du bus. Au bout d'un moment, je me reveille en sursaut avec une impression bizarre, presque desagreable. Comme si quelque chose ne tournait pas rond. Le temps de cligner des yeux pour les reajuster a leurs orbites, et je realise que le bus est a l'arret, et qu'une dizaine de regards interrogateurs sont poses sur nous. "Thai border?", je fais au chauffeur, qui acquiesce. J'extirpe Jeremie de ses reves et nous descendons d'un pas maladroit, riant avec les passagers du bus.

Nous passons la frontiere, c'est-a-dire le pont, comme des fleurs (meme si je doute qu'une fleur ait jamais eu a passer une frontiere) et nous voici en Thailande. Pour changer nos derniers ringits malaisiens en baths thailandais, on nous indique un entrepot poussiereux, plonge dans la penombre. Un vieux Chinois, surveille de pres par son dragon d'epouse, opere la transaction a un bon taux. Nous voila pares pour reprendre un nouveau bus. A peine la Malaisie quittee, l'ambiance change. Meme si le Sud de la Thailande est a majorite musulmane, on voit beaucoup moins de femmes voilees, et le short reapparait. L'ecriture, ici, n'utilise pas l'alphabet latin, mais une sorte de vermicel totalement illisible pour nous, d'autant que les mots ne sont pas dissocies les uns des autres, et que la ponctuation n'existe pas ! Heureusement, les chiffres sont les memes que chez nous, ce qui sert au moins a lire les prix ; quant aux dates, il faut faire attention, les Thailandais utilisent volontiers le calendrier bouddhiste (religion officielle dans le pays), qui nous situe en 2554 !

Autre changement marquant : le roi est partout. Pas en personne bien sur, mis il figure sur les pieces et billets de banque, sa photo est accrochee dans la moindre echoppe et, au-dessus des routes, des portiques dores (qui souhaitent souvent "Bon voyage" en francais) encadrent son portrait ou celui de son epouse. Il a plus de 80 ans et un joli strabisme divergeant, mais eprsonne n'en parle, car le respect pour la famille royale est sacre. Le monarque renvoie l'image d'une personne cultivee, qui aime les jardins, fait de la photographie et compose des airs de blues. Pourtant, la rumeur chuchote qu'il aurait fait assassiner son frere, mort dans des circonstances mysterieuses au moment de son accession au trone... Alors, despote ou souverain eclaire ? Difficile de savoir.

Bref. Quant a nous, nous poursuivons notre route vers le nord sans encombre, malgre les nombreux barrages militaires qui nous arretent parfois. Il faut dire que la region a des velleites separatistes, qui ont ete exprimees par des attentats a la bombe il y a 4 ou 5 ans... Nous arrivons a Hat Yai juste a temps pour prendre une chambre d'hotel et allumer la tele pour le premier match de la soiree. Cette nuit, le reveil sonnera a 1h30 et nos yeux endormis verront la defaite honteuse des Bleus face aux Mexicains. On aurait mieux fait de dormir !

Heureusement, nous rattrapons notre retard de sommeil le lendemain, dans un enieme bus qui, cette fois, nous amene a Phang Nga, sur la cote ouest. Apres une soiree tranquille et une nuit entrecoupee de foot, nous nous reveillons tot, pour partir visiter la baie. Deux Allemands nous accompagnent, sympas, mais lui a plus souvent le nez derriere son appareil-photo que dans la bonne brise marine ! Notre guide ne parle pas anglais, alors on se contentera qu'il manoeuvre la barque a moteur, dont la proue est ornee de tissus colores en signe de bonne fortune. La balade commence entre des mangroves dont la maree basse decouvre largement les racines anguleuses. On apercoit quelques oiseaux, mais les petarades du moteur ne facilitent pas l'observation animaliere. De toute facon, nous sommes venus ici pour les paysages. La baie de Phang Nga est ponctuee d'enormes rochers couverts de vegetation, comme des bouts de falaises abruptes tombes de nulle part. L'un ressemble a un ballon de foot (Coupe du Monde oblige !), l'autre a une tortue, un autre encore a un chien couche. Passer entre ces iles completement sauvages est un moment magique. Le bateau se glisse sous une grotte, longe une plage ou courent des singes mangeurs de crabes, passe sous une voute ornee de peintures prehistoriques magnifiques. Le guide nous depose sur une plage minuscule ou une echelle donne acces a une grotte. Le calme n'est rompu que par les voix d'une poignee de visiteurs et les sifflements agacants des moustiques. Quand on eclaire les parois, elles scintillent. Au plafond, deux chauve-souris essaient de dormir. Un tres beau moment. On regrette juste de remarquer quelques colonnes et stalactites brisees par les passages quotidiens.


Apres le pique-nique et la baignade express dans une eau troublee par la saison des pluies, le bateau nous emmene vers le clou de la visite : la James Bond (prononcez Djamessebonde) Island. Car l'agent 007 est bien passe par la dans les annees 1970, a la poursuite de l'homme aux pistolets d'or ! L'ile sur laquelle on accoste a ete amenagee avec des escaliers contournant l'enorme rocher qui la surplombe. L'endroit est joli, quoique gate par la presence d'un "marche" (alias Merdouilleland), mais l'on y vient surtout pour prendre LA photo culte : un ilot de quelques dizaines de metres de haut, qui ressemble a un oeuf que l'on aurait pose en equilibre sur la mer, tete en bas. Spectacle immobile fascinant ! Du coup, Jeremie et moi sommes presque impatients de retrouver un lecteur DVD pour voir ce bon vieux Djamesse en action sur les lieux. Mais nous ne nous plaignons pas, notre vie en ce moment est tout aussi passionnante que celle de 007, et bien moins dangereuse !



L'excursion se termine sur une note un peu moins joyeuse, la visite d'un village de pecheurs sur pilotis. Ses habitants, souvent surnommes "nomades de la mer", decorent leurs rues en planches de plantes et cages a oiseaux siffleurs. Leurs poulaillers sont construits au-dessus de l'eau eux aussi, ce qui peut etre fatal aux poussins turbulents. On croise un chat qui a attrape un lezard, des enfants sur leur petit velo, des femmes ouvrant au couteau des dizaines de moules, des hommes reparant un plancher, des adolescents en train d'apprendre le Coran derriere la mosquee. Jusque-la, tout semble romantique a souhait. En fait, nous sommes tres mal a l'aise de voir a quel point les passages quotidiens de touristes rendent les regards fuyants et peu amicaux. A l'entree du village, des boutiques vendent des souvenirs, mais ensuite, on a l'impression de s'immiscer dans la vie intime des gens, d'autant que les rues sont tres etroites. Nous faisons rapidement demi-tour pour rejoindre l'embarcadere. Finalement, ca aura ete le seul gros bemol de la journee. Demain, nous aurons 24 heures de bus jusqu'a Chiang Mai, tout au nord du pays, pour repenser a cette baie extraordinaire.

1 commentaire:

  1. t'as pas honte mais non tat' a honte!12 juillet 2010 à 22:44

    Beuuuuuuh, je m'escussssssssssssssssssssse, pas été trés ngentille dans mes post avants, je suis désolée :(
    Sinon bizarrement moi qui rêve d'aller en Asie vos récits me font bien moins envie que les autres endroits que vous nous avez déjà conté.
    Ca n'enlève rien au bonheur de vous lire et à mes petits soupirs de béatitudes devent mon écran bien plat mais pleins de rêves quand même!

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